La présence de l'ours remet en cause la présence du pastoralisme à la base de l'entretien des milieux et du développement de la biodiversité.
"Les estives vont être partiellement abandonnées", prédit Claude Vielle, éleveur à Beaucens, qui affirme que "le maintien de l'ours, par ses effets induits, est une catastrophe
écologique". Pendant ce temps, Franska dort sur ses deux oreilles quelque part dans le massif du Pibeste et de l'Estibette. Mais le responsable de la commission pastoralisme
au sein de l'ASPP (Association pour la sauvegarde du patrimoine pyrénéen) n'en démord pas. "Pas question de revivre ce qu'on a
connu l'été dernier. "Et d'expliquer que les troupeaux vont déserter certaines zones. Avec les conséquences suivantes:"
La biodiversité, au lieu de s'enrichir de la présence d'un ours, s'appauvrira de la présence de plusieurs espèces végétales". Une menace pour les terres non pacagées. Mais qui
concerne aussi la faune car "le perdreau n'existe que s'il y a des moutons", souligne-t-il.
"A l'Etat de faie le nécessaire"
Le 12 février, avec tous les éleveurs du "secteur Franska", l'association a réuni les gestionnaires d'estives que sont les mairies ou les groupements pastoraux. Les mesures
"classiquement" proposées par l'Etat pour la protection des troupeaux ont été examinées. Conclusion: "Aucune n'est applicable". Tant par la topographie du terrain, caractérisée par
de petites zones de pâture entrecoupées de forêts, que par la taille modeste, des troupeaux ou des habitudes séculaires.
"Vous achetez des chiens, vous embauchez des bergers, on va vous aider... "Ce discours ne passe pas, poursuit Claude Vielle". Nous avons conclu que ça ne nous convenait pas et on demande à l'Etat de prendre les mesures nécessaires pour protéger les troupeaux."
Il argumente que les éleveurs n'ont pas les moyens d'embaucher. Surtout qu'ils ne disposent pas de cabanes mais de simples abris. Cette problématique a été exposée dans une lettre cosignée des maires et des responsables pastoraux puis envoyée aux préfets concernés.
Depuis cette prise de position collective, le comité départemental du pastoralisme s'est réuni le 26 février à la préfecture. Le débat se résumerait, pour l'heure, en une phrase: "Les services de l'Etat ne prennent jamais de décision car les ordres viennent d'en haut..."
D'ores et déjà, c'est le réveil de Franska qui inquiète.
Auteur: Josiane Battoue.
Source: La Dépêche du Midi du 1 mars 2007