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Nelly Olin, Ministre de l'écologie, a enfin entendu les revendications et découvert l'action en référé auprés du Conseil d'Etat. Elle suspend les captures d'ours en Slovénie et les lâchers dans les Pyrénées.

- Nelly Olin décide de faire patienter l'ours

Face à la contestation, le ministre de l'Ecologie demande la suspension des captures de plantigrades slovènes destinés à repeupler les Pyrénées.

Initialement prévue le 12 mai, l'audience du Conseil d'Etat dont dépend la poursuite du plan de réintroduction d'ours dans les Pyrénées a été avancée à ce matin. La tournure prise par les événements ces derniers jours a sans doute incité les juges à accélérer la procédure. De son côté, Nelly Olin, ministre de l'Ecologie, a annoncé hier matin qu'elle avait demandé la suspension des captures en Slovénie, dans l'attente de la décision des magistrats.

Alors que deux ourses slovènes - Palouma et Franska - ont été relâchées ces jours derniers dans des conditions rocambolesques, les opposants au retour du plantigrade ont franchi un cran dans la contestation. Les bêtes ont été visées - douze pots de miel contenant des morceaux de verre et marqués "attention poison anti-ours" ont été retrouvés ces jours-ci non loin de Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées) où Franska a été remise en liberté - mais des hommes l'ont été également.

- Manifestations sur le terrain

Des responsables de l'ONCFS (Office national de la chasse et de la faune sauvage) ainsi que François Arcangeli, maire d'Arbas, ont en effet reçu des lettres de menaces. "Tu mérites le châtiment suprême", précisait notamment la missive adressée à l'élu de Haute-Garonne. Par ailleurs, le monument aux morts de la petite ville de Massat (Ariège) a été tagué.

"Cela prend des tournures inquiétantes, j'en appelle au calme, mais cela me dépasse", expliquait hier Philippe Lacube l'un des responsables de l'Aspap (Association pour la sauvegarde du patrimoine Ariège-Pyrénées) tout en se refusant néanmoins à condamner explicitement les exactions. "Ces attitudes sont totalement disproportionnées et délirantes", réagissait de son côté Alain Reynes, directeur de l'Adet (Association pour le développement économique et touristique des Pyrénées) qui plaide depuis des années pour le retour de l'ours. "Les anti-ours ont demandé à la justice de trancher. Si elle abonde dans leur sens, ils auront gagné, mais si elle approuve le plan qui prévoit à terme le retour de cinq ours, j'espère qu'ils s'y rangeront", poursuit le militant.

Rien n'est moins sûr. "Je pense que cela risque d'aller encore plus loin, assure Philippe Lacube. Il faut que le ministre prononce un moratoire et réunisse autour de la table les gens des vallées."

Les anti-ours sentent-ils un léger fléchissement dans la volonté du ministre de l'Ecologie? "Si le conseil nous est favorable, expliquait hier Nelly Olin, je devrai enclencher une deuxième étape, une phase d'analyse de la situation, car il serait irresponsable de continuer si les ours sont mis en danger." Pour autant, les équipes en charge des captures ont été maintenues dans les forêts slovènes, prêtes à reprendre leur travail.

En attendant, les opposants organisent deux manifestations sur le terrain. L'une aujourd'hui sur la commune de Luchon (Haute-Garonne), l'autre samedi prochain à Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées).

Auteur: Marielle Court
Source: Le Figaro du 6 mai 2006