A la veille de l’été 2014 dans la Meuse, la présence du loup se confirme par de nombreux indices. Conséquence: des tirs de loups sont autorisées. Néanmoins, l’ONCFS s’efforce d’expliquer que les prédations ne sont pas dues au loup. Curieux comportement.
Dans la Meuse, la présence du loup est officiellement déclarée. Dans deux communes du sud du département en question, des troupeaux d'ovins auraient été attaqués, on comptabilise une quinzaine d'attaques ces derniers mois.
Depuis le mois d'octobre 2013, dans des communes avoisinant le département vosgien, quelques brebis et béliers avaient été sauvagement tués par un prédateur inconnu. Les soupçons se portaient sur le loup: aujourd'hui, sa présence dans la Meuse est avérée. Pour Daniel Dellenbach, éleveur et président de la Fédération Départementale des Syndicats d'Exploitants Agricoles de la Meuse (FDSEA 55), la cohabitation avec les loups est évidemment inimaginable. "Je ne vois pas véritablement d'autres solutions que de repousser la menace de manière définitive parce qu'aujourd'hui nous n'avons pas la solution, nous, pour protéger nos troupeaux", a-t-il déclaré.
Plusieurs éleveurs de la Meuse ont demandé l'autorisation à la préfecture d'organiser des "battues" afin de chasser le loup le plus rapidement et efficacement possible. Cependant, ce prédateur fait partie des espèces protégées par plusieurs textes européens et internationaux. Le 14 avril dernier, le Sénat avait voté un amendement autorisant les éleveurs, seulement ceux munis du permis de chasse, à abattre les loups dans les communes touchées. Ce projet de loi n'ayant pas encore été voté à l'Assemblée nationale, la traque n'a donc pas été autorisée mais des indemnisations ont été proposées.
Des indemnités, oui, mais pas seulement. Des mesures de protection vont également être mises en place comme des filets électriques. "La clôture classique n'empêchant pas le loup d'attaquer les animaux, on met une deuxième protection avec du filet électrifié", a déclaré Daniel Dellenbach. Si le loup s'installe, à long terme, dans le département, les filets risquent de devenir insuffisants, l'installation de grillages permanents sera probablement à envisager. Actuellement, une pétition est accessible sur la plateforme Internet de FDSEA 55. Elle tend à la révision du statut du loup au niveau européen
Source: BFM TV du 9 mai 2014
Le retour du loup dans la Meuse date effectivement du printemps 2012 et concerne alors une zone située au sud du département, caractérisée par une succession de collines calcaires régulièrement boisées. Ce secteur est situé en limite avec les départements voisins, des Vosges et de la Haute-Marne également concernés par la présence de l’espèce et forme une unité territoriale. Sur cette dernière la récurrence d’indices de présence de l’espèce durant les deux derniers hivers et la détermination du génotype d’un loup mâle en font une nouvelle zone de présence permanente dénommée HMVM pour Haute-MarneVosges-Meuse à l’issue de l’hiver 2013-2014 (cf. Les données du réseau de ce numéro).
La majorité des indices de présence collectés correspond à des attaques sur troupeaux d’ovins, mais l’animal est également observé et photographié le 17 avril 2014, lors d’un relevé de piège photographique. Les agents du service départemental de l’ONCFS observent un loup qui prend la fuite, à 9h05, l’animal passe devant le piègephoto situé sur la commune de Nicey-sur-Aire (55). On y reconnaît bien un animal de profil, qui présente toutes les caractéristiques phénotypiques de l’espèce.
Depuis le mois d’avril 2014, d’autres indices sont documentés plus au Nord (Bar le Duc). La territorialité d’un loup seul en l’absence de congénères concurrents reste très lâche. Aussi des relevés complémentaires sont nécessaires pour savoir s’il s’agit du même animal ou d’un autre individu.
Auteur: Alain Laurent
Source: Bulletin du réseau loup de juin 2014 - N°31