Mardi 19 février 2002 (tard le soir par e-mail)
Bonjour à tous,
Journée de feu et de vent. Après un toujours superbe accueil de Madeleine et Jean Viguier au refuge CAF des Bouillouses, nous voilà tous requinqués pour une superbe étape à l'ambiance nordique: Bouillouses - Hospitalet par la vallée de la Grave, l'étang du Lanoux et la vallée des Bésines. Tout au long du lac, frappés par le vent et la neige, écoutilles fermés, nous skions dans une sorte de cocon sonore où le moindre son parait s'envoler, se perdre. Alors les paroles se font rares, et nous nous plongons dans le rythme des skis de celui que nous suivons et de nos pensées. Un air d'Antarctique (bien que je n'y sois jamais allé, je dois le rêver ainsi). Puis cette vallée de la Grave, longue, plate, belle, imaculée. Encore une fois nous sommes complètement seuls. Pas une trace, pas un animal. Que le vent, la neige et le roc. Et nous. La porteille de la Grave nous découvre la vue sur des endroits connus et pourtant redécouverts aujourd'hui: l'étang du Lanoux gardés par ses pics alentours: le Carlit, le Coume d'Or, le Pedros. Que de neige. Partout que de neige. Et dans cette ambiance féérique du Grand Blanc Sauvage, nous remontons vers le fond du Lanoux puis la coume d'Agnel où nous basculons sur la vallée des Bésines. Terre inconnue pour moi et Fabien Viguier. Nous quittons les plateaux et forêts et lacs des Pyrénées-Orientales, nos montagnes familières, pour plonger dans celles ariègoises. Et déjà les reliefs se font plus vifs. Les vallées se creusent. Et les regards se lèvent. Et toujours cette impression de no man's land que je n'avais jamais ressentie. Premier jour de beau temps après la tempête, nous sommes seuls. Il y a de la neige. Beaucoup de neige dans les versants exposés et sous le vent. Les pentes Nord nous semblent les plus dangeureuses avec souvent des plaques de neige fraiche tassée, sur des gobelets de l'ancienne neige. Tranquillement, sur le lac des Bésines, saucisson et fromage nous font oublier les 2 barres de céréales quotidiennes du Canigou. Le temps est à l'émerveillement, aux plaisanteries, à la joie de vivre cette Aventure. De vivre tout court. Au coeur de cette montagne si belle. Quand il fait un temps aussi magnifique! Le chemin pour arriver directement à l'Hospitalet n'est pas évident. Même interdit nous fait remarquer le responsable du gîte "l'Hospitalité". Départs d'avalanches très fréquents. Et nous suivons avec précautions le GR qui part un chemin souvent à flanc de montagne nous découvre la randonnée du lendemain (Hospitalet - Soldeu en Andorre et qui promet encore d'autres découvertes) et nous mène au gîte d'étape qui est l'étape obligatoire de celui qui veut être accueilli chaleureusement par des sourires, toutes sortes d'attentions, voir s'offrir une nourriture autant très bonne que reconstituante, et dormir d'un sommeil de bienheureux en pensant à l'étape qui vous attend, ou à d'autres choses toutes aussi belles...
A bientot
Nicolas, Mickael et Fabien