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Août 2000, les bergers de Ferrières sont exaspérés par la présence de l'ours Néré alors que les troupeaux commencent à revenir des estives. De nombreuses prédations ont eu lieux ces derniers jours, mais que faire?

- Les bergers veulent chasser Néré de leurs troupeaux

- Les éleveurs du secteur du col de Spandelles sont exapérés par la présence de l'ours slovène.

Tous savent qu'il est là mais se sentent désarmés pour essayer de le bouter hors de leur montagne. Reportage.

Hier matin, un vautour trace de nouvelles circonvolutions dans le ciel bleu du secteur d'Estibète, en lisière des Pyrénées- Atlantiques. Il recherche quelques carcasses à se mettre sous le bec.

Au col d'Ansan, ces quatre éleveurs de brebis du secteur d'Asson-Ferrières, n'y prêtent plus guère attention. Depuis trois mois ils n'ont d'yeux que pour l'ours slovène jugé responsable de la mort de plusieurs dizaines de bêtes (notre encadré). Enfin, presque. Ils n'ont jamais réussi encore à le voir. Mais c'est sûr, Néré n'est pas loin, terré dans quelque bois entre les pics de Monbula (1.583m) et Granquet (1.881m). Ce subadulte de 3 ans issu de la population réintroduite en 1996 a prélevé 51 bêtes chiffre officiel- dans les troupeaux du secteur.

«A Monbula, il a non seulement tué une brebis mais a détruit une fontaine. Il a aussi coupé un arbre de dix centimètres de diamètre à hauteur d'homme. Puis, dans un moment de folie, il a jeté les branches à plus de dix mètres», raconte Maurice Sanchou.

Maurice Sanchou est le dernier éleveur de Ferrières, à avoir retrouvé un cadavre issu de son troupeau de 180 têtes. La macabre découverte au col du Passet -environ deux kilomètres du col de Spandelles-, remonte à avant-hier matin, 8 heures (notre édition datée d'hier).

- Redescendre les troupeaux

Comme lui, ces bergers du secteur, rassemblés symboliquement à portée de fusil de Néré, veulent chasser le prédateur de leur territoire. «Mais on n'a même pas le droit de le chasser ne serait-ce qu'à blanc. A une centaine de bonhommes pourtant, on arriverait à le faire partir d'ici», regrette Pierre Lescloupé, ce berger d'Asson.

Pierre Lescoupé est le plus touché par les prélèvements de Néré. Il a perdu treize têtes. Aussi comme pour conjurer le sort, il a décidé de raison garder en resdecendant, cette semaine, d'estive son troupeau.

Comme ses amis du secteur il sait aussi le coût de ces décès, pour l'heure, toujours pas indemnisés. Mais en revanche il a aussi calculé le surcoût engendré par cette redescente prématurée des montagnes. Plus d'un mois avant, ce sont cinq tonnes de fourrage et deux de maïs nécessaires. La facture va s'élever à 9.000F environ.

- L'ombre du prédateur plane

Les éleveurs de brebis sont formels. Ils ne sont pas les seuls à endurer les coups de dents de Néré. Selon eux, deux bovins terrorisés se sont jetés dans un ravin. Plusieurs chèvres également n'ont plus donné signe de vie dernièrement. Même la présence d'un chien Patou dans le troupeau de Maurice Sanchou n'a pas mis en fuite l'ours slovène. Alors que l'ombre du prédateur plane sur tout ce secteur montagneux, les bergers se demandent encore comment sortir de cette tuerie aveugle. Ils ont remarqué qu'il avait plutôt tendance à frapper par temps couvert. Mais cela ne leur donne pas la solution finale.

Dans le même temps les gardes du Parc national essaient de recueillir le moindre indice de son passage. Hier matin, Eric Boyer et Christian Caerey, sont redescendus bredouilles. A leur arrivée, au contact des bergers, l'inévitable question est tombée. «Alors?» Rien, aujourd'hui, d'après eux. Ils confirment néanmoins sa présence dans les parages.

En attendant que la nuit n'enveloppe une nouvelle fois les troupeaux, Jean Lacau, le premier berger à avoir retrouvé des brebis tuées en mai dernier s'interroge: «Demain est-ce que, à mon tour, je ne vais pas découvrir de nouvelles victimes?»

Auteur: Didier Lagedamon.
Source: La Dépêche

- 51 brebis tuées en 3 mois

Depuis la fin du mois de mai l'ours a tué à 51 reprises dans un rayon de quelques kilomètres au col d'Ansan situé à quelques centaines de mètres du col de Spandelles (1.378 m), au-dessus de Ferrières, une petite commune limitrophe avec les Pyrénées- Atlantiques.

Selon les bergers, l'ours a d'abord tué cinq brebis du troupeau de Jean Lacau, en a blessé deux autres tandis qu'une autre est portée disparue dans le massif des Escures. Marie Sarthe, elle, en a relevé une dizaine. Puis fin juin Jean Lanot en a eu trois de tuées entre fin juin et début juillet aux Escures. Dans le même temps Roger Brousset a perdu six brebis laitières. Raymond Borde, a en découvert cinq mortes et neuf blessées.

Quant à Pierre Lescloupé, sur 135 têtes, il déplore treize décès. Début août Germain Gentillet a perdu un bélier sur le secteur du Granquet.

Enfin Maurice Sanchou a recensé trois morts, deux mercredi dernier sur le secteur du col du Passet; en juillet, il avait perdu une brebis entre les pics d'Estibète et de Monbula

Extrait de La Dépêche du Midi du 19 août 2000