Il apparaît qu'au 10 mai 2009, l'Equipe Technique ours (ETO) ne fournie qu'une information bien maigre sur le nombre d'ours du versant espagnol, notamment en Val d'Aran. Seule Hvala et ses oursons semble présenter un intérêt pour cette équipe de "spécialistes" selon l'expression consacrée.
Quoique habitué au peu ou pas d'informations des acteurs de l'importation d'ours de Slovénie, il nous est apparu plus sérieux d'aller vérifier sur place si les grands carnivores existaient toujours dans cette partie des Pyrénées à laquelle la France impose des ours sans que les populations locales aient été consultées voir même informées lors de l'importation que nous avons connue.
La grande difficulté en Espagne c'est que, non seulement la gestion de la problématique dépend des "autonomies" mais rien n'est unifié et de toute manière il n'existe aucune structure officielle organisée pour gérer sérieusement l'ours et d'une manière générale les grands prédateurs. En fonction des responsabilités des différents acteurs, nous trouvons des versions différentes du nombre d'ours sur le territoire du Val d'Aran.
La version officielle délivrée par Paco Boya, Syndic d'Aran, serait une dizaine d'ours présents dans la vallée. Il se bat pour disposer d'une équipe de suivi afin de localiser et prévenir les éleveurs et bergers. De leur côté, les mouvements écologistes se battent pour faire partie de l'équipe de suivi. Mais, fort de l'expérience française, ils se heurtent à un refus catégorique et "non négociable" de Paco Boya qui a réussi à "les faire exclure". Aujourd'hui, cette équipe n'est toujours pas finalisée alors que nous sommes à quelques jours des montées en estive.
Le décompte des éleveurs est assez précis et se base essentiellement sur des observations visuelles "croisées et totalement sûres en éliminant tout ce qui pourrait être un double comptage". La plupart d'entre eux étant chasseurs, ils sont habitués au comptage de la faune sauvage. Sanglier, chevreuils, isards ou ours, la méthodologie ne diffère guère. C'est ainsi que nous avons pu obtenir les décomptes précis secteur par secteur.
Ce comptage des éleveurs relèvent entre 10 et 12 plantigrades relativement certains sans chercher à grossir le cheptel et sans faire de comptage systématique. Il se rapproche de la version officielle de Paco Boya. Les données des éleveurs que nous reproduisons sont celles totalement sûres et il s'agit bien d'observations de bêtes différentes. Néanmoins d'autres observations les amènent à penser qu'il pourrait y en avoir davantage, et ils ne sont pas les seuls parmi les professionnels de la montagne, mais ils n'ont voulu comptabiliser que les observations corroborées par plusieurs d'entre eux, dans la même zone et à différents moments.
Douze, voire davantage, quelle que soit la réalité une chose est certaine, comme le précisait un éleveur, "en tous les cas c'est beaucoup " pour une petite vallée semi autonome, grande comme le canton de Luz-Saint-Sauveur dans les Hautes-Pyrénées. Une telle situation, imprévue lors de la décision française unilatérale d'importer des ours, pose d'énormes problèmes à cette vallée qui n'a jamais été préparée pour accueillir et gérer des plantigrades disparues depuis plusieurs générations. Le nombre d'ours importe peu. C'est leur présence qui fait problème.
Face à cette situation qui n'a jamais été voulue par le Val d'Aran, une situation qui lui est imposée par la France sans que les intéressés aient été consultés, la question reste: quel avenir face à l'ours?
Difficile de répondre à une telle question qui implique de nombreux éléments qui dépassent le seul sujet de l'ours. Il faut aussi s'interroger sur la gestion du pastoralisme, le type de pastoralisme, la défense des espèces rares autochtones d'animaux d'élevage adaptés au milieu et qui font partie de la biodiversité animale qui ne se limite pas au seul sauvage, la diversité des paysages en perdition garant d'une biodiversité animale et végétale mais aussi de la beauté de la vallée facteur essentiel du développement touristique et économique. Autant d'éléments qui n'ont jamais fait l'objet d'une réflexion préalable à l'importation d'ours en France et qui conditionne l'avenir économique et social de toute une population. C'est ce que nous appelons le développement durable, encore une fois grand absent de tout le raisonnement ayant conduit à l'importation d'ours de Slovénie.
Louis Dollo, le 11 mai 2009
La simple comparaison entre les informations recueillies en Val d'Aran et celles fournies par le Ministère de l'Ecologie nous montre le niveau d'ignorance de la problématique par les services de l'Etat