Guillaume Pépy, le président de la SNCF, a été invité hier, 6 mai 2009, sur le terrain par Alain Rousset, Président du Conseil Régional d'Aquitaine et résident secondaire de la vallée d'Aspe, pour discuter de la réouverture de la ligne ferroviaire
Tout un symbole. Guillaume Pépy, le président de la SNCF, s'est rendu hier en vallée d'Aspe pour faire quelque pas sur le viaduc ferroviaire d'Escot. Il répondait ainsi à l'invitation d'Alain Rousset, le président du Conseil régional, bien décidé à voir la liaison ferroviaire Pau-Oloron-Canfranc-Saragosse être rouverte un jour dans sa totalité.
L'élu aquitain ne cesse en effet de le rappeler depuis des années. "Il suffit de regarder une carte de France pour comprendre que la liaison la plus directe existant entre Bordeaux et Saragosse passe par Canfranc."
Du fret et des voyageurs
Un axe intéressant à plus d'un titre, souligne-t-il. D'abord parce qu'il permettrait de développer le trafic des voyageurs et des marchandises entre le sud-ouest de la France et une région espagnole où l'on dénombre 20 millions d'habitants. Ensuite, parce que le rail "est un élément de sécurité" par rapport à la noria de camions qui circulent en vallée d'Aspe. Trafic qui a déjà été marqué par huit accidents.
Enfin parce qu'une telle liaison ne peut que renforcer l'attrait touristique des Pyrénées en général, et de la vallée d'Aspe en particulier. Alain Rousset ne se résignant pas, au passage, à voir les ronces envahir une ligne ferroviaire ouverte en 1928, fermée en 1970, et qui devrait, selon lui, être inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco.
Tout cela a été rappelé hier par l'intéressé. Il en a été de même pour les efforts financiers déployés par le Conseil régional d'Aquitaine afin de redonner vie à cette ligne, qui s'arrête pour le moment à Oloron, et poussera jusqu'à Bedous fin 2010 ou début 2011.
La majorité de ses élus estime qu'une réouverture totale serait un bon moyen de "tester l'intérêt d'un grand tunnel ferroviaire sous les Pyrénées". En clair, de faire passer par le Béarn cette fameuse traversée centrale permettant de desservir la plateforme logistique de Saragosse, "qui est la plus étendue du continent européen".
"Courageux" mais prudent
Ces arguments ont été entendus par Guillaume Pépy, dont la venue "courageuse" a été saluée par Alain Rousset. Ce qui n'a pas empêché le président de la SNCF de faire preuve d'une certaine prudence, en rappelant que "la SNCF, ce n'est pas l'état". Et qu'un groupe de travail, dont il faudra attendre les conclusions, a été constitué sur ce dossier entre la France et l'Espagne. Même si, reconnaît-il, "les choses avancent".
Autre réserve: "C'est Réseau ferré de France qui est propriétaire de la ligne. Et c'est lui qui discute avec les élus et l'état des travaux à engager". Cela étant, assure Guillaume Pépy, comme on se trouve ici sur un réseau national, il reviendra à la SNCF de l'exploiter. "Je m'engagerai personnellement à le faire, comme cela a été fait sur d'autres lignes".
L'exemple du "train jaune", vieux de 100 ans et rénové en Languedoc-Roussillon, a été évoqué. "Comme dans les autres vallées de montagne, il y a ici un potentiel intéressant dans un trafic de service public, notamment sur le plan touristique", ajoute-t-il. Sans évacuer pour autant la question du fret ferroviaire: "Nous croyons aux traversées des Pyrénées. Une réouverture de la ligne peut y contribuer".
Même si, s'empresse-t-il d'ajouter, elle ne pourra pas absorber la totalité du fret circulant entre la France et l'Espagne. "Il faut d'autres projets. Le ferroutage appellera des solutions beaucoup plus ambitieuses." La prudence, toujours.
Source: Sud-Ouest du 7 mai 2009
Une fois qu'une liaison ferroviaire pour les voyageurs aura été rétablie jusqu'à Bedous, il restera à rouvrir la ligne entre Bedous et Canfranc sur 27 kilomètres. C'est le combat auquel vont s'atteler les maires de plusieurs villes françaises et espagnoles, a annoncé hier Martine Lignières-Cassou, la députée-maire de Pau.
"On voit depuis des années le président du Conseil régional se battre pour la réouverture de la ligne Pau-Canfranc. Il est temps de soutenir cet effort. Un réseau de villes va être créé pour faire du lobbying. Les maires de Saragosse, Jaca, Huesca, Tarbes et Lourdes sont d'accord."
Auteur: Jean-Jacques Nicomette
Source: Sud-Ouest du 7 mai 2009