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Comme l'avait engagé la secrétaire d'Etat à l'écologie Nathalie Kociusko-Morizet, le dialogue entre l'Etat, les éleveurs hostiles à l'introduction d'ours dans les Pyrénées et les acteurs des territoires de montagne semble vouloir s'établir non sans difficulté. Mais il pourrait bien être très, très précaire malgré quelques portes ouvertes.

Les propos "agressifs" du préfet Carenco à l'égard de Philippe Lacube, Président de l'ADDIP (sans parler de ceux du Préfet Nicolas) ne sont pas faits pour apaiser les esprits. Bien au contraire. De même pour la tentative de manipulation des chiffres de prédations engagée par le préfet Nicolas qui ne voit que l'Ariège comme si l'ours se limitait à ses limites administratives. Ces grands commis de l'Etat chercheraient à tuer le dialogue avant de débuter, ils ne s'y prendraient pas mieux. Et si nous rajoutons le dédain affiché par le Préfet Cabane des Pyrénées-Atlantiques pour la démocratie locale nous avons tous les ingrédients pour une rupture pure et simple du dialogue d'ici la fin de la semaine.

Déjà en 1990, des comportements similaires avaient été observés et M. Bertrou-Cantou déclarait à la presse "Nous avons été bernés. Le comportement des hauts fonctionnaires du ministère est inadmissible; il bafoue les principes les plus simples de la démocratie." A bon entendeur, salut!
Nous savons que la démocratie n'est pas le point fort des milieux de l'écologie et du Ministère en particulier. Comme les hauts fonctionnaires en question n'ont guère changé...

- Les rendez-vous de fin de semaine.

Le premier rendez-vous sera à la Préfecture des Hautes-Pyrénées le jeudi 2 août à 9h.
L'objectif serait de "remettre à plat" le protocole concernant les ours à problème.
Le second rendez-vous aura lieu à la Préfecture des Pyrénées-Atlantiques vendredi 3 août à 15h avec Nathalie Kociusko-Morizet qui viendra "écouter" les éleveurs, élus et associations environnementalistes du département comme elle l'a déjà fait à Toulouse. Mais ils se sont déjà exprimé au travers des courriers.

Pour ces deux rendez vous, les acteurs des territoires de montagne, qu'il s'agisse des éleveurs, des organisations professionnelles agricoles, des élus locaux ou des acteurs du tourisme, sont particulièrement déterminés. Il apparaît sans aucune ambiguïté que Franska et Boutxy doivent être retirés quelque soit l'avis des experts dont la partialité est déjà remise en cause. Selon nos informations, il se pourrait que ce soit "un préalable non discutable et non négociable."

Pour la "remise à plat du protocole concernant les ours à problème", l'ASPP 65 sera présente à la Préfecture des Hautes-Pyrénées avec la Chambre d'Agriculture, la FDSEA, le CDJA. Mais sa "présence ne se vaut pas acceptation du plan. Nous le poserons comme préambule, nous écouterons mais hors de question de se lancer dans une participation à cet aspect du plan ours." Les bases sont claires pour les pouvoirs publics: la position des associations réunies au sein de l'ADDIP restent hostiles aux introductions. Qu'on se le dise!

- La paix sociale

Philippe Lacube l'a clairement exprimé: "nous sommes dans une situation insurrectionnelle". Les Préfets peuvent toujours vilipender les propos du leader charismatique des éleveurs, les faits sont là. Ils existent depuis longtemps et les responsables associatifs comme les organisations syndicales et les élus craignent le pire. Faudra-t-il une catastrophe pour que les pouvoirs publics le croient?

La paix social ne pourra revenir que lorsque "ces ours à problème seront retirés. Il n'y a rien d'autre à dire."

- Des experts internationaux déjà contestés.

Une expertise sera conduite par trois experts: un slovène, un espagnol et un américain. "Si l'on avait pris un Français, on aurait dit que les dés étaient pipés". précise le préfet Carenco. Pour les éleveurs, "le préfet prend des vessies pour des lanternes" car pour eux le choix d'un espagnol et d'un slovène confirme qu'une fois de plus "les dés sont effectivement pipés."
Pourquoi?
Pour l'espagnol, il y a fort à parier qu'il vienne des Cantabriques. Précisément dans ce massif tout ne se passe pas comme on veut bien nous l'expliquer. Les mêmes problèmes produisent les mêmes effets à cette précision près qu'il y a peu ou pas d'élevage ovins. Mais la problématique de l'ensauvagement des espaces montagnard et de la perte de biodiversité au profit d'une seule espèce emblématique existe bien.
Pour le slovène, on prend le copain des captures qui nous a refilé une vieille ourse. "Comment lui faire confiance?" Ou encore: "ils veulent nous en refiler une autre!"

Il semble bien que les éleveurs "se moquent totalement de l'avis des experts". Pour eux les faits sont là, indiscutables. "Il faut décider sur des faits et non sur des expertises."

- Et si Franska n'était pas le vrai problème?

Certes, Franska, Boutxy, sont des problèmes ponctuels pour lesquels il faut trouver des solutions rapides, efficaces pour s'attaquer aux vrais problèmes.
Le cantonnement? Quelque soit le nom adopté, comme "zone de présence" qui ne veut rien dire puisque l'ours se déplace sur toute la chaîne, c'est une idée. Mais est elle vraiment viable à long terme? Au fond cela ne règle rien mais reporte les problèmes à 10 ou 20 ans: " qu'est ce qu'on fait des ours quand il y en a beaucoup (trop)?? "Personne n'a abordé ce sujet. Le plan ours ne prévoit rien alors qu'il prévoit implicitement de parquer ceux à problème ce que précisément les pouvoirs publics ne font pas sous l'impulsion du lobbying écologiste.

Le véritable enjeu pour l'avenir est le maintien et le développement de la biodiversité dans un cadre humain, accepté par l'homme et surtout par ceux qui vivent sur les territoires concernés. Le risque actuel est de voir partir l'homme des territoires qu'il a su protéger, aménager, utiliser, travailler et avec lui tout son savoir faire, ses connaissances du milieu, ses races d'animaux d'élevage adaptées, la diversité des paysages, etc... Ce serait l'ensauvagement des territoires abandonnés par l'homme et avec lui la disparition d'un grand nombre d'espèces animales et végétales et d'activités à commencer par le tourisme.

C'est en fait le rêve de Gilbert Simon, l'actuel Président de FERUS et du comité scientifique du WWF alors Directeur de la nature et des paysages au ministère de l'écologie qui, dans les années 1990 disait à Pierre Forgues (député PS des Hautes-Pyrénées) qu'il coûterait moins cher à l'Etat de loger les bergers dans les villes en leur donnant le RMI plutôt que de faire un plan ours. (Cf. " Génération démagogie " de Marianne Bernard - Ed. S.E. Bihet - 1992 - Préface de Jacques Longué)

A croire que l'histoire est entrain de se répéter.

Louis Dollo, le

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