Au départ, Borce n'était pas destiné à accueillir un éco-zoo ou un parc animalier. Sa situation géographique ne prédestinait pas ce village à une telle activité. Ce sont les circonstances de la découverte d'un ourson par les enfants de l'école qui ont conduit le village à cette aventure. Une aventure qui pourrait bien avoir une fin à force de vouloir trop en faire autour de l'ours et de prendre certaines chimères écologistes pour argent comptant.
Borce, au coeur de la vallée d'Aspe ey des Pyrénées, n'est-il pas historiquement un village pastoral plutôt qu'un Paris-Vincennes?
A chacun sa place et ses compétences.
L'ourse Ségolène a donné naissance à un ourson de sexe encore indéterminé, voilà deux semaines, au parc animalier de Borce. Le bébé est le fils de Titus, un vieil ours âgé de 30 ans.
L'ourse Ségolène restait toujours au même endroit; elle n'allait plus manger le soir, bref Bruno Guitton, le responsable du parc animalier de Borce la croyait pas bien dans son
assiette? Jusqu'au jour où il a entendu une sorte de miaulement, puis vu une petite patte qui dépassait? "Il fallait vraiment avoir l'oeil dessus". Car c'est minuscule, un ours à
la naissance! 350 grammes environ, selon les spécialistes. Aujourd'hui, le bébé de Ségolène, dont on ne connaîtra le sexe que dans deux ou trois mois, a la taille d'une taupe ou
d'un petit chiot. Il niche dans les feuilles mortes que l'ourse a maternellement amassées dans sa fosse.
Dix ans après Myrtille, l'ourse Ségolène a ainsi donné naissance voici deux semaines à un second ourson.
Ségolène a aujourd'hui 17 ans. Elle avait été convoyée à Borce, avec un autre ours, dans des circonstances rocambolesques, en 1992, depuis le zoo de Gramat (82), par des Aspois
qui voulaient faire la démonstration qu'on pouvait trimbaler et réintroduire des ours en Béarn en toute impunité.
L'ourse doit son nom au fait que Ségolène Royal était alors ministre de l'environnement. Son compagnon d'alors, Antoine, est mort depuis. Il a été remplacé par Titus, arrivé du
zoo de Vincennes. Mais Ségolène, qui ne s'est pas réalimentée depuis la naissance, ne laisse pas approcher le géniteur du petit, non plus que Myrtille, la grande soeur de celui-ci?
Auteur: Th. L
Source: Sud-Ouest du 9 décembre 2006
A l'espace animalier de Borce, l'ourse Ségolène avait donné vie à un ourson à la mi-novembre 2006. A sa naissance, qui se déroule en général en janvier-février, l'ourson est toujours un être inachevé, très fragile.
Prématuré de deux mois. Jeudi dernier, Bruno Guitton et son équipe de l'espace animalier ont découvert que le petit de Ségolène ne bougeait plus dans les bras de sa mère.
Elle le tenait pourtant toujours serré contre elle et le promenait comme si de rien n'était. Les causes de cette mort sont encore inconnues: prématuré, de deux mois, il n'aurait pu
survivre?
Bruno Guitton, très affecté par ce décès, regrette l'espoir qu'avait fait naître l'annonce de la venue du petit d'ours: "Il est connu que par nature, 80 à 90 % des oursons ne
survivent pas la première année de vie".
Tout espoir n'est pas perdu de voir un petit naître l'an prochain, fruit des amours de Titus et Ségolène, ou de Myrtille?
Auteur: Martine Lacout-Loustalet
Source: Sud Ouest du 16 janvier 2007
L'espace animalier voué désormais à la protection de la biodiversité des montagnes
La vue porte au loin sur les cimes enneigées, et le sentier chemine à flanc de montagne. Ici, on prend son temps. Car c'est dans un cadre naturel que les animaux se découvrent: les visons d'Europe, que les multiples atteintes portées aux zones humides menacent aujourd'hui de disparition. Les mouflons, qui ont connu trois naissances le mois dernier. Les ours aussi bien sûr: l'Anie, Framboise et Borçane, nés l'an passé et dont la quarantaine de kilos témoigne de leur bonne santé.
Jusqu'à présent, l'Espace animalier de Borce était consacré à la faune pyrénéenne. Mais, depuis peu, il s'est choisi une autre vocation: celle d'un éco-zoo permettant de sensibiliser les visiteurs à la préservation de la biodiversité des montagnes dans le monde.
"Là et nulle part ailleurs"
"Il suffit de jeter un regard autour de nous pour se dire que c'est ici, et nulle part ailleurs, qu'il fallait le faire", explique son directeur, Franck Haelewyn. Avant de souligner les menaces que le réchauffement climatique fait peser sur la flore et la faune de montagne, en de nombreux endroits de la planète.
Niché au coeur de la remarquable vallée d'Aspe, l'éco-zoo envisage ainsi de réunir des animaux symbolisant ce problème, d'un massif à l'autre: Pyrénées, Oural, Himalaya, volcans du Japon, montagnes bleues australiennes, cordillère des Andes, montagnes rocheuses, Atlas.
Ce projet de longue haleine amènera les animateurs à plaider pour la cohabitation de l'homme et de l'animal. Il a débuté avec l'arrivée à Borce d'un couple de visons d'Europe, et d'une chouette harfang (une autre est attendue). L'habitat de cet oiseau diurne se situe aussi bien dans la toundra que dans les zones arctiques.
Pour l'été, l'Espace animalier espère également recevoir des pumas. Tout comme il se prépare à accueillir des kinkajous. Originaires d'Amérique du Sud, ces derniers tiennent à la fois du singe et du chat mais font partie de la famille des ratons laveurs.
Loups ibériques, vautours fauves, singes magots de l'Atlas, loutres... au cours des cinq années qui viennent, d'autres espèces devraient rejoindre le site de la vallée d'Aspe. Chaque fois accueillies dans un espace respectant leur habitat naturel, aussi bien dans son volume que dans sa conception.
Cette démarche éducative - dont les débuts ont été retardés par le rude hiver qui vient de toucher le Béarn - s'effectue en liaison avec l'Association européenne des zoos et aquariums (Eaza) à laquelle Borce souhaite adhérer.
Auteur: Jean-Jacques Nicomette
Source: Sud-Ouest du 4 mai 2009
Le gérant de l'espace animalier renonce, estimant que les termes du bail avec la commune ne sont pas respectés
La tristesse domine à l'éco-zoo de Borce. Même les chouettes font grise mine du haut de leur perchoir ; les chats, les lapins et les chèvres se frottent aux jambes des humains, les ânes gardent le museau à terre et les ours hésitent entre l'hivernation et le soleil... Comme si tous avaient compris que le départ était proche.
A partir de lundi, une vingtaine d'animaux sauvages prendra en effet la route pour d'autres parcs animaliers, prêtés ou donnés par l'éco-zoo (1). Quant aux animaux domestiques, ils seront vendus aux personnes intéressées ou partiront avec leur maître, Franck Haelewyn. Seuls resteront les six ours - trois adultes dont les antiques Ségolène et Myrtille et trois oursons -, propriétés de Borce. Ils seront pris en charge par la commune, le temps de trouver une solution.
Un projet ambitieux
Après vingt mois de gestion dont deux étés, Franck Haelewyn a donc décidé de jeter l'éponge. Le vétérinaire estime que les termes du bail signé avec la commune de Borce ne sont pas
respectés. La viabilité commerciale du projet n'est pas assurée selon lui, si le projet reste en l'état. "J'ai été recruté sur un projet précis dont j'ai fait deux rapports oraux
et un écrit. L'idée était que le site soit ambitieux et accueille à terme 35.000 visiteurs (2)".
Pour y parvenir, "l'éco-zoo devait s'agrandir, s'enrichir d'un logement de fonction pour être en permanence auprès des animaux, se doter de bâtiments d'hivernage et de pistes pour améliorer l'accessibilité." Ces mentions n'ont pas été écrites dans le bail et aucune convention n'a été signée dans ce sens entre la commune et le gérant.
Le bail stimule cependant qu'un local pour un snack devait voir le jour ainsi qu'une aire de stockage pour le fumier; des commissions pédagogiques devaient se réunir régulièrement, ce qui n'a pas été fait, estime Franck Haelewyn.
Il usera de ces arguments auprès des tribunaux si la négociation financière n'aboutit pas car le gérant estime avoir investi 100.000 euros. Ces points ne sont pourtant pas à l'origine de la fâcherie.
Une histoire de terrains
Tout est parti d'une histoire de terrains, situés en continuité du parc animalier que l'éco-zoo convoitait et pour lesquels des compromis de vente ont été signés en mars 2009.
"Le 12 mai, quelques jours avant la fin du délai de préemption, mon notaire a reçu la visite d'un huissier pour indiquer que la Safer préemptait. "L'organisme a fait appel à candidature pour le rachat des terres. La mairie de Borce s'est portée acquéreur mais la grande majorité des terrains a été attribuée à un agriculteur, par ailleurs premier adjoint de la commune de Borce.
A 40 ans, Franck Haelewyn qui avait décidé de s'installer en vallée d'Aspe, de faire venir sa femme et de fonder une famille, repart donc avec de l'amertume plein les valises. "On aurait mieux fait de me dire tout de suite qu'on ne voulait pas de projet ambitieux. Je regrette la contradiction entre les positions affichées sur le développement touristique et la réalité des faits. C'est triste d'un point de vue personnel, triste pour le projet, triste pour la vallée."
"Un échec" selon le maire
Pour René Rose, c'est "un échec", "le deuxième" après la séparation avec Bruno Guitton, premier gérant du parc. Le maire de Borce, initiateur du parc, vient de passer deux mois
difficiles entre les conseils municipaux consacrés à la question, les injonctions des services vétérinaires de se séparer des animaux, les conseils juridiques, la question des
emplois, et au final, "c'est dur, c'est triste et je suis un peu ébranlé". Mais il reste déterminé. Le parce qu'il a fait naître doit "demeurer" et rouvrir comme il était prévu
à Pâques 2010.
Plusieurs solutions seront étudiées pendant les quatre mois d'hiver: la gestion directe par la municipalité, la reprise par un nouveau gérant ou la fermeture.
Reste le problème des emplois et notamment celui de la jeune Chloé, soigneuse appréciée qui continuera à s'occuper des ours. "Elle m'a fait une proposition pour travailler avec la commune. J'ai aussi reçu le projet d'une autre salariée".
René Rose n'en veut pas à Franck Haelewyn mais il pense que "son projet était très ambitieux, très beau, très coûteux mais ici en vallée d'Aspe, on n'a pas le répondant. Il fallait d'abord qu'il occupe bien les terrains actuels, en mettant plus d'animaux visibles par le public."
René Rose avait proposé à la Safer une solution mi-chèvre, mi-chou qui préservait l'intérêt de l'agriculteur et celui du gérant touristique. "Oui, je n'ai pas voulu choisir entre l'activité agricole et l'activité touristique et j'assume." En revanche, il ne voit pas derrière l'action de la Safer, une manoeuvre de tel ou tel. "Je n'y crois pas".
Il lui reste à présent à négocier à l'amiable avec F. Haelewyn sur des montants financiers qui sont au-delà de ce que possède la commune, déjà bien endettée.
Décidément entre la polémique sur le Parc national des Pyrénées et l'avenir du parc animalier, le (dernier?) mandat du plus ancien maire du département est parsemé d'embûches.
(1) Le gérant de l'EURL refuse de vendre des animaux sauvages pour éviter la surenchère et lutter contre le trafic illégal de la faune sauvage.
(2) En 2009, 14 000 visiteurs ont franchi le seuil du parc animalier de Borce.
Auteur: Odile Faure
Source: Sud-Ouest du Samedi 12 Décembre 2009
Il s'agit là d'un revers sans précédent pour René Rose, maire de Borce, Président de la communauté des communes de la vallée d'Aspe, membre du Conseil d'Administration du Parc National des Pyrénées et de la commission d'indemnisation ours... Il doit y en avoir d'autres...
Depuis une trentaine d'années il mène une politique ambiguë notamment en matière de tourisme et de protection de l'ours. Nous ne pouvons que constater l'appauvrissement de la vallée. Le développement touristique est de la compétence de la communauté de commune et non du député Lassalle. Qu'a-t-il fait dans ce domaine? Il y a une dizaine d'années, il citait le Val d'Azun comme exemple de développement et d'organisation. Les responsables du Val d'Azun sont venus à Etsaut expliquer ce qu'ils avaient fait. Que s'est-il passé depuis?
Par contre, René Rose est de ceux qui ont toujours pris pour exemple le développement des Asturies dans les monts Cantabrique et plus précisément de Somiédo avec l'ours pour vecteur. Sournoisement, sans rien dire, avec une grande discrétion, il a toujours été le complice du FIEP, de FERUS (ex-ARTUS) et de l'ADET pour mener sa politique solitaire de développement en allant souvent contre les intérêts des éleveurs autres que ces amis à la commission d'indemnisation. Avec cet éco-zoo, il amène la preuve française que l'éco-tourisme zoologique basé sur l'ours ne marche pas, qu'il y ait extension ou non de ce parc. Une politique de développement autour de l'ours ne peut exister que sous perfusion de la collectivité au profit de quelques personnes et au dépend de la majorité et des véritables acteurs de la nature que sont les éleveurs et bergers.
Il serait grand temps que René Rose en tire les conséquences. Il faut parfois savoir laisser la place à du sang neuf et accepter qu'un parc zoologique à cet endroit est inadapté en raison d'une absence de clientèle et de capacité à retenir cette clientèle.
Louis Dollo, le 12 décembre 2009
Deux oursons sont nés en début de semaine dans le zoo de Borce (Pyrénées-Atlantiques), a-t-on appris mercredi à la mairie de cette commune de la vallée d'Aspe.
"Il faudra attendre plusieurs semaines avant de pouvoir déterminer le sexe des oursons nouveaux-nés", a indiqué à l'AFP René Rose, maire de Borce, précisant que les oursons, qui mesurent environ quinze centimètres, restent enfouis dans la fourrure de leur mère et ne doivent pas être manipulés.
Le zoo de Borce comptait déjà cinq ours bruns avant ces naissances, quatre femelles et un mâle, a indiqué M. Borce, précisant que le zoo était fermé au public en hiver. Les divers parcs zoologiques de la région comptent plusieurs dizaines d'individus.
La naissance d'oursons en captivité "n'a rien d'exceptionnel", a indiqué de son côté à l'AFP Alain Reynes, directeur de Pays de l'ours - ADET, une association qui milite depuis 1991 pour la réintroduction de l'ours dans les Pyrénées.
Les oursons nés en captivité ne peuvent en aucun cas être réintroduits dans le milieu naturel, faute d'autonomie pour assurer leur survie, a encore indiqué M. Reynes.
Source: Romandie / AFP du 13 janvier 2010