Les écologistes veulent-ils vraiment faire cohabiter l'ours et le pastoralisme.
A première vue la réponse est oui. Différents colloques et ouvrages semblent vouloir l'indiquer. Mais dans les faits, qu'en est-il vraiment?
Lorsque nous voyons certains propos tenus sur les forums il est évident que cette cohabitation n'est pas évidente pour tout le monde. Déjà en 1992, ARTUS
(un des parents de FERUS)ne semblait pas avoir une position claire sur ce sujet en accordant un certain crédit à un rapport du CEMAGREF (établissement public dépendant du Ministère
de l'agriculture).
Sur le site Web d'Artus il était possible de lire ceci au sujet du tunnel du Somport
Sur les ondes de Radio France Pau-Béarn, il expliquait ainsi par deux fois (éditions de 18h le vendredi 30 avril et de 8h le samedi 1er mai): "Nous n'avons jamais dit que la route n'aurait aucun effet sur les ours; nous avons dit exactement le contraire. {...) Le développement futur de la route va fragmenter la population {d'ours) dans les Pyrénées et réduire encore ses chances de survie". Réaction logique, si l'on se donne la peine de lire la véritable expertise de Christopher Servheen (de l'Université du Montana aux Etats-Unis et coprésident du groupe ours de Union internationale pour la conservation de la nature ONU) et de Djuro Huber (Université de Zagreb) intitulée "Rapport sur les conséquences sur les populations d'ours bruns du réaménagement routier dans la vallée d'Aspe" et communiquée au ministère de l'Environnement dès le 10 février 1993. En 11 pages, les deux experts affirment, entre autres, qu'il est évident que l'aménagement de la route existante va considérablement accroître les risques encourus par les ours lors des déplacements à travers la vallée et pourrait augmenter la mortalité ainsi que l'abandon de territoire, menaçant d'extinction la population locale d'ours bruns" (p. 4).
Avertissement
Déjà, le 30 juin 1992, une étude d'impact signée par l'ingénieur Philippe Ballon (Centre national du machinisme agricole, du génie rural des eaux et forêts CEMAGREF)
concluait: "Le réaménagement de la RN 134 en Haute vallée d'Aspe est susceptible d'avoir des conséquences irrémédiables sur la seule population relictuelle d'ours de notre
territoire."Sur ce sujet crucial, les deux spécialistes américain et croate n'hésitent pas à avertir une nouvelle fois et avec insistance les pouvoirs publics que "tout aménagement
de la route qui l'élargira, augmentera la vitesse des véhicules et leur nombre, diminuera la possibilité pour les ours de traverser cette route. Cela augmentera le compartimentage
de l'habitat, dérangera les habitudes de déplacement, augmentera la mortalité et accélérera la disparition des ours bruns dans les Pyrénées occidentales" (p. 5). Mais le rapport
de Christopher Servheen et Djuro Huber ne se contente pas de tirer le signal d'alarme à propos du réaménagement prévu de la RN 134 en vallée d'Aspe. Il propose, une fois de plus,
une véritable "gestion de l'habitat" des ours pyrénéens "afin de rendre possible (leur) survie". Ainsi, selon les deux experts mandatés par le ministère de l'Environnement, "il
ne faudrait plus construire de nouvelles routes, il faudrait fermer pour de bon aux véhicules motorisés les routes existant déjà et ne reliant pas d'agglomérations permanentes.
[...]
"[...] Il serait nécessaire d'abandonner les maisons isolées et autres structures semblables (cabanes de bergers), et de les supprimer des habitats de l'ours. Il est aussi
fortement recommandé de réduire au minimum les perturbations momentanées causées par la chasse, l'écobuage, les chiens errants, les randonneurs, etc."
De cet ensemble très complet de recommandations dont l'application immédiate pourrait encore sauver l'ours des Pyrénées, II ne reste curieusement nulle trace dans le communiqué ministériel dont le message pessimiste fut amplifié par la presse régionale (La Dépêche du Midi, La République des Pyrénées...) et nationale (Le Monde du 28 avril). Procédé inqualifiable. On comprend dès lors les réactions exaspérées des scientifiques français devant la persévérance de l'Etat à vendre la peau de l'ours des Pyrénées. Claude Dendaletche, professeur à l'université de Pau et président du comité scientifique du parc national des Pyrénées, parle de "matraquage" et de "terrorisme intellectuel" à propos de la thèse largement diffusée de l'incapacité soudaine de la population des ours pyrénéens à se reproduire. Quant à François Ramade, professeur d'écologie et de biologie à l'université de Paris-Sud et président de la Société nationale de protection de la nature (SNPN), il considère que le travestissement du rapport Servheen Huber par le ministère de l'Environnement est "inqualifiable". Ces scientifiques et de nombreux protecteurs de la nature constatent aujourd'hui avec amertume que l'on a vendu la peau de l'ours, mais sont bien....
Nous pouvons essentiellement relever:
Ainsi, selon les deux experts mandatés par le ministère de l'Environnement, "il ne faudrait plus construire de nouvelles routes, il faudrait fermer pour de bon aux véhicules
motorisés les routes existant déjà et ne reliant pas d'agglomérations permanentes. [...]
"[...] Il serait nécessaire d'abandonner les maisons isolées et autres structures semblables (cabanes de bergers), et de les supprimer des habitats de l'ours. Il est aussi
fortement recommandé de réduire au minimum les perturbations momentanées causées par la chasse, l'écobuage, les chiens errants, les randonneurs, etc."
Le problème est qu'à cette époque Artus adhérait pleinement à ce type de philosophie présentée par le CEMAGREF qui aujourd'hui n'est plus dans le "politiquement correct" de FERUS
et quelques autres et plus personne ne veut s'approprier l'existence de tels propos.
Nous comprenons que " ça fait tache " d'autant que depuis, des associations sont pleinement impliquées dans le développement du pastoralisme comme le FIEP.
Malheureusement il reste des traces du passé qui ressorte lorsqu'un écolo basique commence à critiquer les éleveurs et bergers.
C'est une population qui gène.
Ce type d'idées est resté encré dans quelques esprits fragiles n'ayant pas toujours bien suivi l'évolution compliquée de quelques associations militantes par slogans interposés et souvent changeant au gré des intérêts politico-écologiques.
La même question pourrait se poser au Ministère de l'Agriculture. La pastoralisme pyrénéen serait-il dérangeant à la politique agricole? Le ROC semble avoir soulevé le problème le 13 mars 2006.
D'un autre côté, nous comprenons mieux les réticences du milieu pastoral.
Plus loin, nous pouvons noter que Claude Dendaletche, professeur à l'université de Pau et président du comité scientifique du parc national des Pyrénées, parle de "matraquage" et de "terrorisme intellectuel" à propos de la thèse largement diffusée de l'incapacité soudaine de la population des ours pyrénéens à se reproduire.
Il serait intéressant de savoir ce qu'il en pense aujourd'hui.
Le site d'ARTUS a disparu début 2004 (ce qui explique les liens morts) au profit du site de
FERUS.
Il n'avait pas été mis à jours depuis 1994...
Chacun appréciera.