Interview - L’ancienne secrétaire d’Etat UMP estime qu’il ne faut pas un, mais plusieurs partis écolos pour que les thématiques vertes irriguent la société. Interview réalisée le lundi 17 septembre./p>
Je distinguerai les Verts et Europe Ecologie. Aujourd’hui, les Verts ont repris la main sur Europe Ecologie avec une vision marquée très à l’extrême gauche. Ils s’inscrivent dans un clivage gauche-droite traditionnel avec un discours qui oppose croissance et décroissance. Ils sclérosent le discours sur l’écologie. Ils font croire qu’il n’y a qu’une vision, qu’une doctrine possible sur l’écologie et, si vous n’êtes pas d’accord avec eux, vous n’êtes pas écolo. Or, il me semble qu’on peut partager le constat sur l’état économique et social de la France. Après, sur la manière d’apporter une réponse, on peut avoir différentes visions. Le nucléaire est, en ce sens, un très bon exemple. On doit arbitrer entre plusieurs risques: le risque d’accident et le risque d’accélération du changement climatique. Certains vont dire que le changement climatique est en train d’arriver et que c’est un défi qu’on peut relever grâce au nucléaire parce que c’est une énergie qui émet peu de gaz à effet de serre. D’autres diront: «Pour moi, le risque d’accident est plus important.» C’est un arbitrage démocratique. Les Verts – pas Europe Ecologie – font beaucoup de mal au débat démocratique.
En France, les premières grandes lois sur l’environnement ont été portées par la droite, sur l’air, le paysage. Le premier ministère de l’Environnement a été créé sous la droite. Certes, avec une vision patrimoniale des choses. Mais si on prend l’ensemble de l’histoire… Jacques Chirac, par exemple, a clairement défendu le sujet.
La façon dont a été conçu le Grenelle était une profonde rupture avec la culture de la droite, très centralisatrice, très étatique. Là, il s’agissait de renvoyer le débat à la société civile, que l’Etat se taise. On introduisait une démocratie participative, avec cinq collèges. Il n’y avait pas de hiérarchie, de vision pyramidale du chef. Et ça s’est très bien passé. Mais c’est sur l’agriculture que les choses ont achoppé. Moi, je pense que l’avenir de l’agriculture en France, ce ne sont pas les grandes céréales. Mais ça n’a pas été compris par la droite. Ça, et après le président qui déclare: « L’écologie, ça commence à bien faire.» C’était impossible médiatiquement. On avait perdu la bataille.
Je vais peut-être vous surprendre, mais je vous dirais que non. En revanche, il ne faut pas un, mais des partis écolos. La droite et la gauche continuent à être des partis productivistes qui parient sur une croissance portée par la production et relancée par l’investissement et la consommation. Ils intègrent l’écologie de manière un peu annexe. Les discours de François Hollande et de Jean-Marc Ayrault à la conférence environnementale n’ont rien à envier à ceux de Nicolas Sarkozy. Ayrault a par exemple dit que la biodiversité pouvait être l’occasion d’une création de richesses, via l’exploitation de médicaments. Cela en a fait sursauter certains. J’ai la conviction qu’il faut une rupture de paradigme. On n’est plus autour du comment générer une production: il faut développer notre pays dans une contrainte de rareté. Pour opérer cette rupture, je pense que des partis écologistes sont utiles (mais pas les Verts). Ils ont même vocation à devenir majoritaires.
Le rédacteur: Karine Le Loët, Journaliste à «Terra eco».
Source: Terra eco
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