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C'est tout un débat qui ne date pas d'hier et ça restera encore un débat demain. Mais est-ce vraiment un débat d'actualité?
Débat ou questionnement de quelques intellectuels? Les réponses ne sont pas simples. Nous allons tenter d'y apporter quelques éléments de réponse ou du moins de réflexion. Mais je doute que nous parvenions à une position définitive.

Si des lecteurs de cette page ont des éléments à nous apporter, n'hésitez pas à nous contacter.

Si nous recherchons dans le Littré, édition de 1878, nous pouvons constater que les mots comme "pyrénéiste", "pyrénéisme" et "estive" n'existent pas. Ce n'est pas pour autant que les Pyrénées étaient absentes de la géographie. Par contre, on peut lire:

En lisant cette édition du Littré, nous pourrions déjà croire que Gavarnie est au centre des alpes des Pyrénées. Allons plus loin encore.

Voilà qui ne manque pas de piquant. A cette époque, apparemment, on ne connaissait pas les plantes endémiques de nos Pyrénées. Mais continuons à parcourir le Litré de 1878...

Nous avons vu qu'en kimri, le mot alp signifie "roche escarpée". Mais qu'est-ce donc que le kimri?

- Revenons à la lettre A:

Nous n'allons pas en rester là. Visitons les P (sans jeu de mots) du Littré de 1878. "P" comme Pyrénées.

- C'est tout. C'est fini.

Non. Poursuivons dans le temps et télétransportons nous dans le Larousse de 1972.

Nota:
le terme "belle saison" pourrait, aujourd'hui, vouloir dire pour des jeunes citadins "hiver", "ski"... alors que l'été signifie pour eux "plage". On voit qu'avec le changement des formes de vie, des termes et expressions peuvent prêter à confusion. En 1972, encore, la belle saison signifie "après la fonte de la neige", de la fin du printemps au début de l'automne.

Si nous pouvons constater que ce nom n'apparaissait pas au Littré de 1878, nous pouvons remarquer qu'il est apparu dans le Nouveau Larousse Illustré de 1898.

- Et comme un siècle avant, allons à la lettre "P" comme Pyrénées. Et là, nous découvrons des choses simples...

Mais point de pyrénéisme chez Larousse, de pyrénéiste ou d'estive, ces pâturages où nos bergers et vachers conduisent leurs troupeaux.
Toute fois, on voit apparaître le nom de "pyrénéisme" dans le Petit Robert de 1985 et "estive" dans l'édition de 2002 du Petit Larousse.

Qu'en conclure? Depuis le Larousse de 1972 et le Petit Robert de 1985 peut de choses ont évoluées tant du côté des Académiciens que du côté des auteurs de nos dictionnaires préférés. Alors chacun y va de sa définition.

Sur l'AlpiListe (repris par Pascal Kober dans l'ALPE, n°6 ) je disais sur un ton un peu provocateur "le mot alpinisme apparaît dans le Petit Larousse avec cette définition: "Sport des ascensions en montagne" qui semble balayer tous les autres mots qui pourraient ou voudraient dire la même chose tel que "andinisme", "himalayisme" ou "pyrénéisme" couremment utilisés".

Le même problème existe en espagnol.
Au Chili, Alexis Demangeot, nous dit: "seul le mot "andinismo" est compris" et il précise que "pour les grimpeurs du coin (au Chili), un alpiniste, c'est un petit gars qui grimpe dans un jardin". Le mot "montanismo" signifiant de manière plus générale celui qui fait de la montagne.

Daniel Taupin rappelle que le mot "montanismo" est utilisé dans les pays hispanophones comme le mot "alpinisme". Il est d'ailleurs souvent rattaché au nom des clubs. Mais c'est le même cas pour le terme "andinismo". Il semble donc que les deux noms soient utilisés.

Selon Sylvain Jouty (Dictionnaire de la Montagne chez Arthaud), le mot "pyrénéisme" serait rentré dans le Petit Robert qu'en 1985. Il précise "le mot alpinisme apparaît dans un dictionnaire en 1898 (le Nouveau Larousse Illustré). Ce terme est devenu générique pour toute ascension en montagne, qu'il s'agisse des Alpes, le l'Himalaya ou d'ailleurs. Malgré quelque localisation ("Pyrénéisme", "Andinisme" ou "Himalayisme" voire, en Pologne, "Tatrisme"), cette hégémonie alpine, si elle est relativement conforme à l'histoire (pourtant des traditions d'alpinisme sont nées sans grand rapport avec ce qui se passait dans les Alpes, aux Etats-Unis par exemple), devient moins confortable alors que l'essentiel, en matière d'alpinisme, ne se déroule plus dans les Alpes. Les anglophones disent mountaineering mais en France, le terme montagnisme n'a jamais pris. Quant à la randonnée, nom moderne de la pratique de la marche de loisir, qu'elle se déroule ou non en montagne, malgré une étymologie désastreuse ("course impétueuse"), on aurait pu préférer les termes, hier employés, mais il est vrai plus lourd, d'excursionnisme (utilisé par les Espagnols, les Catalans et les Italiens) ou de pédestrianisme."

En consultant le Grand Robert, il ne s'étend pas particulièrement sur le mot "pyrénéisme": 1898 Beraldi in Petiot; birénisme au 19e Siècle; de Pyrénées d'après alpinisme.
Def: Alpinisme pratiqué dans les Pyrénées.
Paul Bessière écrit: "Les spécialistes peuvent parler de pyrénéisme, d'himalayisme, d'andinisme, il s'agit bien de la même action de gravir les montagnes par leurs parois, par leurs arêtes, ou en combinant les unes et les autres." - L'alpinisme p.50

A noter que dans les Hautes-Pyrénées, le terme "excursion" était employé dans les clubs, et le plus ancien d'entre eux à Tarbes, s'appelle toujours "Société Tarbaise d'Excursion et de Sports d'hiver" (STESH).

En guise de conclusion, nous pouvons dire qu'avec le temps, la langue évolue et que le nom de "PYRENEISME" commence à s'imposer plus en terme de culture et de comportement qu'en terme de pratique sportive de loisir ou autre. Mais le débat reste ouvert encore pour de nombreuses années.