Depuis l'antiquité et les romains, Dorrès est le lieu où on se retrouve pour un bain chaud naturel comem dans de nombreuses
autres stations des Pyrénées-Orientales.
Mais voilà, lorsque le lieu devient trop populaire, la technocratie et le rouleau compresseur de l'administration et son armée de technocrates incultes commencent à poser problème.
Les habitants de la Cerdagne connaissaient la source sulfureuse chaude (41°C) en plein air de Dorres avant la venue des Romains, elle fait maintenant la joie des randonneurs devenus baigneurs, non loin de Font-Romeu, dans un bassin cerné de neige. Dans l'eau jusqu'au menton, tous les baigneurs sont convaincus des vertus de l'eau de Dorres. Son odeur caractéristique dénonce son caractère sulfureux, bon pour les affections de peau, bénéfique contre les problèmes articulaires ou respiratoires. Joseph, le "doyen", y vient tous les jours depuis bien avant sa retraite. Il figure d'ailleurs sur toutes les photos des sources, "presque depuis le temps des Romains", plaisante Josée, autre habituée, gouvernante dans un centre de formation professionnelle voisin, la soixantaine vaillante. "J'y ai fait toute seule ma rééducation après une opération du ménisque et mon genou fonctionne parfaitement (...) mais pour cela il faut y venir deux ou trois fois par semaine (...) c'est pas Lourdes quand-même", explique-t-elle. Pour Victor Marty, le maire du village cerdan, "on ne peut qualifier la source de thermale, car la législation est très précise et restrictive, mais l'eau de Dorres est chargée d'éléments minéraux entraînés depuis les profondeurs de la Terre". L'analyse de l'eau en révèle 22, de l'hydrogène sulfureux au scandium en passant par le chlore, le fer, le magnésium, le zinc, voire l'antimoine... "La présence de sites préhistoriques alentour laisse penser que le site était connu dès la nuit des temps, bien avant les Romains, même si on a découvert des vestiges de thermes qui leur sont attribués", explique Victor Marty.
Connus de tous les Cerdans alentour, les bains de Dorres originels avec deux baignoires en granit et une mini-piscine étaient devenus l'étape obligatoire à la
sortie des boîtes de nuit. On y venait pour un bain régénérant, ou pour y faire fondre quelques résistances, expliquent les habitants du village. "Les mamans des
jeunes filles les trouvaient véritablement sulfureux", plaisante une baigneuse, derrière une bouffée de vapeur qui s'envole dans l'atmosphère cristalline. C'est pour cela que la municipalité a entouré la prairie de grillages
et aménagé une "piscine" en V, profonde de 40 centimètres, face au plateau de Cerdagne, à l'enclave espagnole de Llivia et au Puigmal enneigé. L'eau y est à 37° C, un peu moins chaude que dans
la petite piscine traditionnelle, afin d'éviter des chocs thermiques trop violents peut-être nocifs, notamment dans le cas de faiblesses cardiaques. "L'aménagement doit s'améliorer, car le succès
de la source ne se dément pas et nous accueillons chaque année quelque 55.000 personnes", explique le maire de Dorres. "Mais l'administration nous réclame les même normes que pour une piscine
urbaine, alors que l'eau est ici toujours renouvelée. Selon les fonctionnaires de la DDASS, il faudrait ajouter du chlore à l'eau surgie de la montagne, mais cela forme un précipité blanc,
ce seraient les bains de Cléopâtre..." "Sans doute devrons nous former un panel médical indiscutable pour prouver que dans cette eau, les chances sont nulles de contracter la moindre maladie de
peau, même sans chlore ajouté", souligne-t-il. S'il est vrai que l'investissement d'aménagement peut paraître lourd à une commune de 219 habitants, les 3,70 euros de chaque entrée animent les
finances municipales.
Source: AFP