Des chasseurs piégeurs s’intéressent au loup. Selon cet auteur, ils sont prêts à assumer la capture si la législation le permet contrairement aux vœux des «zoolâtres». Au-delà la volonté affichée, il faut aussi le matériel adapté et surtout le savoir-faire perdu depuis longtemps. Et puis, il faudra aussi vaincre la réticence de chasseurs dont certains assimilent le piégeage au braconnage.
En juillet dernier, suite au fiasco de la battue donnée sur la commune de Canjuers, le préfet du Var, Julien Cayrel, déclarait qu’en France «plus personne ne savait jamais chasser le loup» et qu’il était prêt à faire appel à «des gens spécialisés, d’Amérique du Nord ou d’Europe de l'Est». Bien que nous ne puissions nier une certaine perte d’expérience, il ne faut pas oublier que les chasseurs et piégeurs français innovent au fil du temps dans leurs procédés et techniques et que les bêtes qui résistent à leur savoir-faire sont rares. Le loup est un animal malin, discret et qui possède des capacités physiques incroyables. Cependant, et ce il n’y a pas si longtemps, nos aïeux ont su concevoir des moyens efficaces pour débarrasser, plaines, bois et villages de cet intrus qui dévore tout sur son passage. Si par on ne sait quel miracle demain les autorités faisaient appel aux piégeurs pour éliminer quelques uns de ces loups qui prolifèrent dangereusement jusqu’aux portes de Paris, ces hommes de terrain n’auraient aucun mal à s’adapter pour rendre de fiers services aux éleveurs et à la biodiversité dans son ensemble.
Pour retrouver la trace du savoir-faire de nos anciens, il suffit de se plonger dans les livres d’époque. Pour vous présenter quelques techniques, nous avons choisi d’étudier deux ouvrages; «le nouveau manuel complet du destructeur des animaux nuisibles (1852)» et «la nouvelle maison rustique (tome troisième)». Certains de ces procédés sortent tout droit de nos rêves de gamin, quand, faute d’avoir l’âge, nous nous prenions pour de grands piégeurs ou que nous mimions les gestes de Davy Crockett. Enclenchons ensemble la machine à remonter le temps pour un voyage au pays des loups piégés.
La trappe à loups ou encore fosse à loups était utilisée dans les endroits peu fréquentés par les hommes. Le système consiste à choisir une coulée régulièrement empruntée par les loups et d’y creuser une fosse en forme de cône de 3m20 de profondeur sur 1m80 de largeur au plus haut et 2m40 au plus bas. Ces dimensions donnant une forme conique au piège sont très importantes car si les parois étaient perpendiculaires, la puissance et l’agilité de canis lupus lui permettraient de s’échapper d’un simple bond. Il est donc indispensable que les parois soient inclinées en dedans et ce, autant que la solidité du terrain le permet. La terre doit être évacuée loin du piège pour ne laisser aucune trace de travail. Une fois la fosse préparée, on place dessus de légères baguettes de roseaux, de saule ou de noisetier et on les recouvre de mousse et de feuilles sèches, afin de masquer parfaitement l'ouverture. Le plancher doit être assez sensible pour qu’un animal passe à travers tout en demeurant assez solide pour résister aux caprices du temps. Il faut donc trouver le bon compromis.
Le hausse-pied est une technique vantée par tous les auteurs de l’époque ayant écrit sur la chasse. Il s’agit en fait de ce fameux piège sensé prendre l’animal par la patte et le suspendre dans les airs. Pour tendre ce stratagème, il faut choisir un baliveau assez fort pour surélever un loup en se redressant alors qu’il était plié. Le montage semble complexe. Il faut enfoncer dans la terre deux pieux munis de crochets puis placer deux traverses, l’une sous les crochets et l’autre plus simplement appuyée contre les pieux. Un petit morceau de bois est attaché à la corde. Retenu par ses deux bouts, il maintient la corde tendue et empêche le baliveau de se redresser. Ensuite, la corde et son nœud coulant sont maintenus par tout un système de morceaux de bois recouverts de feuilles sèches et de mousse, afin de les masquer aux yeux de ces animaux. Quand un loup vient à poser le pied sur l’une des bûchettes, cela libère la corde, le baliveau se redresse en serrant le nœud coulant autour de la patte et suspend la bête à l’arbre. Ce piège était évidemment placé sur les coulées fréquentées.
Au 18ie siècle les pièges à mâchoires étaient déjà bien répandus. A l’époque ils étaient appelés pièges de fer ou traquenard. Utilisés d’abord pour prendre des renards, ils ont été adaptés (donc renforcés) à la morphologie du loup. Les chasseurs d’antan les disposaient en triangle autour d’une bête morte. Cette disposition provient de l’analyse du comportement des loups lorsqu’ils se nourrissent. En effet, après s’être assuré de l’absence de quelconque danger, canis lupus se précipite sur sa proie pour en arracher un morceau de chair avant de se retirer à une vingtaine de mètres pour l’avaler. Il reproduit ce comportement jusqu’à satiété. Mais, à force d'aller et venir, il marche inéluctablement sur l’un des trois pièges qui se referme sur sa patte. Une technique un peu plus barbare était également assez répandue dans l’hexagone. Deux aiguilles pointues étaient attachés l’une sur l’autre avec du crin de cheval pour former une sorte de croix. Ensuite, elles étaient enfoncées en force de façon à ce qu’elles redeviennent parallèles dans un morceau de viande servant d’appât. Le loup, qui se nourrit goulûment et qui mâche peu, avale les aiguilles et la viande sans sentir ces intrus métalliques. Malheureusement pour lui, une fois la digestion terminée, les aiguilles reprennent leur forme et viennent lui trouer l’intestin, entrainant une mort lente et douloureuse.
A l’époque les loups n’étaient pas protégés comme aujourd’hui et nos ancêtres ont su, non sans mal, se débarrasser de cet envahisseur causant de trop nombreux dégâts. Aucune des techniques que nous venons de vous présenter n’est aujourd’hui légale et les utiliser couterait très cher au contrevenant mais elles démontrent que l’homme de terrain, piégeur ou chasseur a toujours su s’adapter et n’a jamais cessé d’élaborer des techniques de piégeage qui correspondent aux problématiques du moment. Les piégeurs français ont une autre carte dans leur manche en plus des techniques en provenance des manuels anciens. Ils peuvent se tourner vers leurs cousins québécois habitués à prendre des loups pour leur fourrure et pour protéger les orignaux d’une trop forte prédation.
En effet, ces trappeurs ont mis au point diverses techniques qui rivalisent d’efficacité. L’une d’elles consiste en l’installation de collets conçus avec du câble d'acier d’un
diamètre 1/8 pouces (03mm) et de d’1m20 (48 pouces) de long environ. Selon, Henrik Tanguay, jeune trappeur dans la région du Saguenay Lac Saint-Jean au Québec, dont la famille
attrape quelques loups chaque année, «il est important de choisir un secteur déjà bien fréquenté et d’appâter tout l’été afin que les loups s’habituent à venir. Effacer cette
crainte est primordial. Dans ma famille, on utilise des restes de viande en provenance de la boucherie (os et panses d’orignal de vache ou de cochon.» Au regard de la méfiance
légendaire des loups, il convient de camoufler les collets autant que possible pour que tout semble naturel. Evidemment, plus il y a de «lacets» sur une place, plus il y a de
chance d’attraper «croc-blanc» rapidement.
Les québécois utilisent encore les pièges à mâchoires qu’ils appellent «piège à patte». Le modèle «Oneida Victor No 3 Soft Catch» muni de 4 ressorts à boudin semble le mieux
adapté au piégeage du loup. Le traquenard est à placer près d'une pièce de viande servant d’appât. Comme pour les collets, un bon camouflage à l’aide de feuilles et de terre est
gage de réussite. Il est inutile de vous rappeler que les loups sont dotés d’une force quasi-inégalable et qu’il est donc nécessaire que les pièges soient solidement harnachés.
Henrik indique que «les pièges à patte sont moins répandus que les collets car moins pratiques à utiliser selon la météo». Cela s’explique aussi par le sens éthique des ces
trappeurs qui se soucient du bien-être animal. Les collets leur semblent moins cruels et ne les obligent pas à aller tous les jours sur le territoire piégé pour aller abréger
les souffrances d’une bête coincée.
Nous venons de voir que si le droit leur en était donné, les piégeurs de notre beau pays de France sauraient répondre rapidement aux attentes de la communauté. Cependant, pour que ces hommes de terrain reprennent le chemin de la chasse, il faudrait que nos dirigeants donnent leur aval. Apparemment, entre la zoolâtrie inconsciente de certains protectionnistes, le déni des autorités, et les associations verdâtres qui s’en prennent à tous les arrêtés autorisant le prélèvement encadré de quelques individus, ce n’est pas demain la veille que nous verrons un hausse-pied ou un collet dans nos campagnes. Dommage, car pendant ce temps et alors que l’ensemble du monde cynégétique «crie au loup» ce sont les éleveurs qui trinquent et le contribuable qui paye les dégâts. Piégeurs, préparez vous quand même, car lorsque «croc-blanc» va venir s’aiguiser les dents sur le cabot d’une promeneuse francilienne, la donne risque de changer.
Auteur: André Michelet
Source: Nos chasses.fr du 28 décembre 2013
Le piège fait dans la sournoiserie et la braconne, et n'est pas digne d'un chasseur de fauve, a l'échelle de ce que représente ce bel animal au pistage.
Qu'il nous soit permis à nous chasseur de France et d'Afrique de pouvoir pister ce gibier, même contre quelque menue monnaie, et là on va compter les peaux!
Car ces loups sont aussi le produit d'investissements et de tenue du cheptel directement issus de la communauté d'intérêts représentés par les contribuables de France et de Navarre.
Par conséquent une régulation de ces investissements par l'acte de chasse élevé au sens le plus noble me semble un juste retour pour le "modeste" contribuable que je suis et qui propose une fois de plus son service à la collectivité.
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Le piégeage pourrait être une solution plus juste que la chasse et en tout cas plus sélective et plus adaptée au but poursuivi par les actuels arrêtés préfectoraux.
En effet, lorsqu'un éleveur subit des attaques de loups, en piégeant autour de ses installations, on est certain de prendre le ou les coupables qui reviennent immanquablement.
A la chasse on tire ce qu'il vient sans être certain de réguler le fautif. C'est d'ailleurs aussi valable pour les dégâts de sanglier qui ne peut être piégé (sauf par les louvetiers). Qui peut être certain en débusquant un sanglier, que c'est celui qui a commis les dégâts pour laquelle la battue administrative a été décidée (on fait comme si..).
Pour être à la fois chasseur et piégeur et pour répondre au précédent commentaire un peu méprisant, il n'y a pas de hiérarchie entre la chasse et le piégeage. La chasse est un plaisir et le piégeage répond à des besoins de régulation. Le piégeage n'est pas un mode de chasse.
Pour pratiquer les deux assidûment, il est souvent plus difficile de prendre un vieux renard retord qui vous donne des leçons de modestie que de s'asseoir sur un rocher et d'attendre le passage d'un sanglier poursuivi par des chiens. Pour répondre à l'amalgame entre piégeage et "braconne", il n'est pas d'activité plus sanctionnée par les textes que le piégeage. Par ailleurs, on braconne encore plus de nos jours au phare et avec fusils et carabines munis de silencieux que par le piège comme en témoigne la jurisprudence sur le sujet.
Source: Nos chasses.fr du 28 décembre 2013