Suite à l'annonce faite par Nelly Olin, Ministre de l'écologie, au cours de sa conférence de presse du 13 mars 2006, la réintroduction de l'ours dans les Pyrénées n'est pas sans
laisser des interrogations y compris dans le milieu de la défense de l'environnement. Il semble bien que la décision tienne plus compte d'un aspect biologique, écologique et
sentimental d'une population française pour laquelle l'imaginaire de l'ours est très présent sans tenir compte des hommes qui vivent et travaillent dans le même milieu et que nous
condamnons à une cohabitation forcée.
Quand un homme est contraint et forcé, en général, il se rebelle et organise une certaine forme de résistance. L'humain est ainsi fait!
Faut-il applaudir aux lâchers d'ours? Bien sûr cette volonté de l'Etat est la preuve qu'il a conscience des carences passées et de la nécessité d'y mettre un terme.
Mais on ne peut ignorer que pour des éleveurs et des bergers, l'ours n'est pas le bienvenu. Sans doute parce qu'eux-mêmes, comme beaucoup de paysans, pensent que l'ours leur est préféré. C'est pourquoi, une politique de valorisation des activités rurales est nécessaire.
Notre Ligue ne peut donc se réjouir sans restrictions à l'annonce de l'arrivée d'ours.
Elle s'interroge sur la volonté du ministère de l'agriculture de défendre un pastoralisme respectueux des hommes et des milieux. Ces personnes qui vivent en pays de montagne ne
doivent pas être laissées pour compte et il faudrait bien que le ministre de l'agriculture soit plus rapide à satisfaire leurs aspirations et au moins aussi décidé à le faire que
l'est le ministre de l'écologie à faire survivre l'ours chacun son rôle L'absence de ce double engagement hypothèque l'avenir des bergers et des ours
Communiqué de presse du 13 mars 2006 de la Ligue ROC remplacée par Humanité Biodiversité
L'objectif est de renforcer une population réduite à une petite vingtaine d'individus sur l'ensemble du massif. La ministre de l'Ecologie, Nelly Olin, a détaillé lundi les modalités de son plan de soutien à l'ours brun: cinq individus slovènes, quatre femmes et un mâle, seront lâchés de la mi-avril à début juillet dans quatre communes des Pyrénées. Si les éleveurs se montrent hostiles à cette décision, les partisans du plantigrade brun semblent, eux, ravis.
14 à 18 ours actuellement présents dans les Pyrénées
Cinq Slovènes dans les Pyrénées. Afin de renforcer une population réduite à une petite vingtaine d'individus sur l'ensemble du massif, la ministre de l'Ecologie, Nelly Olin, a
détaillé lundi (13 mars) les modalités de son "plan de restauration et de conservation de l'ours brun dans les Pyrénées": cinq bêtes en provenance de Slovénie seront lâchées
entre avril et juillet sur quatre communes,
Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées), Bagnères-de-Luchon, Burgalays et Arbas (Haute-Garonne).
Ces cinq ours viendront ainsi rejoindre les 14 à 18 ours actuellement présents dans les Pyrénées, selon les estimations officielles. Une population en grande partie descendante d'autres bêtes slovènes, puisqu'en 1996, déjà, trois ours slovènes avaient été lachés à Melles (Haute-Garonne). La Slovénie compte une population de près de 500 ours, génétiquement très proches de l'ours pyrénéen et en excellente condition sanitaire.
A cette saison, les ours promis à l'émigration dorment encore en Slovénie où l'hiver rigoureux qui s'étire prolonge leur hibernation. Leur capture devrait commencer vers la
mi-avril, sans qu'il soit possible pour le ministère de fixer un calendrier précis.
Attirés dans des cages et aussitôt anesthésiés, ils seront ensuite transportés en camion jusqu'à leur nouveau territoire où le ministère espère les avoir réinstallés d'ici au début
juillet. "Ils seront relâchés munis d'une sorte de balise
afin qu'on puisse les suivre. Ensuite, on verra comment ils s'adaptent", explique-t-on dans l'entourage de la ministre.
Associations réjouies, polémique chez les éleveurs
Mais si la nouvelle a réjoui les associations écologistes, qui saluent la mesure en espérant qu'elle sera respectée et ira au-delà du "simple effet d'annonce", elle suscite en
revanche la polémique dans les montagnes: une première manifestation d'élus et d'éleveurs des six départements pyrénéens concernés s'est déroulée vendredi à Toulouse. Ils étaient
350 environ, accompagnés d'ânes et de brebis. "C'est pas à nous de nourrir les ours", clamait la pancarte d'un berger, le président du conseil général de l'Ariège, Augustin
Bonrepaux, prévenant: "si le gouvernement ne recule pas, ça se passera mal".
De leur côté, les associations écologistes, échaudées par les promesses non tenues, s'apprêtent à suivre le déroulé du plan avec attention. Pierre Athanaze, d'Action nature, insistait vendredi pour "un premier relâcher de cinq ours dès cette année" afin de garantir "le retour d'une population viable d'ours" dans les Pyrénées. Il a rappelé une étude réalisée en 2002 par l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), qui estimait que "la population d'ours ne sera viable que si au moins onze ours sont relâchés au cours des prochaines années".
"Attendons de voir", a, lui, indiqué Cédric Dumonceau, directeur général du WWF France et fervent partisan du maintien des ours dans les Pyrénées "au nom de la biodiversité mais aussi de l'identité du terroir". "Après la mort de Canelle - l'oursonne tuée par un chasseur à l'automne 2004 - il avait déjà été promis que la population serait complétée". "L'important, c'est de le faire", a-t-il ajouté en appelant au "courage politique".
Auteur: G.F.
Source: RTL du 13 mars 2006
Comme on pouvait s'y attendre, aucune ourse ne viendra remplacer Cannelle tuée en 2004 en vallée d'Aspe. La ministre de l'Ecologie, Nelly Olin, l'a confirmé hier matin en annonçant
que cinq ours (quatre femelles et un mâle) seraient bien relâchés au printemps prochain, mais uniquement dans les Pyrénées centrales.
Précisément, ce seront dans les communes d'Arbas, de Burgalays et de Bagnères-de-Luchon, en Haute-Garonne, et celle de Bagnères-de-Bigorre, dans les Hautes-Pyrénées, que se
dérouleront les opérations de réintroduction. Ces quatre communes étaient candidates comme celle de Massat, en Ariège, mais le front de refus de l'ours étant aussi fort dans ce
dernier département que dans celui des Pyrénées-Atlantiques, le ministère a préféré ne pas choisir le passage en force.
On est loin des quinze ours annoncés par l'ancien ministre Serge Lepeltier, et même de la dizaine qui serait nécessaire, selon les biologistes, pour avoir une chance de pérenniser
l'espèce dans la chaîne pyrénéenne. Néanmoins, hier, les associations naturalistes favorables à la réintroduction ne boudaient pas leur plaisir. "Pour nous, c'est un grand jour",
avouait Alain Reynes, le directeur de Pays de l'ours-Adet. "Nous sommes fiers qu'Arbas ait été choisi comme lieu du premier lâcher. C'est la reconnaissance d'années de travail et
un beau remerciement pour la municipalité qui s'est toujours impliquée fortement dans cette opération."
Cette opération dans la commune de Haute-Garonne n'interviendra certainement pas avant le début mai, au mieux la fin avril, puisque les ours hibernent encore en Slovénie. Ensuite,
il en sera lâché deux à Bagnères-de-Bigorre, puis un à Burgalays et un autre à Bagnères-de-Luchon. L'ensemble de l'opération de réintroduction doit être terminé avant l'été.
Les cinq ours seront capturés dans deux zones distinctes, afin d'éviter les problèmes de consanguinité, et aussitôt pris en charge par des équipes françaises comprenant un
biologiste, un vétérinaire et des techniciens de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage. Le transport, qui durera moins de vingt-quatre heures, sera assuré par la
route, comme cela avait été le cas pour Melba, Giva et Pyrhos.
Les endroits où seront effectués les lâchers seront soigneusement choisis pour garantir une tranquillité maximale aux plantigrades découvrant leur nouvel habitat. Des plantigrades
qui seront bien évidemment suivis en permanence par radiotélémétrie (lire par ailleurs).
Les résultats de ce suivi seront passionnants, car ils permettront de savoir quels choix effectueront les nouveaux ours. Resteront-ils cantonnés dans le centre des Pyrénées, comme
la majorité de leurs congénères locaux, ou bien se disperseront-ils vers l'ouest et l'est de la chaîne? A ce jour, on estime que neuf à douze spécimens vivent sur un territoire
s'étendant de la vallée du Louron au val d'Aran, en Espagne, en passant par le Luchonnais, le Comminges et le Couserans. Ils sont un ou deux en Ariège, vers Orlu, et enfin quatre
mâles vivent encore en haut Béarn. La population actuelle est donc de quatorze à dix-huit individus, mais elle peut gonfler assez rapidement et sur l'ensemble de la chaîne.
En effet, ce sont les ours qui décideront, et eux seuls, de leur nouvelle adresse. Rien n'empêche, par exemple, d'imaginer que certains décident d'aller faire un tour en haut Béarn
malgré le refus de l'Institution patrimoniale et de son président,
Jean Lassalle, de les recevoir officiellement. A moins que les quatre mâles de l'endroit ne filent illico dans le centre de la chaîne conter fleurette aux nouvelles
arrivantes... ce qui est malheureusement plus probable.
Une seule chose est sûre, cette opération risque d'aviver les passions au cours des prochaines semaines. Déjà, les opposants n'hésitent pas à affirmer que les ours seront dangereux
pour les promeneurs, alors que 120 plantigrades de la même famille vivent en Espagne dans la cordillère Cantabrique et y ont permis le développement d'un nouveau tourisme de nature.
C'est la même chose en Slovénie, pays comptant plus de 500 spécimens, où une clientèle internationale de passionnés vient randonner en rêvant d'apercevoir un plantigrade.
Mais dans certains secteurs des Pyrénées françaises, tous les arguments sont bons pour les anti-ours. La palme revenant sans doute au mouvement CPNT, qui affirmait hier que les
ours slovènes allaient nous amener le virus de la grippe aviaire!
Auteur: Pierre Verdet
Source: Sud-Ouest du 14 mars 2006
"Ils organisent le ratage du sauvetage de l'ours", affirme le député (UDF) des Pyrénées-Atlantiques. "Je pense que Nelly Olin devrait se pencher sur des groupes de pression terrifiants, comme Férus ou la Fondation Nicolas Hulot. Sauver des ours est un acte d'amour: il doit être fait par des hommes réconciliés, sinon c'est un viol. Les gens n'en veulent pas parce qu'ils ont peur: ils n'ont ni espoir ni perspective. En 1996, j'étais d'accord pour mettre deux ourses, puis Pelletier est arrivé et a dit qu'on en mettra quinze."
Le ministère de l'environnement a présenté un plan de réintroduction de l'ours dans les Pyrénées. Cinq animaux, venus de Slovénie, seront lâchés au printemps dans les environs de quatre communes qui avaient donné leur avis favorable.
Abattue par un chasseur en 2004, Cannelle ne sera pas morte pour rien. Du moins pour la population d'ours des Pyrénées. Le ministère de l'environnement a présenté ce matin un plan
de réintroduction de l'ours dans les Pyrénées. Cinq animaux, venus de Slovénie, seront lâchés dans la nature au printemps sur quatre communes dont les conseils municipaux avaient
voté en ce sens: Arbas, Burgalays et
Bagnères-de-Luchon (Haute-Garonne) et Bagnères-de-Bigorre (Hautes Pyrénées). Après un intense lobbying de l'institut patrimonial du haut Béarn
(IPHB), il n'y aura pas de réintroduction dans les Pyrénées Atlantique,
ce que déplorent les éocologistes.
Car la réintroduction ne se fait pas sans heurts. Depuis plusieurs jours, des chasseurs, des habitants des régions concernées et des éleveurs sont descendus dans la rue pour
protester contre le renforcement de la population du plantigrade. Vendredi, ils étaient ainsi près de 350 à manifester à Toulouse, munis de pancartes "Ce n'est pas à nous de
nourrir les ours". Les opposants mettent aussi en avant le risque d'accident lié à la rencontre entre l'ours et les
touristes, nombreux, qui visitent la région. Aujourd'hui, entre quatorze et dix-huit ours vivent dans les Pyrénées.
Les quatre femelles et le mâle réintroduits proviennent de Solvénie, dont la population de plantigrades, saine et génétiquement proche de l'ours des Pyrénées, est estimée à cinq
cent animaux. Les ours seront équipés d'une balise qui
permettra de suivre leurs évolutions dans la chaîne pyrénéenne. Ils devraient être relâchés avant le mois de juillet, pour leur permettre d'évacuer le stress lié à leur capture et
de s'adapter à leur nouvel environnement avant de préparer la prochaine hibernation. Le premier lâcher est prévu pour la mi-avril sur la commune d'Arbas.
Auteur: D.Dq
Source: Libération du lundi 13 mars 2006 - 13:07
Le titre est révélateur soit d'une ignorance des faits (l'ours a toujours été présent dans les Pyrénées contrairement au reste de la France, il ne peut donc pas s'agir d'un retour)
et il ne s'agit pas d'une réintroduction puisque l'ours existe déjà (ce ne peut être qu'une introduction d'ours ou un renforcement de population existante).
Par ailleurs l'amalgame sur les opposants est impressionnant: "...des chasseurs, des habitants des régions concernées et des éleveurs sont descendus dans la rue...". Il s'agit
simplement d'habitants des villages. Ne pas oublier qu'en 1994 et 1995 les chasseurs étaient impliqués dans l'introduction d'ours.
Quatre communes des Pyrénées s'apprêtent d'ici au début juillet à accueillir cinq ours slovènes, quatre femelles et un mâle, qui viendront renforcer une population menacée de consanguinité et d'extinction si rien n'est fait.
Passant outre la colère de certains éleveurs sur place, la ministre de l'Ecologie, Nelly Olin, a présenté lundi à Paris son plan de "renforcement" de l'ours brun dans la région, aux côtés des maires des quatre communes concernées de Haute-Garonne et des Hautes-Pyrénées, toutes volontaires pour accueillir les nouveaux venus à partir de la mi-avril.
Arbas (Haute-Garonne) recevra le premier individu, Bagnères de Bigorre (Hautes-Pyrénées) en accueillera deux, Burgalays et Bagnères-de-Luchon (toutes deux en Haute-Garonne) les deux derniers, a-t-elle précisé.
Ils rejoindront les 14 à 18 ours actuellement présents selon les estimations officielles.
Il s'agit de remplacer les trois ours morts par accident, après la disparition de Canelle, tuée en 2004 par un chasseur, Melba et Claude, décédés en 1997 et 1994.
Les dernières introductions d'ours slovènes dans les Pyrénées (la Slovénie a aussi fourni des ours à l'Autriche et à l'Italie) remontent à 1996-97 et "tous les oursons ont montré une parfaite capacité d'adaptation au milieu", a expliqué Philippe Sénégas, directeur de l'Environnement (Diren) de Midi-Pyrénées.
Les nouveaux-venus feront l'objet de la même attention: une évaluation sanitaire au départ de Slovénie et le suivi de leur adaptation, au moyen d'une balise et en mobilisant chasseurs, naturalistes, agents pour relever les traces de leur passage.
Leur capture et leur transfert, dans une cage et en camion, sera suivi par une équipe française composée d'un biologiste, d'un vétérinaire et de trois assistants. Les sites de "lâcher" seront sélectionnés pour garantir des refuges calmes et des tanières possibles dans un rayon de 2 ou 3 km.
En apportant du sang neuf, notamment des femelles actuellement déficitaires, "nous réduisons fortement les risques de consanguinité, l'une des principales menaces actuelles", a également relevé Mme Olin.
Si le renforcement de la population ursine a ravivé la colère des éleveurs et de certains élus -- environ 350 personnes, venues des six départements pyrénéens, ont manifesté contre vendredi à Toulouse --, il satisfait les défenseurs de la diversité naturelle et les communes qui les reçoivent.
Le maire d'Arbas, François Arcangelli, qui réfléchit déjà avec ses administrés au nom de baptême de "son" ours, a rappelé qu'une pétition lancée par sa commune avait reçu 125.000 signatures de soutien au renforcement de l'ours brun. Celui de Burgalays, Alain Ladeveze, a fait valoir que dès mars 2005, son conseil municipal s'était porté volontaire.
Les communes entendent ainsi affirmer "leurs valeurs et leur identité", a déclaré l'édile de Bagnères-de-Luchon, René Rettig. S'agissant d'une espèce protégée (depuis 1981), les maires sont en outre déchargés, en cas d'accident ou de dégâts, des responsabilités qui leur incombent habituellement.
L'ours a toujours cohabité avec l'homme et ses troupeaux dans les Pyrénées et n'y a jamais causé de mort d'homme. L'y maintenir durablement nécessiterait plus que cinq nouveaux représentants, reconnaît le ministère qui entend cependant s'en tenir là pour le moment, après plus d'un an d'âpres négociations et de concertations avec les responsables locaux.
Le prédécesseur de Mme Olin, Serge Lepeltier, avait évoqué en 2005 l'arrivée de quinze ours sur trois ans: "Cinq, c'est aujourd'hui un chiffre raisonnable et rassurant", a relevé l'actuelle ministre.
Source: AFP/Yahoo du 13 mars 2006
Cinq ours seront lâchés avant l'été dans les Pyrénées, afin de sauver cette espèce menacée d'extinction en France. La ministre de l'écologie, Nelly Olin, devait annoncer, lundi 13 mars, les lieux choisis et les mesures d'accompagnement de ces lâchers. Quatre nouvelles femelles et un mâle rejoindront la quinzaine d'ours présents dans la chaîne pyrénéenne. Originaires de Slovénie, ces animaux seront réintroduits dans les Pyrénées centrales, où plusieurs communes sont volontaires pour les accueillir.
Aucun lâcher n'aura lieu dans les Pyrénées-Atlantiques, qui comptent les derniers représentants, tous mâles, de la branche locale. Le Norvégien Jon Swenson, spécialiste consulté par le ministère de l'écologie, a pourtant recommandé de leur "donner la priorité". "Si aucune femelle n'est relâchée dans les Pyrénées occidentales, la diversité génétique des mâles restants sera perdue", a-t-il prévenu. [Nota: Lire le rapport Swenson de l'UICN]
Des scientifiques estiment d'ailleurs que l'introduction de cinq individus est insuffisante pour sauver l'espèce. Le précédent ministre de l'écologie, Serge Lepeltier, avait bien envisagé de réintroduire une quinzaine d'individus. Mais Mme Olin a revu ce chiffre à la baisse devant l'hostilité du monde agricole, soutenu par plusieurs élus, dont le président (PS) du conseil général de l'Ariège, Augustin Bonrepaux, et le député (UDF) des Pyrénées-Atlantiques Jean Lassalle. Cet élu, qui condamne la "décision intempestive de l'Etat", décrit "un mauvais climat" sur place et prévient qu'"il risque d'arriver des accidents aux ours".
Cette introduction pourrait relancer la "guerre civile pyrénéenne", selon l'expression de Jean-Marc Prim, de la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA) des Pyrénées-Atlantiques. Depuis l'arrivée, en 1996 et 1997, de trois ours, également d'origine slovène, la cohabitation entre hommes et ours a été tendue. Des animaux ont été abattus. De fait, le prédateur a cristallisé plusieurs antagonismes: entre paysans et écologistes, entre ruraux et urbains, entre pouvoirs locaux et "Paris".
Pour M. Prim, la présence de l'ours est "ingérable" pour les paysans, qui pratiquent un élevage extensif et disposent de faibles revenus. L'ours tue ou effraie les animaux, qui tombent dans des ravins. "Il faudrait des centaines de salariés pour garder les troupeaux, nous ne les avons pas", affirme-t-il. Les brebis, autrefois gardées par des bergers en altitude, sont aujourd'hui laissées libres de pâturer dans les estives. Selon le ministère de l'écologie, 200 à 300 animaux par an, victimes de prédations, font l'objet d'une indemnisation.
Des pertes minimes, selon les défenseurs de l'animal. Pour eux, l'ours brun, même s'il n'est pas menacé au niveau mondial, doit être préservé en France car il fait partie du patrimoine pyrénéen. En outre, rappelle Yannick Giloux, délégué général de l'association Ferus, "la France a pris des engagements européens et internationaux pour préserver la biodiversité".
Dans les Pyrénées centrales, l'Association pour le développement durable en Pyrénées centrales (ADET) a réussi à fédérer plusieurs élus autour d'un projet de développement agricole et touristique centré sur la présence de l'ours. Les trois quarts de la population des départements concernés y seraient favorables, affirme Alain Reynes, directeur de l'ADET, qui estime que l'hostilité des agriculteurs est une "opposition de principe". Des moyens de protection des troupeaux existent, comme le gardiennage et l'utilisation de chiens, rappelle-t-il, en ajoutant que "le budget du programme de réintroduction de l'ours s'élève à 1,5 million d'euros par an, dont la moitié est utilisée pour l'aide au pastoralisme".
Auteur: Gaëlle Dupont
Source: Le Monde du 13 mars 2006
Autres dates et faits historiques concernant l'ours des Pyrénées
Communiqué du FIEP - Pau, le 13 mars 2006
Une première étape importante, mais en Béarn le compte n'y est pas
La Ministre de l'Ecologie vient d'annoncer le lâcher de 5 ours dans les Pyrénées en 2006. Cette décision va dans le bon sens et nous saluons et soutenons cette première étape vers la restauration d'une population viable d'ours dans les Pyrénées.
Mais en Béarn, territoire où vivent des ours sédentaires, l'ourse Cannelle, abattue le 1er novembre 2004, n'est pas remplacée.
Une opportunité avait été laissée à l'Institution Patrimoniale du Haut Béarn de respecter le contrat qu'elle avait signé en 2004 avec l'Etat, la Région et le Département prévoyant le lâcher de deux ourses. Elle n'a pas respecté ses engagements. Cette Institution a rompu son contrat , elle ne doit plus être co-gestionnaire, avec l'Etat, de la conservation de l'ours en Béarn, comme c'était le cas depuis la charte de juillet 1994.
Compte-tenu du fait que l'Etat est responsable de la conservation de l'espèce ours brun, par les textes internationaux et les lois françaises, le FIEP demande à la Ministre de suppléer à la défaillance de l'IPHB par le renforcement de 2 femelles en Béarn, pour remplacer celles tuées en 1994 et en 2004.
Trois enquêtes d'opinion révèlent depuis 2 ans que 75% des habitants de notre région sont favorables au renforcement et à la conservation de l'espèce, de même que 74% des élus des vallées béarnaises sont favorables au rétablissement de la situation antérieure (enquête Férus 2006).
Face à l'échec de L'IPHB, il nous semble indispensable que l'Etat reprenne ses prérogatives et qu'il assume, dans ce domaine, ses responsabilités, comme il les assume dans d'autres domaines d'intérêt général comme la sécurité publique et routière, la santé, l' alimentation..., sans attendre l'unanimité dans un domaine d'intérêt national ou communautaire.
Le FIEP Groupe Ours Pyrénées appelle la Ministre à mettre en place, en Béarn, une structure de concertation qui permettra de reprendre le dialogue entre les diverses parties
concernées et de respecter le contrat prévoyant le lâcher de 2 femelles.
C'est sur ce territoire où vivent des ours de façon permanente et où il y a des habitats préservés que des femelles réintroduites se sédentariseront facilement. Sans cela il y aura
difficilement une population viable d'ours le long des Pyrénées.
C'est également dans ces vallées, que l'on a créé, expérimenté et réalisé avec succès la plupart des outils de cohabitation entre un pastoralisme digne de ce nom et la conservation
d'un prédateur comme l'ours: indemnisations justes, héliportages, muletage, chiens de protection, enclos, projecteurs, radiotéléphones, marque du fromage avec l'empreinte de l'ours
(FIEP-WWF-association de bergers), financement de 60 cabanes et fromageries subventionnées à 80%, etc. Sur le terrain, il y a une culture du gardiennage et de vie avec l'ours.
A-t-on le droit face à un tel bilan positif d'un point de vue humain et de la biodiversité de laisser cette région pionnière en ce domaine en dehors du plan de renforcement, en
cédant au veto de ceux qui n'ont pas respecté leur contrat?
L'Etat a la légitimité de réparer, grâce à la loi et à la charte qu'il a signée, à la place de l'IPHB défaillante. Nous ne pouvons accepter qu'une minorité, pour des raisons
personnelles et électorales, tue une deuxième fois les ourses Cannelle et Claude..
Pour que soit honorée la Parole donnée et que la Vie (des bergers et des ours) et le Droit l'emportent dans notre pays.
FIEP Groupe Ours Pyrénées
Je vois dans ces propos deux choses essentielles:
1/ Soit la création d'une autre structure de concertation en remplacement de l'IPHB. Mais comme il y aura les mêmes hommes avec les mêmes décideurs puisqu'il s'agira de toute
manière des mêmes acteurs... cette nouvelle structure conduira aux même conclusions et aux même effets avec en plus la haine à l'égard de ceux qui l'auront demandé. La suggestion
me parait un peu comique ou simplement de circonstance pour se valoriser ou pour créer des conflits supplémentaires... A qui profite la division?
2/ Soit le FIEP appelle à l'instauration d'une dictature étatique qui imposerait son point de vue sous la pression du lobbying écologiste (du moins de certains). Mais c'est
une vision assez peu probable dans le contexte actuel même si c'est dans la logique politique d'une minorité écologiste.
Nous pourrions aussi analyser ce communiqué comme étant l'expression d'une jalousie de la part du FIEP de ne pas pouvoir exercer le Pouvoir et imposer son point de vue. A ma connaissance, les décisions de l'IPHB se prennent à la majorité (à confirmer) et non à l'unanimité. Le FIEP devrait avoir l'honnêteté intellectuelle de dire que ses idées sont minoritaires et qu'à ce titre, ce qui se passe en Béarn, n'est que son échec personnel duquel il devrait en tirer les conséquences: sa dissolution.
Le vrai problème est pointé du doigt par le ROC dans son communiqué d'hier. Un renforcement de la population d'ours ne peut se faire que si des améliorations pastorales sont réalisées sur toute la chaîne et pas seulement en Béarn. Or, il semble bien, que le Ministère de l'écologie et le Ministère de l'Agriculture n'avancent pas à la même vitesse avec le même objectif. Agriculture et écologie n'étant pas sur la même longueur d'onde il faudra s'attendre à un crash à un moment donné. Où et quand? L'avenir le dira.
Au-delà de la jalousie affichée par le FIEP se profile également une lutte de pouvoir pour la répartition des aides d'Etat et autres en fonction des actions en faveur du pastoralisme et/ou de l'ours. Actuellement ces aides viennent d'une multitude de strates administratives et associatives dont le FIEP fait partie. La question qui doit se poser est: est-ce que le FIEP a aujourd'hui une légitimité pour gérer ces fonds autre que ses fonds propres?
Si, par le passé, il a été l'initiateur, aujourd'hui il n'est qu'un élément du puzzle et de la stratification administrative. Ne doit-on pas simplifier toutes les procédures où le FIEP serait bien évidemment exclu ou fondu au sein de la structure représentative afin d'être plus efficace et de pouvoir mieux en cerner l'efficacité?
C'est peut-être là que se situe la vraie problématique et c'est peut-être le FIEP qui joue son va-tout à coup de communiqués. Peut-on être à la fois un acteur du développement et un militant revendicatif distribuant des fonds à qui l'on veut pour des actions choisies non par les acteurs eux-mêmes mais par des militants pour satisfaire LEUR politique?
L'avenir nous le dira.
Nous pouvons constater:
Tous les commentaires sont de Louis Dollo, le 13 mars 2006.