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Jusqu'aux années 1970, l'industrie chimique utilisait quantités de produits hautement polluants. Parmi ces substances qui ont été libérées dans l'environnement, les POPs ("Persistent Organic Pollutents" pour Polluants Organiques Persistants, parmi lesquels sont recensés notamment les dioxines et plusieurs organochlorés) sont hautement toxiques pour la santé et l'environnement, présentent une très faible bio-dégradabilité, s'accumulent au sein des écosystèmes, et, par leur caractère partiellement volatil, peuvent se diffuser sur de très longues distances.

Une étude menée par des chercheurs suisses du Laboratoire fédéral pour l'essai des matériaux et institut de recherche pour l'industrie (EMPA), de l'Institut d'Ingénierie Biologique et Chimique de l'Ecole Polytechnique Fédérale de Zürich (ETHZ) et de l'Institut Fédéral de Science et Technologie Aquatiques (EAWAG), publiée le 24 septembre dans la revue Environmental Science and Technology, vient de retracer les dépôts de POPs depuis les années 50. Les scientifiques ont utilisé des carottes de sédiments extraites du fond du lac artificiel de l'Oberaarsee, à 80 km au sud-est de Berne. Au sein de ces sédiments se retrouvent les produits chimiques piégés dans le glacier voisin puis libérés lors de sa fonte. Les carottes de sédiments, semblables aux cernes du bois des arbres, permettent de dater précisément les dépôts. Ainsi après des analyses chimiques de ces carottes les chercheurs ont-ils pu attester de la production importante de POPs dans les années 60.

Mais ils ont aussi constaté que le taux de POPs contenu dans ces sédiments avait, après une diminution à partir du début des années 70 dûe à l'interdiction de l'utilisation de ces produits, à nouveau augmenté au cours des quinze dernières années. Cette réintroduction de POPs dans l'environnement s'explique par la fonte progressive du glacier proche du lac, qui a reculé de plus de 120m depuis le début des années 2000. Les possibles conséquences entraînées par ce phénomène sont prises en compte sérieusement: "Nous voulons découvrir s'il faudra compter avec des quantités importantes relâchées par des glaciers" souligne ainsi l'un des responsables de l'étude, Peter Schmid du laboratoire de chimie analytique de l'EMPA.

L'élimination des POPs est un souci d'action internationale. Plus de 150 pays, dont la France et la Suisse, ont ratifié la convention de Stockholm de l'Organisation du Développement Industriel des Nations Unies, entrée en vigueur en mai 2004 qui vise à protéger l'homme et l'environnement des POPs. Dans le cadre de cette convention, le 5ème meeting du Comité de Surveillance des POPs s'est déroulé du 12 au 16 octobre à Genève.

- Références

Auteur: Gaël Robert

Veille Scientifique du Ministère des Affaires Etrangères