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La tentative d’effarouchement entreprise début août s’est soldée par un échec malgré une présence permanente des gardes de l’ONCFS. Et depuis, les prédations n’ont pas cessé. Mais en pleine période touristique, sera-t-il un facteur de développement du tourisme de randonnée?

- Rappel des faits

Un ours, à priori identifié comme étant Cannellito, fils de Cannelle tuée le 1er novembre 2004, âgé de 8 ans, séjourne depuis quelques années entre Estaing et le Pays Toy. Cette année, il a probablement estimé que le mouton de Barèges était de meilleures qualités que dans d’autres vallées puisqu’il n’opère ses prélèvements que dans ce secteur entre Bachebirou, Barada, Bué et Saugué.
Après une vingtaine de prédation essentiellement sur le troupeau de Thierry Lassalle-Carrère, et le respect de la procédure «dite «ours à problème», le Préfet a pris, le 2 août dernier, un arrêté d’organisation d’un effarouchement par les agents de l’ONCFS, immédiatement mis en application.

- Effarouchement sans résultat

Après une semaine de présence permanente de 3 gardes de l’ONCFS, jour et nuit, sur le secteur de Bachebirou, l’ours ne s’est pas manifesté. Malin, lou Moussu avait momentanément changé de quartier puisque des prédations ont été perpétrées sur d’autres secteurs et qu’il a été vu à cette même période au col de Riou entre Luz et Cauterets où il avait ses habitudes les années antérieures.

- Le retour à Bachebirou

La présence des gardes sur l’estive de Bachebirou n’étant plus justifiée et la période d’effarouchement possible terminée, l’ours est revenu vers les brebis barègeoise pour se régaler sans aucune crainte de l’homme.
Samedi dernier, deux éleveurs décident de réunir plusieurs brebis en enclos afin des descendre pour l’abattoir. Les deux éleveurs couchent sous la tente pour surveiller leurs bêtes et assurer une descente le plus tôt possible le lendemain. Dans la nuit, ils entendent une agitation, sortent de la tente et voient 4 yeux qui s’échappent dans la lumière. Le lendemain matin au lever du jour ils découvriront une brebis morte et mangée. Les gardes constateront une prédation certaine par l’ours.
Une fois de plus, le constat des éleveurs est sans appel: la méthode du regroupement nocturne et le gardiennage de proximité (si tant est qu’on puisse vivre tout l’été sous une tente au milieu des brebis dans des conditions d’hygiène moyenâgeuses) est inefficace. L’ours fait ce qu’il veut où il veut quand il veut, comme le fait remarquer Laurent Nédélec, garde au Parc National des Pyrénées dans une étude de 1989: «De toutes ces données, il ressort qu’aucun type de gardiennage n’est dissuasif quand l’ours a décidé d’attaquer même s’il préfère éviter la proximité humaine. Les patous, les clôtures électriques ne l’intimident pas».

- Des pertes conséquentes non valorisées pour l’éleveur

Sur l’estive de Bachebirou, il y a actuellement 630 brebis en quatre troupeaux. Depuis début mai ce sont 27 brebis qui sont mortes sans parler des blessées. Ce qui représente plus de 4% du cheptel présent. Un détail selon les associations environnementalistes si nous comparons aux 600000 ovins de la chaîne des Pyrénées. Sans doute, mais pour être honnête, il faut ramener la prédation à l’échelle de l’estive et encore mieux à l’échelle du troupeau. Et là nous constatons que pour un seul propriétaire de 300 brebis ce sont 25 bêtes qui ont été tuées soit plus de 8% de son cheptel. Et ce n’est pas, à priori, terminé.
Les associations environnementalistes disent: «De toute manière ces brebis sont destinées à l’abattoir et vous êtes bien indemnisés». Vision de la situation erronée et méprisable au regard du travail réalisé par l’éleveur. Toutes les brebis ne sont pas destinées à l’abattoir. Il y a une sélection faite à partir d’un suivi depuis la naissance déterminant les brebis pour la boucherie et les brebis pour la reproduction. Et dans le cas de cet éleveur, s’agissant de brebis labellisées AOC / AOP, un quota de renouvellement doit être observé pour conserver son label. A défaut, il est dans l’obligation d’acheter des agnelles à un autre éleveur labellisé qui ne seront évidemment pas les meilleures sélectionnées depuis son troupeau avec son bélier lui-même sélectionné. Les conséquences se répercutent ainsi sur plusieurs années d’autant qu’il s’agit de brebis à très petit effectif, sans pour autant que le manque à gagner sur la durée ne soit indemnisé. Les conséquences économiques, et par voie de conséquence, sociales, sont importantes et dépassent largement cette notion simpliste développée par les ONG de défense de la nature qui ne font qu’exposer, depuis 30 ans, leur ignorance en matière d’élevage.

- Conseils aux randonneurs

Selon les organisations environnementalistes, les français aiment l’ours et celui-ci peut être un facteur de développement économique. Affirmation qui n’a jamais été prouvée. Mais aujourd’hui, la Pays Toy dispose des moyens pour donner raison aux écologistes: ils ont un ours. Et il est presque sédentaire. C’est donc l’occasion pour les touristes et randonneurs de manifester leur amour pour le plantigrade et de se rendre sur l’estive de Bachebirou pour la journée ou la nuit et ainsi de pouvoir admirer Martin.

Les services de l’Etat et les associations militantes écologistes fournissent néanmoins quelques conseils. Suivez-les…

- Comment y aller?

Depuis Luz-Saint-Sauveur prendre la direction de Villenave (route de Barèges, à droite après le collège), poursuivre vers l’Estibe jusqu’au terminus de la piste (parc à bétail). Puis suivre l’itinéraire du pic de Bergons. Au col (cabane), au lieu d’aller à droite vers le Pic partir à gauche à flanc où vous verrez une seconde cabane et un parc. L’estive est vaste de la crête à la forêt en contre bas où vous aurez peut-être plus de chance de le rencontrer. Conseil de berger: «si vous avez un chien, tenez-le en laisse, ne perturbez pas la quiétude des brebis et ne leur donnez pas à manger».
Puisque, selon les écologistes, la présence du berger dissuade l’ours, peut être que la présence de randonneurs aura le même effet que celle du berger pour protéger le troupeau. Essayez! Et faites-nous part de votre expérience.

Louis Dollo, le 16 août 2012 -
Tarbes Infos

- Dernière minute - 17 août 2012: Cette nuit encore à Bachebirou

Nous avons appris ce matin (vendredi 17 août) que l’ours avait encore tué sur l’estive de Bachebirou. L’éleveur, Thierry Lassalle-Carrère, s’est rendu tôt ce matin pour surveiller son troupeau de 300 brebis comme il le fait actuellement tous les 2 jours. Particulièrement déprimé face à la situation qui remet en cause tout son plan de sélection d’animaux qui conditionne l’avenir de son exploitation. La Préfecture des Hautes-Pyrénées, comme toutes celles de la chaîne des Pyrénées, sont tenus par des lourdeurs administratives qui rendent toutes initiatives, notamment l’effarouchement, inopérant.

Ce soir, nous avons confirmation qu’une brebis a été retrouvée morte. C’est la 26ème sur un troupeau de 300 brebis soit près de 9% du cheptel de l’éleveur. La prédation a été reconnue par les agents du Parc National chargés du constat.

Il faut rappeler que l’Etat a des obligations vis-à-vis des éleveurs qui consiste à: «Assurer la pérennité des exploitations agricoles et le maintien du pastoralisme, en particulier en protégeant les troupeaux des attaques du loup et de l'ours dans les territoires exposés à ce risque». Par ailleurs, les éleveurs ont des droits qu’ils pourraient bien revendiquer dans les prochains jours notamment le droit de défendre leurs troupeaux comme le prévoit le Code de l’Environnement qui stipule que: «… tout propriétaire ou fermier peut repousser ou détruire, même avec des armes à feu, mais à l'exclusion du collet et de la fosse, les bêtes fauves qui porteraient dommages à ses propriétés».

Les prochains jours pourraient être chauds si aucune solution efficace n’est trouvée «quelles qu’en soit les conséquences»