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Refuge de la Brèche de Roland
Refuge de la Brèche de Roland. Au fond, les 3000 du Marboré

Les discussions et les polémiques autour de la liste des sommets de plus de 3000 m dans les Pyrénées ne datent pas d'aujourd'hui, que ce soit sur le versant français ou espagnol. La liste a évolué avec le temps. Des sommets secondaires, parfois difficiles à identifier sur des arrêtes déchiquetées, ont été baptisés. Des noms étonnant ont parfois été donnés. Disons que des personnes se sont faites plaisir, d'autres se sont prises au sérieux ou au jeu... Les partenaires s'y sont tous retrouvés. Reste que les principaux concernés par les territoires, notamment les habitants des vallées, n'ont jamais été consultés ni même informés de ce petit jeu qui est resté entre quelques "élites" de la pensée pyrénéenne peu scrupuleux de l'identité et de l'histoire locale.

Un grand séjour pyrénéen à la conquête de plusieurs 3000 sur le Vignemale et le cirque de Gavarnie sans oublier le Mont perdu. Cette année, ce séjour s'est fait en compagnie d'un guide de haute montagne tant l'enneigement était important début juillet 2013.

Déjà en 1935, l'Union Excursionniste de Catalogne publie dans son bulletin une liste de 41 sommets. Point de départ d'une course qui consistait à en trouver d'autres. C'est ainsi qu'en 1976, Juan Maria Feliù publie une liste de 100 sommets. Il la complétera en 1978 par 15 sommets supplémentaires soit un total de 115. Mais la recherche ne s'arrête pas là.

Dans les 1980, Jean Garnier, ex-président du CAF du Sud-Ouest (Bordeaux), annonce au Comité de Massif des Pyrénées de la FFM (pas encore la FFME) qu'il préside, réuni à Tarbes, le projet d'inventaire des sommets des Pyrénées de plus de 3000 m d'altitude, sur une idée de Jean Buyse. Ce promoteur étant totalement méconnu de l'assistance et du milieu montagnard à l'exception de Jean Garnier et de Jean-Louis Aranjo, le projet ne souleva pas du tout l'enthousiasme de l'assistance qui n'y voyait aucune intérêt ou, au mieux, qu'une liste supplémentaire. En l'absence d'opposition, le sujet tourne court et personne n'en parle plus.

L'année suivante le projet est représenté sous la forme d'une équipe franco-espagnole. Il fallait des noms de participants montagnards (par la suite qualifiés d'experts). Pas de bousculade et le sujet est de nouveau rapidement fermé malgré l'insistance de Jean Garnier qui était à peu près le seul intéressé.

Avant 1986 et la nouvelle loi sur le sport, le Comité de massif des Pyrénées était une émanation originale et unique en France du siège de la FFM. A la mise en application de la loi sur le sport avec la création de comités territoriaux (départements et régions) et la fusion avec la FFE (Escalade) pour devenir FFME, ce comité de massif n'avait plus d'existence légale mais continuait à exister et à vivre avec un compte bancaire bien fourni à la suite d'une opération surprenante sur des laisser-passer avec l'Espagne. Avant le décès de Jean Garnier, une nouvelle présentation du projet est faite en précisant la méthodologie quant aux nouveaux sommets baptisés et quelques propositions sans grande contestation. Ce n'est qu'en 1990 que nous découvrons véritablement tous les nouveaux sommets et les nouveaux noms dont celui de Jean Garnier. Qui a décidé?

C'est à la publication du livre de Jean (Juan pour les espagnols car en fait il est un homme d'affaires belge, ce que tout le monde ignorait à cette époque) Buyse que nous découvrons qu'avec la complicité d'un président national de la FFME, des lettres d'accord avaient été envoyées notamment pour avoir la bénédiction et la reconnaissance de l' UIAA (Union Internationale des Associations d'Alpinisme) à une époque où elle faisait autorité internationalement sur toutes les questions d'alpinisme et de montagne.

Nous ne pouvons donc pas dire que cette liste et que ces noms ont été faits dans un consensus général puisque la base n'a jamais été véritablement consultée. D'un autre côté, cette base se moquait totalement de la réalisation de cette liste. Mais à la publication les critiques portaient essentiellement sur l'attribution de certains nouveaux noms, dont celui de Jean Garnier, décédé quelque temps avant ou encore Louis Audoubert dont il est dit qu'il n'aurait jamais donné son aval.

Aujourd'hui la liste existe. Personne ne la conteste vraiment. En 2012, l'équipe catalane n'a fait que confirmer la liste et précisé des altitudes. Les 212 sommets sont acceptés et font désormais partis du paysage, du patrimoine et des objectifs de réalisation de nombreux pyrénéistes.

Louis Dollo, le 29 juillet 2012