Les ractions dans la presse au sujet de l'arrêté de protection de biotope à Larrau suite à une réunion publique à Larrau avec élmeveurs, chasseurs, addip, aspp 65, aspap, Jean Lassalle
L'arrêté préfectoral qui gèle 350 hectares pour protéger un couple de gypaètes ne passe pas. 120 personnes ont assisté à une réunion. Tous veulent que le préfet retire son arrêté.
La municipalité de Larrau, l'association des éleveurs et celle des chasseurs sont toutes unanimes pour dire non à l'arrêté préfectoral qui gèle 350 hectares sur la commune dans le secteur d'Holzarte.
Et pour expliquer le sens de ce non, ils ont co-organisé une réunion publique le 22 décembre dernier à Larrau. La salle de l'ancienne mairie était un peu juste pour accueillir les 120 personnes ayant voulu participer à cette réunion. Une mobilisation qui faisait visiblement plaisir au maire de Larrau, Sébastien Uthurriague, qui sait que, dans le combat qui s'annonce, le nombre fera aussi la force.
Ce combat, c'est celui contre un arrêté préfectoral qui gèle 350 hectares sur la commune pour permettre la protection d'un couple de gypaète.
"Nous ne sommes pas contre la protection du gypaète et nous sommes prêts à faire des efforts contrairement à ce que l'on veut faire croire, souligne Sébastien Uthurriague. Mais pas à n'importe quel prix, comme le gel des activités humaines".
Pour étayer cette position, les organisateurs avaient invité des habitués de combats contre les lobbys environnementalistes, comme Bruno Besche Comminges (Ariège), Christian Minville (Gironde), le député Jean Lassalle mais aussi un spécialiste du gypaète, Jean-Baptiste Larçabal (Bigorre). Un spécialiste qui s'étonne que l'on considère cet oiseau en voie de disparition.
"On compte 140 couples des deux côtés des Pyrénées sans compter les jeunes. Or le maximum viable serait de 200 couples". Sur l'influence de l'activité humaine sur la vie du gypaète, Jean-Baptiste Larçabal relativise: "Elle n'influe qu'à 30 %. Tout le reste, ce sont les prédations des autres rapaces et surtout les conditions climatiques et le manque de nourriture".
Chasse, véhicule à moteur et promenade interdits
Ces précisions faites, les Larraintar se demandaient pourquoi on interdirait la circulation des véhicules à moteur, la chasse ou la promenade sur 350 hectares. Dans les discussions, l'ennemi avait souvent le même nom: Natura 2000. "On veut nous empêcher de vivre sur notre territoire, lançait Sébastien Uthurriague. Aujourd'hui c'est 350 hectares, demain encore plus et ensuite cela s'étendra sur des communes voisines!".
"On nous prend pour des andouilles"
Une forte impression d'incompréhension se dégageait comme le résumait Benoît Soulas de la fédération de chasse: "On nous prend un peu pour des andouilles, nous les gens de terrain. Un jour, un sous-préfet nous avait même dit: vous ne pouvez pas comprendre, vous n'êtes pas des scientifiques!".
Dans le combat qui ne fait que commencer, le village a trouvé des alliés qui étaient d'ailleurs représentés à la réunion: le conseil général avec Arnaud Villeneuve, la chambre d'agriculture et la FDSEA avec Jean-Michel Anxolabehere et la fédération de chasse avec Benoît Soulas. Des soutiens qui, tout en affirmant être aux côtés des Larraintar, les incitaient à jouer "tactique"
"Ceux qui refusent de négocier, risquent de tout perdre" soulignait ainsi Jean-Michel Ansolabahere en s'adressant à certains villageois qui ne voulaient même pas entendre parler de convention.
"Agir pacifiquement"
Le député Jean Lassalle, lui, les enjoignait surtout "à rester unis et à agir pacifiquement, car dans ces mouvements très durs c'est essentiel".
Le maire, Sébastien Uthurriague, ne fermait pas la porte à la négociation: "Tous ceux qui nous soutiennent ont été d'accord pour déposer un recours gracieux, c'est-à-dire demander au préfet qu'il retire son arrêté. Ainsi, la discussion pourrait vraiment s'engager et chacun pourrait faire des efforts pour arriver à un accord. Dans le cas contraire, nous sommes prêts à saisir le tribunal administratif".
Source: La République des Pyrénées du 26 décembre 2012
Élus, chasseurs et éleveurs du village souletin s'insurgent contre un nouvel arrêté préfectoral qui vise à protéger ce rapace. Comme si la petite bête allait manger la grande
Le village de Larrau est-il vraiment menacé par le gypaète barbu? C'est ce qu'auraient pu conclure les participants de la réunion d'information organisée samedi soir dans ce village souletin de 200 habitants. Réunion qui a tout de même rassemblé 120 personnes. «En voulant protéger ce rapace majestueux, ils vont finir par tuer nos villages de montagne», résume le maire Sébastien Uthurriague. «Ils, ce sont les associations de défense de l'environnement et les services de l'État, accusés «de transformer les élus en acteurs téléguidés ou, pire, en simples spectateurs de leur territoire».
Dans l'œil du viseur des élus, des chasseurs et des éleveurs du secteur: un nouvel arrêté préfectoral signé par Lionel Beffre le 30 octobre dernier qui interdit, du 1er novembre au 15 août, la circulation des véhicules à moteur, les travaux publics, l'écobuage ou l'utilisation des fusils. L'arrêté, qui vise à protéger le gypaète barbu, concerne une zone de 354 hectares, autour d'Holzarte et de sa fameuse passerelle. Le maire de Larrau parle de «gel de la zone». Les associations écologistes préfèrent le terme de «réorganisation des activités dans une zone de protection». Mais le problème va bien au-delà de cette guerre sémantique.
Trois couples au Pays basque
Si le préfet a tapé sur la table en signant cet arrêté, c'est pour protéger un habitat historique du gypaète barbu, espèce en voie de disparition. Voilà des années que la Ligue de protection des oiseaux (LPO) milite pour la préservation de ce rapace qui n'a plus nidifié au-dessus de Larrau depuis plusieurs saisons «en raison des troubles causés par les activités humaines». Selon le dernier recensement, 140 couples de gypaètes sont présents dans le massif des Pyrénées actuellement. «Mais il n'en reste que trois au Pays basque et cela fait plusieurs saisons qu'ils n'arrivent plus à se reproduire», s'inquiète l'association de protection des rapaces Saiak qui ajoute: «Le problème, c'est que ces mesures écologiques ne sont pas populaires auprès des chasseurs.»
Une critique immédiatement balayée par le maire de Larrau: «Nous ne sommes pas contre la présence du gypaète. Au contraire, c'est grâce aux hommes et au pastoralisme qu'il existe encore dans nos montagnes. Ce que nous dénonçons, c'est la portée aveugle de cet arrêté qui va paralyser toutes les activités: pastoralisme, écobuage et chasse. La surfréquentation du site est mise en cause par les services de l'État. Mais il y avait beaucoup plus d'activités humaines il y a 20 ans et le gypaète était bien plus présent.»
Risque de sanctuarisation
La LPO admet qu'une convention de protection, comme cela existe du côté de Sainte-Engrâce, aurait été plus diplomatique: «Mais faute d'un accord avec les acteurs locaux, il fallait prendre une décision.» En effet, les négociations, qui durent depuis des années, ont fini dans un canyon. «Nous étions les seuls prêts à faire des concessions», regrette le maire de Larrau qui ne veut pas en rester là: un recours gracieux vient d'être adressé auprès du préfet.
Si la commune de Larrau n'obtient pas gain de cause, elle est prête à saisir le tribunal administratif: «On veut nous faire culpabiliser en brandissant le spectre de la disparition de ces rapaces. Mais les conséquences sont trop lourdes pour nos villages. La multiplication des réglementations (Natura 2000, zone ours) vont avoir pour conséquence de sanctuariser nos villages», conclut le maire. Reste à savoir maintenant si le couple de gypaète barbu reviendra installer son nid du côté d'Holzarte à l'automne prochain.
Auteur: Arnaud Dejeans
Source: Sud-Ouest du 27 décembre 2012
Débat autour de très lourdes contraintes…
Jusque il n'y à guère, les relations entre le village de Haute Soule de Larrau et le gypaète barbu étaient normales, ni au beau fixe, ni en avis de tempête. Le rapace vivait dans son aire, traquait les charognes, tentait tant bien que mal de se reproduire sous le regard de l'homme parfaitement informé de la nécessité de laisser se perpétuer l'espèce. Et voilà que tout change. L'autre soir, plus d'une centaine de villageois s'est retrouvée en réunion pour finalement dire de manière unanime qu'elle était contre un arrêté préfectoral signé le 30 octobre dernier. Larrau le jure trop contraignant, à l'instar de son maire Sébastien Uthurriague qui s'exclame: «en voulant protéger ce rapace majestueux, ils vont finir par tuer nos villages de montagne». L'arrêté préfectoral de protection du rapace interdit, du 1er novembre au 15 août, la circulation des véhicules à moteur, les travaux publics, l'écobuage ou l'utilisation des fusils dans une zone de 354 hectares, autour d'Holzarte et de sa fameuse passerelle.
Les villageois, derrière la signature du préfet, voient une attaque des associations de défense de l'environnement perpétrée avec l'aval des services de l'Etat qui visent à «transformer les élus en acteurs téléguidés ou, pire, en simples spectateurs de leur territoire».
L'arrêté est certes restrictif, dit-on du côté de la Préfecture, mais c'est dans le but de protéger l'habitat historique du gypaète barbu en voie de disparition. Selon les recensements effectués, il n'y aurait plus que 140 couples dans les Pyrénées et trois seulement au Pays Basque. La Ligue de protection des oiseaux (LPO) milite pour la préservation de ce rapace qui n'a plus nidifié au-dessus de Larrau depuis plusieurs saisons. Elle en désigne son coupable: l'activité humaine. D'où l'instauration de cette réglementation plus stricte du côté de Larrau, qu’on assimile à un «gel de la zone» qui à terme nuira aux pastoralisme, à l'écobuage, à la chasse, aux pratiques et aux activités ancestrales en quelque sorte. Et le maire de Larrau de conclure: «la sur-fréquentation du site est mise en cause par les services de l'État. Mais il y avait beaucoup plus d'activités humaines il y a 20 ans et le gypaète était bien plus présent.»
La cohabitation séculaire entre Larrau et le gypaète barbu va sans doute se poursuivre paisiblement. Il n'est pas sûr qu'il en aille de même entre les villageois et les écolos...
Source: L'Hebdo Béarn du 28 décembre 2012