Michel Tonelli nous a souvent habitué à des films partisans sur les sujets de l'ours et des grands prédateurs ou d'une pseudo neutralité masquant les véritable enjeux dans le seul but de satisfaire une idéologie. La méthode est adroite mais France 3 l'est beaucoup moins...
Un film de Michel Tonelli - Samedi 28 novembre 2009 à 15h25
On les pensait définitivement disparus ou moribonds. Mais voici qu'ils reviennent en France. Ils sont trois, tels les héros d'une fable: l'ours, le lynx et le loup.
Trois prédateurs qui regagnent désormais les territoires occupés par les hommes. Alors, de nouveau, ils sont confrontés à ceux qui les avaient, jadis, pourchassés et éradiqués. Alors, les langues se délient. Les histoires anciennes reviennent à la mémoire, de nouvelles naissent. Virulents, les clans s'opposent...
Ce film nous propose de parcourir nos territoires sur la piste de ces animaux, et d'observer dans leur sillage la réaction des hommes et des femmes qui les côtoient. Jean-Pierre Cavallo, éleveur-berger sur le col de Tende dans les Alpes du sud (Mercantour) Olivier Bedos, éleveur sur l'estive de Parau dans l'Ariège Rina Schrikker, éleveuse à Mirebel dans le Jura.
Inévitablement des questions se posent: les grands prédateurs ont-ils encore leur place dans nos sociétés modernes? Quels sont les enjeux de leur réintégration? Sont-ils les derniers symboles vivants d'une nature sauvage qui se meurt, et que l'on doit réanimer à tout prix?
Deux intervenants répondent à ces questions et nous aident à mieux comprendre cette problématique de cohabitation: Sophie Bobbé, anthropologue et Farid Benhammou, géographe de l'environnement. Alors que l'homme et la bête semblent devoir s'opposer une nouvelle fois, ce film tente de capter les nuances de ce conflit, de déterminer, du prédateur nomade et de l'humain sédentaire, qui a le droit d'existence.
Source: France 3
Quelques privilégiés ont pu voir ce film en avant première. Les avis sont assez critiques.
Pour ce qui concerne les Pyrénées et l'ours, que verrons-nous?
Des moutons! Normal. Mais pour ce qui est des Pyrénées il ne s'agira que d'un seul éleveur, Olivier Bedos, qui, en 2007 a eu 94 brebis tuées en vallée d'Orlu. Certes, il a changé de mode de pratique. Au lieu d'utiliser deux estives il n'en utilise qu'une seule, l'autre est abandonnée. Bien sûr, il n'a plus de prédation. Normal, il n'y a plus qu'un seul ours... et encore, existe-t-il vraiment? Mais est-cela participer à l'entretien de l'espace, à la biodiversité, au développement du pastoralisme? La réponse pourrait bien être non mais plus surement c'est participer à l'ensauvagement de la montagne, à l'abandon de la diversité des paysages, à la réduction de la biodiversité, etc...
Ce film ne présente pas la réelle problématique des grands prédateurs et leur intérêt. Les éleveurs et bergers sont pratiquement absents des intervenants. Nous ne voyons que des chasseurs et des fonctionnaires. Son,t-ils les premiers concernés? Ou est-ce révélateur d'un comportement hostile des écologistes envers cette profession qui ne partage pas les opinions des défenseurs des grands prédateurs?
La souche pyrénéenne de l'ours est morte. Est-ce faire de la biodiversité que d'importer des ours de Slovénie pour les élever dans les Pyrénées? Il ne pose la question de savoir pourquoi les ours ont disparu des Pyrénées. Pour lui, c'est une évidence, il faut des ours.
Un intervenant, qui souhaite rester anonyme, nous dit: "J'ai assisté à la présentation de ce documentaire que je trouve fade. L'auteur ménage son fond de commerce, sans prendre partie pour les "pro" ou "anti" grands prédateurs, mais laissant sourdre dans ses propos une position très "pro". Cela se comprend. Les témoignages des éleveurs restant également très modérés. En ce qui me concerne je ne travaillerai plus avec Tonelli. Cet homme n'ayant aucune compétence scientifique, même s'il cherche à donner le change, mais tout flatteur vit au........". la personne en question a passé une demi journée sur le tournage pour n'apparaïtre et s'exprimer qu'à peine une minute.
Jean-Pierre Mirouze, éleveur-berger en Ariège qui a pu voir le film nous précise: "la conclusion est bien ciblée. Il va falloir se mettre à respecter les préconisations parce que de toute manière il y aura toujours des grands prédateurs. Il faut changer notre mode d'élevage".
Selon un autre éleveur présent à cette séance, "en privé certains n'hésitent pas à dire que les races de brebis actuelles sont inadaptées aux prédateurs, il faudrait donc en changer au profit de la laitière comme en Béarn ou de la "romane". Et Jean-Pierre Mirouze précise: "à la fin du film, on nous fait une leçon de moral". Et encore, un chasseur nous dit: "ils font abstraction de toute l'histoire du pastoralisme pyrénéen. Ils veulent tout gommer et tout faire à leur manière si on suit leur logique."
En dehors de ces réactions assez critiques, nous ne pouvons que constater l'absence totale d'acteurs permanents des territoires de montagne. Aucun berger. Que des chasseurs qui ne résident pas sur les territoires à ours ou loup. Et beaucoup de fonctionnaires. Que deviennent les élus locaux? Les éleveurs-bergers résidents permanents dans les vallées? Les uses et coutumes et surtout le savoir faire ancestral? La diversité des races de brebis adaptées au milieu qui font aussi partie de la biodiversité? Rien de dit sur les aspects économiques et sociaux des vallées, les externalités positives notamment en faveur du tourisme, autre bras fort du développement économique des montagnes, etc... L'objectivité de la présentation est totalement biaisée
Quant aux deux grands spécialistes intervenants officiels, Sophie Bobbé, anthropologue et Farid Benhammou, géographe de l'environnement, il est important de préciser que ce sont les deux "faire valoir" scientifiques de FERUS. Ce sont donc deux "militants sectaires" de la cause des grands prédateurs qui sont très loin de faire l'unanimité dans le monde scientifique. Nous pouvons même préciser que, en dehors des critiques de la part de plusieurs chercheurs du CNRS dont il interprétait les propos, depuis qu'il a obtenu son doctorat, Farid Benhammou enseigne dans un collège de campagne du Val de Loire à Meung sur Loire. Quelle connaissance autre que livresque peut-il prétendre de la problématique des grands prédateurs? Qu'on ne s'y trompe pas: il n'y a jamais été confronté.
Il est clair que ce ne peut être qu'un monologue entre copains qui sont tous d'accord. A moins que ce ne soit "comme dans un secte où tous les membres sous des couvertures diverses propagent la bonne parole du gourou" nous dit un des éleveurs ayant assisté à la séance. Dans tous les cas, ne donner la parole qu'à ceux qui pensent la même chose, cela ressemble à une manipulation grossière des partisans de la pensée unique de l'écologie.
Le documentaire aborde, avec les éleveurs concernés, les solutions préconisées pour réduire les prédations.
Situation totalement surréaliste dans les Pyrénées.
Les exemples de stupidités affichées ou sous jacentes peuvent être multipliés. Ce documentaire pourrait bien être la référence de ce qu'il ne faut pas faire dans les Pyrénées. L'application de ces mesures prédisent un sombre avenir pour les Pyrénées, pas seulement pour ses habitants mais aussi pour les touristes qui aiment ces montagnes.
Le film est sans doute à voir mais il ne fera certainement pas avancer la cause de l'ours, du loup ou du pastoralisme. Il pourrait peut-être même être à l'origine d'autres polémiques plus importantes.
Il est effectivement assez curieux de constater que la mise en condition de la pensée de Chantal Jouanno: "quand on pense Pyrénées, on pense ours", soit mise en scène par une chaîne de télévision du service public. Nous ne pouvons que constater la même mise en scène psychologique qu'en 2005-2006 pour importer 15 puis 5 ours slovènes.
Le projet d'introduction de deux ourses en Béarn n'est pas nouveau. Il fait partie d'une contrepartie de l'aménagement
de la RN 134 en vallée d'Aspe, notamment le contournement de Bedous. Tout est acté dans divers documents entre 1993 et 1995. Il aura fallu attendre 14 ans pour avoir cette route.
Maintenant qu'elle est faite, il faut respecter "les engagements internationaux" dans ce domaine et non la Convention de Berne comme il est régulièrement dit. Pour être plus
précis, il faut se reporter au cahier des charges des aménagements de la RN 134 du 15 février 1993. Les annexes précisent notamment qu'il ne faut pas moins de 70 ours en Béarn pour
qu'une population soit viable. Mais il est également recommandé de réduire la taille des villages et supprimer les habitats dispersés... Pour laisser la place à l'ours.
La suite, laissons le lecteur l'imaginer.
Ce film de Tonelli diffusé sur une chaïne publique rentre parfaitement dans la mise en condition psychologique des habitants des Pyrénées. Il contribuera à accentuer le conflit entre "pro" et "anti" pour mieux imposer des ours. Diviser pour régner est un principe bien connu. A moins que France 3 accepte de diffuser un autre film tourné en Ariège en abordant le problème sous un angle très différent de Tonelli que nous verrons sans doute en avant première dans le courant du mois de décembre.
Louis Dollo, le 26 novembre 2009
Michel Tonelli est un amoureux de la nature et des animaux qui y vivent. On lui doit déjà plusieurs documentaires magnifiques sur l'ours des Pyrénées. Et des images superbes, qu'il n'a pu obtenir que grâce à sa patience et sa ténacité.
"Je suis allé cinq fois pendant dix jours dans le Mercantour, pour filmer les loups! Je n'ai réussi à avoir des images que le dernier jour de tournage!" raconte-t-il, encore ébahi par l'intelligence de ces animaux.
Ours, lynx, loup. Michel Tonelli a voulu raconter les rapports de ces trois prédateurs avec l'homme à travers la vision de trois éleveurs, un dans les Pyrénées, un dans les Alpes, et un dans le Jura.
"Tous avaient subi des prédations violentes et étaient très engagés contre la présence des prédateurs, raconte Michel Tonelli. Mais ce tournage s'est déroulé sur une période de deux années et au fil du temps, j'ai vu les discours évoluer. Les éleveurs ont petit à petit compris qu'il fallait vivre avec ces prédateurs. Celui des Alpes a même été fasciné par le loup. Il a mis en place des systèmes de protection, avec des clôtures, des chiens-patous pour protéger ses brebis. Et il a vu qu'à la moindre erreur, le loup, en embuscade, en profitait pour attaquer!"
Michel Tonelli ne prend pas parti. Il observe: "Je ne voulais pas un film avec une polémique".
Alors, il nous montre tout simplement "Des bêtes et des hommes", comme le titre de son film, et qui vivent ensemble par la force des choses. Et qui finissent par se connaïtre, voire se reconnaïtre.
Aujourd'hui à 15 h 25 sur France 3 Sud. Avec le soutien du ministère de l'écologie, de la région Midi-Pyrénées, du centre national de la cinématographie. Une coproduction Blizzard Production/France Télévisions avec Seasons.