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Les gardes du Mercantour, à cheval sur la réglementation, ont verbalisé à Saint-Etienne-de-Tinée le président de l’association Aléa qui réunit depuis 15 ans ses membres lors d’une messe à la mémoire des défunts

Le torchon brûle entre les habitants de la Haute-Tinée et les gardes du Parc national du Mercantour (PNM) de ce secteur.

Ce n'est un secret pour personne, de nombreux conflits opposent régulièrement les autochtones aux gardes du PNM, très soucieux du respect de la réglementation.

Mais le dernier épisode - la verbalisation de la messe organisée par l'association Aléa - déchaîne la colère.

Les gardes ont dressé un PV de 1.500 euros à Lucien Carlès, le président de l'association, pour avoir organisé cette messe sur le plateau de Sestrières, au-dessus de Saint-Dalmas-le-Selvage.

- Assimilée à une rave-party!

«Dans un premier temps, les gardes nous ont dit qu'il était interdit d'organiser une manifestation religieuse dans le Parc et de jouer du saxophone. Ils semblaient compréhensifs et nous avons célébré la messe sans musique.

Puis ils sont revenus à la charge en indiquant que nous organisions une manifestation culturelle non autorisée.

J'ai insisté sur le mot cultuel, mais ils n'ont rien voulu savoir. Ils m'ont dit que j'étais condamné à 1 500 euros sans me laisser le moindre document, et en refusant de décliner leurs identités.

Cette messe, que nous célébrons depuis plus de 15 ans en hommage aux défunts de l'association, est une tradition cultuelle. Les gardes ont comparé celle-ci àune "rave party". Un comble!

Nous avons joint la maison des gardes pour connaître les motifs de la procédure. Le fonctionnaire évoque le droit de réserve.

La même réglementation sera-t-elle appliquée dimanche lors du pèlerinage de La Bonette?

L'interlocuteur se retranche encore derrière ce même droit de réserve.

-Plainte contre le maire de Saint-Dalmas

Le lendemain, les gardes ont rencontré Jean-Pierre Issautier, le maire de Saint-Dalmas Le Selvage où se trouve le plateau de Sestrières. Une rencontre, semble-t-il, houleuse, puisqu'à l'issue, les gardiens ont déposé plainte contre l'élu à la gendarmerie pour menace.

Ce qui surprend, et fait même sourire celles et ceux qui connaissent Jean-Pierre Issautier.

«Nous n'avons rien contre le Parc ou la protection de la nature, explique le maire. Mais en tant qu'élu, j'exprime la colère de nombreux habitants. Cet incident met en lumière les problèmes relationnels entre les populations locales et certains gardes qui appliquent une réglementation avec mépris».

De nombreux reproches sont adressés aux gardes, comme en témoigne Joseph Loquès qui ramassait quelques épinards sauvages. «Ils m'ont fait vider mon panier en me disant que c'était interdit, et que j'étais passible d'une amende de 1 500 e. J'ai dit que je croyais qu'il n'y avait que le génépi qui était réglementé, d'autant que je n'arrache pas la plante, mais la coupe pour qu'elle repousse, comme je l'ai toujours fait. Et cinq minutes plus tard ce sont les moutons qui ont nettoyé le terrain».

Alain Brandeis, le directeur du PNM, joint au téléphone, se refuse à prendre parti: «Je comprends que cette affaire choque des personnes. Mais en tant que directeur, je ne ferai aucun commentaire sur la procédure transmise à la justice. Les rapports avec les populations sont plus ou moins difficiles selon les vallées. Je regrette que cet épisode et des maladresses contrarient les efforts de rapprochements engagés dans la Tinée».

L'occasion de rappeler que la charte que souhaite signer le PNM avec les communes ne fait pas l'unanimité.

Source: Nice-Matin du 26 juillet 2012