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Les diverses réactions à l'empoisonnement des taupes dans les Hautes-Pyrénées

Nota:
Il s'agit de la copie des mails reçus sans aucune modification

Roger Maurel du CD 84 de la FFME (CR Provence)
Le 16 mars 2000

"Pendant des siècles, les Taupes ont été classées nuisibles.
Motif: on croyait dur comme fer que ces pauvres bêtes dévoraient les légumes du jardin. Comme de vulgaires mulots. Jusqu'au jour où l'on s'avisa enfin qu'elles consommaient presque uniquement des vers de terre. Elles furent alors classées utiles. Mais pas pour longtemps: en 1881, le savant Darwin prouva que les Lombrics étaient en fait des animaux extrêmement utiles - détail jusqu'alors ignoré de tous. La Taupe retourna donc en Enfer Il ne reste plus qu'à attendre.

Déchets dangereux.
Hélàs, en cherchant bien, la Taupe a tout de même un léger défaut: celui de remonter des tonnes de déchets des profondeurs et de les déposer froidement dans l'herbe sous forme d'innombrables monticules. Lorsque la lame des faucheuses se plante dans ces petites buttes, bonjour les dégâts. Il y a aussi les maladies que contractent les bestiaux à force de consommer la terre accidentellement mélangée à l'ensilage au moment de la récolte. Pour limiter les problèmes, le cultivateur est donc obligé d'étaler soigneusement lui-même au printemps toutes les taupinnières de l'hiver. Sans pouvoir envoyer la facture à la Taupe. Pas étonnant que çà l'énerve."

Extrait de "Taupe niveau", page 70, le Magazine des Taupesin "La Hulotte", numéro spécial 68 /69 la revue la plus lue dans les terriers à commander de toute urgence à La Hulotte 08240 Boult aux Bois.

François Daugy écrit le 16 mars 2000:

Il faudrait connaitre le poison utilisé.
En Franche Comté, en particulier dans le département du Doubs, l'ennemi des prairies est le campagnol. Il est attaqué à la bromadiolone. Il en résulte une hécatombe de buses, de milans royaux, de renards, de fouines, de belettes.
Les sangliers en profitent aussi et du coup, crertains chasseurs en souffrent sérieusement.
Je crois que la LPO attaque en justice les préfets du Doubs et du Jura.

Jérome Calas de l'association Nature Midi-Pyrenees
Le 16 mars 2000

Bonjour, je tiens a vous remercier pour ce mail (qui m'est parvenu via un collegue). Cette information devrait nous permettre, de reagir contre de telles methodes, et d'evaluer leur impact sur la faune sauvage.

Je suis effectivement interesse par le sujet, etant membre du groupe d'etude et de protection des rapaces a l'association Nature Midi-Pyrenees. Je peux donc egalement repondre a vos interrogations:

1 - Les animaux sauvages n'appartiennent a personne (d'ou leur nom), pas meme au proprietaire du terrain ou ils gitent. Les rapaces sont de plus entierement protegees par la loi, ce qui interdit toute destruction volontaire (mais qu'en est-il de l'empoisonnement indirect?). Par contre, la plupart des autres carnivores sont beaucoup moins proteges.

2 - Les rapaces mangent uniquement de la viande, certains comme les milans et les vautours se nourrissent surtout de charognes, la buse en est aussi un grand consommateur. Ces oiseaux sont donc les premieres victimes du poison. On peut aussi citer le renard, le sanglier, l'ours...

3 - Voir le texte ci-dessous, qui se passe de commentaires.

4 - Enfin, en ce qui concerne cette derniere question, si vous tenez a hierarchiser les problemes, c'est sur, il n'y a pas photo. Mais je ne pense pas que minimiser un probleme par rapport a un autre permette se dedouaner de ses responsabilites.

- Voila quelques donnees pour vous faire une idee sur la question:

L'empoisonnement, qu'il soit volontaire ou non, est un probleme et meme un probleme grave pour la faune, par l'ampleur des destructions qu'il est susceptible d'engendrer et par l'impossibilite d'un reel controle. L'escalade n'est pas un probleme en soi. Ce qui pose probleme c'est le manque d'information sur les sites occupes et sur la biologie des especes, qui peut conduire au derangement et a l'echec de nichees. Ceci peut avoir des consequences sur la population d'especes dont la densite est faible et qui ne se reproduisent que sur falaise. La voie que nous privilegions est justement celle de l'information, plutot que l'interdiction. Mais le caractere "libre" et "independant" de la pratique de l'escalade ne permet pas forcement d'etre sur que cette information passe bien pour tous. Et avec l'expansion de cette activite le nombre de sites equipes augmente sans cesse, et rend le suivi plus difficile. C'est pour cela que l'on peut etre amene a demander des mesures de protection qui restent ponctuelles (pour exemple, il n'y a que 4 sites reglementes en Ariege sur plusieurs dizaines de falaises, ils abritent les especes les plus menacees). Pour les autres sites, aux personnes a decider si la pratique de leur loisir peut justifier de prendre le risque de destruction de la couvee d'une espece menacee.
Heureusement, dans le monde de l'escalade, la majorite des adeptes etant, (comme vous m'apportez une nouvelle preuve), attentif a la protection de la nature le message passe plutot bien. Cela ne nous empeche pas d'etre vigilants et entraine parfois des conflits sur certains sites (a chacun sa sensibilité!).
Bien amicalement,
Jerome Calas

Voir également

Après le mazoutage des oiseaux marins sur les côtes atlantiques, on assiste à un massacre sournois des rapaces sur les plateaux moyens du Jura.

Pour lutter contre le phénomène de pullulation des campagnols terrestres, destructeur de prairie, un nouveau protocole de traitement à base d'appats secs (blé traité à la bromadiolone) a reçu l'assentiment du Ministère de l'Environnement en 1998. Depuis, les traitements pratiqués ont eu comme conséquence des destructions massives des prédateurs du campagnol (rapaces, renards, etc ...).

Les associations de protection ont essayés de faire changer les choses, en participant avec les pouvoirs publics, les agriculteurs, les chasseurs, et les syndicats de lutte contre les ennemis des cultures, l'ONC, etc... Devant le peu de poids que l'on a donné à leurs arguments qui préconisaient des traitements précoces, à basse densité et avec des appats déja utilisés en Suisse, les associations se sont retirées de ce comité de pilotage, pour engager une stratégie frontale d'opposition aux traitements actuels, qui ont engendrés une hécatombe au niveau de la population des buses, milans, renards et même chez des sangliers.

La Fédération du Doubs, Doubs Nature Environnement, vient de déposer une plainte pour destruction d'espèces protégées, auprès du Tribunal de Grande Instance de Montbéliard. Elle estime qu'environ 8 à 10.000 rapaces ont été victimes de ces traitements.
L'incompétence et l'obstination des pouvoirs publics et notamment de la DDAF (direction départementale de l'agriculture et de la forêt) qui s'appuie sur les autorisations du Ministère de l'Environnement où la question a visiblement été sous-estimée est flagrante.

La bromadiolone donne la mort par hémorragie interne. En minimisant la dose de poison à l'hectare, comme c'est le cas dans cette région, on obtient un empoisonnement progressif des campagnols qui doivent consommer 200 à 250 grains de blé traités, avant de mourrir. Cet empoisonnement progressif cause également la mort des prédateurs, qui en consommant des campagnols s'intoxiquent progressivement. Les instances vétérinaires ont à ce titre demandé aux chasseurs du Doubs, de ne pas consommer le foie des sangliers, le produits s'accumulant dans cet organe!!
Au final, on a un dérèglement complet

Source: Article paru dans Univers-Nature

- Observations à cet article d'Univers Nature

Il est stupéfiant de voir que la seule alternative proposée est l'interdiction et des procédures judiciaires avant toute discussion. Il est curieux de constater que les associations écologistes n'ont rien d'autre à proposer notamment un produit de remplacement. Ainsi, l'humain, doit-il tout accepter des animaux sauvages (en opposition aux animaux domestiques) et n'avoir aucun moyen de défense ne serait-ce que pour vivre et défendre son outil de travail?
Par ailleurs, il est annoncé sans aucune référence et sans aucune preuve un nombre impressionnant de rapaces victimes de l'empoisonnement des campagnols. Comment a été déterminé le chiffre de 8 à 10.000? Par qui?
Voilà autant d'interrogations qui rendent peu crédibles les propos des associations environnementalistes y compris la LPO, dont le rôle militant extrémiste semble pointer à l'horizon.

Louis Dollo, le 15 septembre 2000