Comme tous les Parcs Nationaux, suite à la réforme de 2006, celui du Mercantour a écrit sa Charte qui sera proposée, après un long processus, aux diverses collectivités (28 communes) en vue d’adhérer ou non. L’acte d’adhésion est un engagement sociétal pour une dizaine d’années. Les communes l’accepteront-elles dans un contexte tendu lié à la présence du loup?
Pour préparer la nouvelle charte du Parc national du Mercantour, une enquête publique avait été diligentée du 19 mai au 19 juin dernier. Chacun, habitant, visiteur, a pu s'exprimer et apporter sa contribution à cette réflexion sur le bilan et l'avenir de cette structure.
Les conclusions viennent d'être publiées. On s'en doutait déjà, ce n'est pas le grand amour entre le Parc et son administration et les habitants... humains car les autres habitants, loup, perdrix, faucons, lièvres... n'ont pas été invités à donner leur avis.
La Commission a constaté que ceux qui vivent le Parc au quotidien ne peuvent toujours pas accepter ce qu'ils considèrent être une spoliation de leurs droits à la propriété. Le personnel est souvent perçu comme rigide... La Commission a ressenti "une rancoeur rentrée", les contraintes nées de l'existence du Parc auraient été plus imposées qu'expliquées et que discutées, en méconnaissance avec les modes de vie et les traditions.
Sur la pratique de l'alevinage, la Commission demande son interdiction pure et simple. Sur le survol du Parc, elle recommande qu'il ne puisse pas s'effectuer à moins de 1.000 mètres d'altitude, y compris par les engins non motorisés. Pas question non plus d'organiser de grands rassemblements, trop perturbateurs pour la faune. On remarquera que durant la 22ème épreuve du Tour de France, qui passa à l'intérieur du Parc, de nombreuses conditions restrictives avaient été exigées; une partie de la caravane n'avait pas pu suivre ce tronçon et le reste avait dû le faire sans les annonces tonitruantes habituelles... qui l'accompagnent.
Le ramassage et la cueillette font partie des habituels sujets de discorde car nombreux sont ceux qui croient que puisque ce n'est pas "cultivé", ça appartient à tout le monde et qu'on n'a qu'à se servir... La Commission insiste pour que soit organisée une évaluation régulière (lieu, espèces, périodes), de façon à prendre, s'il le faut, des mesures restrictives.
Avant de délivrer un avis favorable à ce projet de modifications des statuts du Parc national du Mercantour et sa mise aux normes, elle insiste pour que "toutes dispositions à venir tiennent compte de la préservation des modes de vies anciens et de leur conjonction avec les modes de vies actuels et futurs".
Bel exemple de toutes les difficultés qui existent pour concilier la protection de l'environnement de la biodiversité, le développement durable, et l'intérêt économique qui, comme ici fait référence à la tradition. Pourtant, il faut l'admettre, la tradition n'est pas la panacée et par bien de ses aspects, la religion, la chasse, la pêche, l'agriculture doivent elles-mêmes évoluer...
Hasard (?) de l'actualité, Thierry Boisseaux, pendant quatre ans directeur du Parc du Mercantour, quitte ce poste pour s'installer en Inde où il a été nommé comme attaché en charge de la science et la technologie. Au grand regret de Gaston Franco, président du Parc, du sénateur José Balarello et du sous-préfet Christophe Marot. Ce qui ne l'a pas empêché de mentionner les difficultés qu'il avait rencontré, ses insatisfactions, ses frustrations...
Auteur: Alain Dartigues
Source:
Paris Côte d'Azur du 29 juillet 2008