En 2014 le loup n'est définitivement plus en odeur de sainteté dans l'Aude
Des tirs de prélèvements envisageables lors de battues au grand gibier et les tirs de défense létaux facilités à la suite d'arrêtés ministériel et préfectoral pris en août.
Depuis le 30 juin, et un arrêté commun des ministères de l'Écologie et de l'Agriculture, l'Aude a intégré la liste des départements où des dérogations aux interdictions de destruction du loup peuvent
être accordées. Inévitable issue de la validation en mars 2014 par l'office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), de la présence d'un loup dans le massif du Razès. Il n'aura fallu qu'un
mois à la préfecture pour traduire à l'échelle audoise l'arrêté ministériel.
Le 5 août, un arrêté préfectoral définissait les unités d'action où peuvent être octroyées ces dérogations. D'Arzens à Villeneuve-les-Montréal, 48 communes constituent ainsi les deux unités audoises baptisées Pyrénées (6 communes) et Razès (42 communes): la première repose sur l'existence de la zone de présence permanente (ZPP) Madre-Boucheville, instaurée lors de l'hiver 2011-2012, à cheval sur l'Aude et les Pyrénées-Orientales. La seconde unité d'action ne s'appuie pas sur une ZPP: mais l'arrêté ministériel et le plan loup ont ouvert la voie à la préfecture, sur la foi d'une présence ponctuelle avérée et des constats d'attaques. Autant de secteurs où les éleveurs disposent désormais d'une facilité accrue pour mettre en œuvre des tirs de défense, sans passer par l'étape de l'effarouchement. Autre 'avantage', l'usage d'armes à canon rayé, sans passer par la case canon lisse, à la portée plus réduite. Deux étapes de moins, donc, avant d'en arriver à des tirs létaux, mais aussi des autorisations individuelles non plus pour trois semaines, mais jusqu'au 30 juin 2015. Une possibilité très vite saisie pour des agriculteurs à qui il est demandé comme préalable des mesures de protection contre la prédation (retour en bergerie la nuit, surveillance accrue du troupeau le jour, Ndlr). Le 11 août, une éleveuse de Ribouisse sollicitait la direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) pour obtenir cette dérogation. Démarche couronnée de succès le 28 août, avec l'arrêté signé du DDTM, et l'autorisation de tirs de défense avec une arme à canon rayé.
Et la guerre déclarée au loup pourrait bien prendre un tour encore plus sévère dans le département. L'Aude, comme les 19 autres départements listés dans l'arrêté du 30 juin, est en effet concernée par un autre arrêté cosigné par Ségolène Royal et Stéphane Le Foll le 5 août. Un texte qui autorise à titre expérimental, et pour une durée de deux mois, des opérations reconductibles de tirs de prélèvements lors de battues au grand gibier. Un texte applaudi des deux mains par les organisations professionnelles agricoles. Mais déploré par les défenseurs de l'animal, qui déplorent que le retour du loup dans le Razès, supposée dès la fin 2012, n'ait pas permis de réfléchir plus en amont à la protection des éleveurs. Le cliché du 7 mars, à Plavilla, qui a permis d'autenthifier la présence du loup dans le Razès.
Depuis le 20 juin et la réunion dirigée par Sylvie Siffermann, sous-préfète de Limoux chargée de la mise en œuvre du plan loup, trois nouvelles attaques ont été recensées dans l'Aude:
deux à Saint-Gaudéric, fin juin et début juillet, mais aussi une sur un élevage de Fenouillet-du-Razès, le 22 août. Autant d'événements pris en compte par l'Office national de la chasse et de la faune
sauvage (ONCFS) et la Direction départementale des territoires et de la mer, les deux acteurs impliqués pour le constat et l'indemnisation des dommages subis.
Fin août, 39 constats de dommage sont ainsi recensés dans l'Aude pour l'année 2014 (dont un en cours d'instruction, Ndlr).
Des attaques qui représentent un total de 89 animaux tués dans le département:
et, en retour, le versement d'une somme globale de 20 000 € aux éleveurs concernés.
Source: L'Intendant du 5 septembre 2014