Lundi 18 février 2002
Bonjour é tous,
Partis de Port-Vendres (en voiture) sous la pluie. Le Canigou est déjà là. Entre deux éclaircies de ce Jeudi, nous voilà un peu groguis par le sac décidément lourd (18kg avec la
nourriture de 4 jours, plus de 20 kilos avec les sacs sur le dos), et les superbes couleurs d'un après mauvais temps quand la neige fraîche de la nuit brille au soleil. Montée à
partir de Fillols (barrière à 950m aprés le camping des Airelles, actuellement on peut y descendre à ski), ski sur le sac par le trés beau chemin forestier qui mène au Col des
Voltes (1838m). Belle montée, belle suée. Il fait beau. Puis c'est les skis au pied, dans une poudreuse scandinave, que nous remontons vers le petit refuge de la Jasse des
Cortalets (1.970m). Un superbe refuge ouvert se trouve juste au-dessus (à côté du chalet des Cortalets, 2.150m). Mais ici on est bien.
Aller chercher des branches pour le feu, faire chauffer de l'eau pour le thé, faire sécher les affaires. Les habitudes s'installent. Et rejoints par Michel Soubielle et son copain Jean Le Breton, nous prenons un premier repas devant un feu de pins du Canigou. La soupe a ici un goût de plus. Le lendemain, il neige un peu. A 8h00 nous partons vers la crète Nord du Canigou. Et alors que le soleil fait de timides apparitions, nous apercevons là, tout proche, la mer où nous étions hier. La photo prise, nous repartons et bientét le soleil nous quitte.
La neige et le vent nous accompagnent maintenant. En traversée, en remontant à pied un couloir de neige, puis enfin sur le fil de l'arête nous arrivons aux Tables et à la Croix du Canigou. Michel et Jean nous quittent pour se faire un petit plaisir dans les Conques, versant Nord-ouest. Nous c'est la descente dans la cheminée, de l'autre côté, en désescalade dans les rochers qui nous attend. Le temps se dégrade tout à fait. Nous n'irons pas au refuge de Pla Guillem aujourd'hui. Nous optons pour essayer de rejoindre le refuge de Marialles en descendant à skis dans une poudreuse superbe (mais ce sacré sac est toujours un peu lourd!). L'itinéraire d'été: impossible de le suivre. Nous nous perdons plus ou moins. On ira dormir au refuge Arago, que nous venions de quitter une demi-heure plus tét. Remontée dans nos traces à moitié ensevelie. Le vent est tombé. La neige ne fait que ça. Le paysage est beau mais l'abri du refuge n'a pas son pareil: une cheminée, du bois, juste un peu de place par terre pour nous 2. Le paradis.
A moitié réveillé (sacré souris qui a voulu tenir compagnie à nos provisions...), nous repartons vers les crètes que nous devions atteindre hier. La météo nous avait annoncé du beau temps aujourd'hui. Les rares rayons de soleil, se doit étre le du beau temps. Aprés une remontée dans un couloir plein de neige et assez avalancheux, nous voici sur ces crètes que nous devinons à travers le brouillard. Faut pas les quitter, Mickael me dit. Boussole, carte, GPS sorties. Et dix minutes après on est perdu. Enfin quasi. Traversée, remontée, retour, tâtonnements. Ici, non là. La crète est retrouvée.
Repartie. L'ambiance elle est garantie. Mais joue avec nos nerfs. Enfin le soleil ayant quelque peu pitié de nous se montre et là un cairn puis un autre. Les skis au pied. Enfin quelques virages. Le refuge on le devine presque, le toit se profile là derrière une arête de neige, près du chorten catalan, au bout de ce Pla. En-bas ce n'est que brouillards. En haut nuages. Entre deux guidés par le chorten, nous arrivons dans ce refuge immense du Pla Guillem. La joie toujours de savoir que nous dormirons sous un toit ce soir. Les crètes se découvrent pour un soir, la vue est belle sur la mer de nuages. Après notre journée non prévue, nous comptons nos provisions. Ce soir ce sera soupe, pâtes à l'huile d'olive (un bonheur cette huile), et un carré de chocolat en dessert. Un festin. Demain un peu de céréales dans du thé le matin et deux barres pour la journée. Voilà de quoi nous motiver pour arriver au plus vite au refuge.
Mais la nuit le vent redouble et le lendemain tout n'est plus que brouillard. Nous partons à la boussole au sud pour rejoindre la crète.
Incroyable d'évoluer dans un univers tout blanc. Quand on ferme les yeux c'est tout noir. Là c'est tout blanc! 20 minutes plus tard, n'y voyant toujours rien, on décide de rebrousser chemin au refuge. On y attend une heure à se chanter des sornettes et autres comptines, à faire une ou deux séances de stretching. Pour ne pas se refroidir. Le vent se léve.
Maintenant c'est la tempête. Une heure après on décide de redescendre. Difficile de se dire que déjà on renonce à deux étapes (soit disant superbe pour la vue) de crètes: Pla Guillem-Ull de Ter et Ull de Ter-vallée d'Eyne. Mais le calcul est vite fait: il est 10h. Il fait toujours mauvais. Nous ne pouvons pas nous permettre de se perdre, de dormir dehors, de rajouter une journée car déjà les provisions (prévues pour 4 jours) se font rares.
En redescendant par la route nous croisons des gens qui font de la descente dans la forêt. Ils nous mettent au courant du pourquoi la météo s'est complètement trompée (prévision prise à Port-Vendres: Jeudi mauvais, vendredi se dégageant, samedi et dimanche retour de l'anticyclone, nous étions dimanche, sous la neige et dans le brouillard!): un retour d'Est à cause d'une perturbation sur les Alpes du Sud. La météo changeait tous les jours de prévision.
Conclusion: faire très attention aux prévisions à long-terme.
Michel vient nous rejoindre. Nous remontons à Formiguères pour repartir de plus belle direction les Bouillouses.
Le Canigou sera notre début de traversée sous le signe du mauvais temps. Après 2 mois de beau temps, être 4 jours sous la neige nous a quelque peu décontenancés. Mais les images qu'ont y gardent sont belles et fortes. La montagne nous a rappelé l'humilité. Nous serons plus humbles à l'avenir.
Aujourd'hui, à Formiguères, il fait beau. Le moral gonflé à bloc. Nous repartons de plus belle.
A bientét
Nicolas & Mickael
PS1: A priori plus de connections Internet d'ici la fin de la traversée
PS2: point de vue matériel tout est indispensable. Vous avez la liste
J'y ai ajouté: un masque (je l'ai utilisé tout le temps), un bonnet (idem), un mini walkman (lecteur md avec petit haut-parleur), 2 petits bouquins, une petite gourde plastique qui se porte autour de la taille, un 2ème appareil photo point de vue nourriture (par personne): pour le matin: 100g de céréales, du thé, du miel pour la journée: 2 barres de céréales: trop léger on rajoute un peu de gâteaux secs et parfois du saucisson ou du formage quand nous le pouvons
(si des copains nous rejoignent, si ce sont des étapes courtes) pour le soir: soupe avec de l'huile, pâtes (75g) avec de l'huile
Une bouteille de gaz butane/propane par jour pour deux personnes
En plus: chocolat, boite de sardines
Nourriture très succincte. Il ne faut pas descendre en dessous et on compte se faire des vrais "festins" au moins une fois tous les 4 jours (à l'hôtel, dans un refuge ou la
nourriture aura été déposée...)