Qu’il s’agisse des pouvoirs publics ou des associations écologistes, l’Italie, notamment les Abruzzes, est montré comme un exemple de cohabitation et coexistence durable entre grands prédateurs et pastoralisme. Comparaison profondément stupide alimentée par des arguments mensongers, manipulateurs ou le fait d’ignorants qui ne cherchent pas beaucoup la vérité.
L’article ci-dessous est un parfaitement exemple de désinformation ou d’ignorance. Nous ne retiendrons que deux points même si beaucoup d’autres sont contestables notamment l’efficacité des chiens.
L’auteur écrit: "Célèbre région d’Italie centrale située à 200 km de Rome, elle est réputée pour la beauté de ses paysages, son agriculture encore à visage humain, ses produits du terroir et, surtout, son tourisme avec ses richesses historiques et le massif du Gran Sasso".
La beauté des paysages vient aussi de leurs diversités c’est-à-dire le travail des éleveurs et de leurs bêtes qui maintiennent des espaces ouverts. Mais en fournissant le lien vers le parc du Gran Sasso, il n’est fourni que des itinéraires de randonnées. Manifestement les visiteurs ne viennent pas pour le loup mais pour les paysages et l’exercice physique. Le loup est totalement secondaire. Il n’existerait pas, il y aurait les mêmes randonneurs.
L’épisode des chiens est anecdotique à partir d’un seul témoignage. Un petit peu normal sur un territoire où l’élevage est, comme dans les Asturies en Espagne, à l’état reliquaire. Presque anecdotique. 10 000 moutons pour 75 000 ha. Quelle comparaison avec la France? Les départements des Alpes du Sud, ce sont 730 000 ha pour plus de 500 000 brebis (ne tiens pas compte de tous les transhumants). Pour un territoire de près de 10 fois plus vaste ce sont plus 50 fois le nombre de brebis. Si pour 10 000 brebis dans les Abruzzes il faut 80 bergers, dans les Alpes du Sud il faudrait plus de 4000 postes de bergers salariés ne travaillant que 35 heures par semaine soit 16 000 bergers pour tenir un poste de manière permanente avec tous les équipements que cela suppose: cabanes / logements, sanitaires, accès, etc…. Où en sommes-nous en France depuis 20 ans? Pratiquement le néant. Pouvons-nous trouver 16 000 bergers? Qui paiera? Qui assumera le décalage économique et social entre un territoire avec un sans loups? Qui acceptera la discrimination entre territoire?
Que les journalistes restent sérieux et réfléchissent avant d’écrire des stupidités.
Louis Dollo, le 15 mars 2014
Dans le centre de l’Italie, à deux heures de Rome, vivent dans les montagnes une centaine de loups.
Ils se désintéressent des brebis tant qu’il y a des sangliers
Depuis quelque temps, la route commence à être plus sinueuse. Presque insensiblement, on quitte la vallée pour gravir le massif des Abruzzes. Bois de pins et de feuillus alternent avec champs de blé et garrigue où l’herbe claire contraste avec le vert foncé des genévriers, des sorbiers et autres essences endémiques. Célèbre région d’Italie centrale située à 200 km de Rome, elle est réputée pour la beauté de ses paysages, son agriculture encore à visage humain, ses produits du terroir et, surtout, son tourisme avec ses richesses historiques et le massif du Gran Sasso. [Les parcs et réserves italiennes]
Depuis quelques années, les Abruzzes sont également mondialement connus pour leur biodiversité, et notamment la présence de l’ours, du lynx et du loup. Selon les spécialistes d’ailleurs, le loup, entré en France en 1992 via le massif du Mercantour, venait des Apennins et selon certains, des Abruzzes…
"La situation du loup en Italie est très différente de ce qu’elle est dans le reste de l’Europe", indique d’emblée Simone Angelucci, vétérinaire attaché au parc national de la Majella, l’un des quatre parcs des Abruzzes. Barbu, la trentaine, vêtu d’une tenue kaki, adossé à une Land Rover blanche marquée du blason du parc (un loup hurlant à la lune avec, en toile de fond, le Gran Sasso), ce spécialiste du canidé sauvage est venu sur le terrain en compagnie de biologistes, de zootechniciens et de forestiers pour faire le point sur le programme de conservation Life Wolfnet.
Il vient notamment d’interroger un berger qui s’éloigne avec son troupeau de 120 têtes et ses deux chiens, fameux bergers des Abruzzes et proches cousins tant en taille qu’en couleur et comportement des bergers des Pyrénées ou patous. "Ici, le loup n’a jamais disparu, alors que, par exemple, le dernier chamois des Abruzzes a été chassé en 1880 avant d’être réintroduit un siècle plus tard", explique Simone Angelucci.
Si bien que les Abruzzes jouent le rôle de centre de recolonisation des Apennins, cette longue chaîne montagneuse qui balafre l’Italie du nord au sud, sur près de 1 000 km, et culmine avec le Corno Grande à 2 913 m, en plein dans le massif du Gran Sasso. Le loup a réussi à survivre grâce à ses remarquables capacités d’adaptation (il chassait quelques moutons domestiques, mais se comportait aussi, ce qui est moins courant, comme un charognard, en se nourrissant de carcasses de mouflons et dans les décharges).
"Il y a trente ou quarante ans subsistaient seulement 10 ou 20 loups", précise Simone Angelucci. Mais leurs proies ont prospéré. Aujourd’hui, près de 1 200 cerfs et chevreuils peuplent presque toutes les zones boisées et les clairières du parc. Quant aux sangliers, leur nombre a énormément augmenté et ils constituent 95 % des proies du canidé.
"Si bien qu’aujourd’hui, on dénombre près d’une centaine de loups répartis sur les 75 000 ha du parc de la Majella. Ceux-ci sont organisés en une dizaine de clans, généralement constitués d’un couple dominant (appelé “alpha” par les scientifiques), de leurs quatre ou cinq louveteaux de l’année et, parfois, d’un mâle ou d’une femelle de la portée précédente ou bien venus de l’extérieur", poursuit le vétérinaire.
Parallèlement, les habitants, sensibilisés par les forestiers de l’état, le parc, le WWF, le Club alpin et certaines communes comme Sant’Eufemia a Majella – connue pour son jardin-conservatoire botanique –, ont pris conscience de l’importance de la conservation et de la carte à jouer dans le domaine de l’écotourisme.
Les relations entre l’homme et le loup n’ont pourtant pas toujours été aussi bonnes. Loin de là. "J’ai vu le loup de près au moins trois fois dans ma vie, se souvient Paolo Sanelli, éleveur âgé de 87 ans, qui vit dans le hameau isolé de Decontra, non loin du bourg de Caramanico Terme. Et j’ai dû lutter avec lui". Pour cela, il a notamment dressé des chiens en les élevant encore chiots dans la bergerie afin qu’ils s’imprègnent des odeurs et comportements des agneaux et brebis et, jamais, n’en viennent à les mordre.
"La première fois, c’était dans les années 1930, j’avais 7 ans et j’étais avec mon père. Comme nous étions loin de la maison, nous devions rentrer le troupeau dans une grotte calcaire, comme il y en a beaucoup ici, pour passer la nuit. Je me souviens, j’avais une musette avec un morceau de pain. En traversant un torrent, je me suis baissé pour ramasser le pain que j’avais laissé tomber quand, soudain, j’ai vu une brebis passer comme une fusée. Le temps de me retourner, et je me retrouve presque nez à nez avec un grand loup. Sans doute un mâle. Mon père a appelé Charly, notre berger des Abruzzes, qui a commencé à se battre avec le loup… avant de le faire fuir. Terrifié, j’ai pleuré tout mon saoul."
"Une autre fois, c’était un jour où il y avait du brouillard, poursuit Paolo Sanelli. J’étais assis sur un rocher. Et tout à coup, j’ai vu des chèvres qui broutaient au-dessus de moi donner l’alerte au troupeau que, cette fois-ci, je gardais sans chien. Brebis et chèvres ont accouru vers moi, j’ai essayé de repousser le loup avec ma houppelande, je lui envoyais des cailloux, je criais tout ce que je pouvais pour tenter de l’effrayer… et ça a marché. En fait, ils étaient deux et s’étaient approchés à couvert. Le terrain étant en pente et buissonnant, l’un attaquait par le haut, l’autre par le bas. Une fois les loups déguerpis, j’ai mené le troupeau, tout doucement, en leur parlant, jusqu’à la bergerie."
Au hameau, où sa fille Marisa et son gendre Camillo travaillent la terre tout en tenant un gîte rural Agriturismo de cinq chambres, la conversation s’anime quand on parle du loup. "Le loup n’attaque pas l’homme certes, mais on le voit souvent", observe Marisa qui, l’année dernière, en a vu un en faisant du vélo.
Aujourd’hui, en tout cas, "contrairement à ce qui se passe en France, il fait peu de dégâts", estime Simone Angelucci. On rembourse les brebis tuées et, surtout, on fait de la prévention en allant voir chaque berger sur le terrain et en analysant avec lui sa manière de travailler, l’usage de chiens bergers des Abruzzes, de clôtures électriques la nuit et, parfois aussi, le jour, le besoin d’un aide berger… bref, en analysant son niveau technique.
"Quand l’homme est présent toute la journée aux côtés de ses bêtes, le nombre d’attaques diminue, même quand les conditions météorologiques (pluie, brouillard), la topographie et la densité de la végétation arbustive sont favorables au prédateur", constate Simone Angelucci. Aujourd’hui, le parc de la Majella héberge environ 10 000 moutons (des petits troupeaux de brebis laitières rentrés en bergerie le soir, des grands troupeaux de brebis allaitant leur agneau et parqués en plein air la nuit), 400 bovins de races à viande rustiques et une centaine de chevaux, le tout gardé par 80 bergers.
Auteur: Denis Sergent (en Italie) - Ce reportage a été effectué avec le soutien de l’Office national italien de tourisme à Paris.
Source: La Croix du 29 janvier 2014
Blog Le Loup dans le Haut Diois
A en croire l'article, en Italie la cohabitation est un rêve. Alors pourquoi: Depuis le début de l’année, en 2 mois, 12 loups ont été retrouvés morts dans le Parc national des
Abruzzes, dont la plupart du fait de l’homme:
Pour les autres, il y a de fortes présomptions d’empoisonnement mais puisque tout vas bien en Italie, pourquoi en vouloir au gentil loup? Impossible de savoir combien il en meurt tellement ça arrive souvent
En 3 mois, 5 loups ont été tués, ligotés et déposés sur les places de village, dans les rues, sur les marches du théâtre... par "ceux qui ont été abandonnés par les institutions"....
"C'est une guerre (sociale) pas un braconnage." En fait, l'état d'esprit des agriculteurs est au summum de l'exaspération: des milliers d'animaux perdus, l'élevage de moutons dell'Amiata divisé par deux, la perspective est réelle de la disparition de l'élevage - [Version imprimable pdf]
Le journaliste doit revoir sa copie
80 bergers pour garder 10.000 moutons... En France pour le même nombre de brebis il y a une trentaine de bergers, et en Nouvelle Zélande deux ou trois.
Résultat: la moitié des agneaux consommés en Europe traversent toute la planète pour arriver dans nos assiettes....