Depuis les premières motions votées par les chambres d’agriculture de la région PACA (Provence-Alpes-Côte d’Azur) en 1995, soit trois ans après la mise en scène médiatique d’un pseudo retour du loup en 1992 sous le Ministère de Ségolène Royal, rien n’a changé. L’enquête sur la manipulation menée par la Chambre d’Agriculture des Alpes-Maritimes a été stoppé net en 1999 sans jamais vraiment savoir pourquoi. Quant à l’association européenne de défense du pastoralisme, qui avait une voix à la Convention de Berne, tout a été fait pour la laisser mourir. Depuis, l’option du dialogue et de la cogestion a été engagée avec le cuisant échec que nous connaissons.
Hormis le fait que nous constatons un échec avec une prolifération du loup dans tous les départements alpins et bien au-delà, l’évidence est qu’aucun syndicat n’a été capable, localement et régionalement sur l’Arc Alpin, d’avoir une action et une position coordonnées lisibles par tous en harmonie avec le vécu du terrain et le positionnement du Président de la FNSEA, Xavier Beulin, pour ne parler que du dernier. Quelques manifestations ont bien eu lieu en même temps que des tentatives d’unifier l’action notamment de la part d’associations. Sans grand résultat. Ces états généraux sont donc une action localisée de plus, cette fois à l’initiative d’élus. Et toujours les mêmes revendications au point d’en devenir rébarbatif.
A quand des actions efficaces s’inscrivant de la durée?
A quand la réflexion en prévision d’actions non pas sur l’avenir ou contre le loup mais en faveur d’un développement du pastoralisme, du développement durable des territoires, de
l’installation de jeunes seuls garants du développement de la biodiversité sur ces territoires de montagne. Le loup n’est pas une fatalité mais un élément retardateur à éliminer
comme l’ours dans les Pyrénées car incompatible avec toutes les formes d'élevage traditionnel.
De tout cela, personne n’en parle. Du moins ce n’est pas audible pour et dans les médias.
Des États Généraux sur le pastoralisme et les loups de l'arc alpin ont été organisés lundi soir au col du Glandon entre la Savoie et l'Isère. Plus d'une centaine d'éleveurs, élus, professionnels du tourisme et chasseurs ont réclamé la mise en place d'un plan de chasse et le déclassement du loup de la Convention de Berne.
Face à l'augmentation des attaques et l'absence de réponse appropriée pour abattre rapidement les loups, les éleveurs exigent désormais une obligation de résultat. L'année dernière, huit loups ont été abattus en France alors que le plan national autorisait l'abattage de 24 animaux. A travers ces Etats Généraux, les six maires des vallées des Villards, des Arves et de l'Eau d'Olle ont souhaité interpeller le gouvernement.
Dans une motion signée au terme de ces Etats Généraux, les élus et les éleveurs "réclament d'urgence une régulation opérationnelle du loup avec des moyens adaptés et une obligation de résultat". Les signataires demandent également la mise en place d'un plan de chasse et le déclassement du loup de la Convention de Berne, autrement dit que le prédateur soit rayé de la liste des espèces protégées.
"J'ai décidé de passer le permis de chasse pour pouvoir me défendre" - Françoise Darve-Blanc, éleveuse sur les alpages du Glandon victime d'une attaque de loup
Les signataires de la motion "demandent aux pouvoirs publics de représenter les éleveurs et de protéger leur activité et la qualité de leurs produits"; Françoise Darve-Blanc élève cinq cents bêtes sur les alpages du Glandon. Cette éleveuse a décidé de passer son permis de chasse pour se protéger elle et son troupeau des attaques de loups.
A l'initiative des maires de 6 communes de Savoie et d'Isère se tiennent ce lundi 18 août des Etats Généraux consacrés au pastoralisme et au loup. Une rencontre destinée à préparer une motion à l'intention du gouvernement.
A l'origine de cette rencontre, les communes de de Saint Colomban des Villards, Saint Alban des Villards, Allemont, Vaujany, Saint Jean d’Arves, Saint Sorlin d’Arves..
Ce rendez-vous organisé au Col du Glandon fait suite aux plaintes des éleveurs face à la recrudescence du nombre d’attaques de loups sur les alpages du territoire.
"Des attaques qui s’enchaînent, un stress permanent, éleveurs et bergers ne peuvent qu’être spectateurs d’un massacre écrit d’avance et quotidien" argumentent les organisateurs de ces Etats généraux.
Au coeur des discussions, le plan loup et les mesures de protection. La parole sera donnée aux aux éleveurs, bergers, élus de montagne, organisations professionnelles agricoles mais aussi aux professionnels du tourisme. L'objectif est de rédiger une motion qui sera portée aux ministres concernés, en charge de l'agriculture et de l'écologie
Dans un communiqué signé conjointement, Le président du Syndicat du Pays de Maurienne Yves Durbet, et Christian Rochet, conseiller régional tiennent des propos très vifs à l'encontre des politiques: "Les agriculteurs de montagne n’en peuvent plus et ce n’est pas les «mesurettes» mises plus ou moins en place qui peuvent les rassurer. De rapports parlementaires en projet de décret et en conventions européennes dites de Berne, le berger ne sait plus à quel saint se vouer! et il est «berné». De grands penseurs de la (fausse) protection de la nature assurent tous les jours depuis leurs bureaux citadins que le loup est utile et bien sûr, pas chez eux…mais dans nos régions de montagne." Le ton est donné.
"Nous voulons des mesures urgentes"
Invitée du 12/13 de France 3 Alpes, Jacqueline Dupenloud, maire de Saint-Alban des Villards a exprimé" l'exaspération des bergers et des éleveurs dont les troupeaux ont subi six attaques de loups rien qu'entre le 12 juillet et le 3 août.
Il commence à être entendu, mais voilà que le monde du pastoralisme doit se battre sur deux fronts, le court terme et le long terme. C’est le constat effectué hier lors des “États généraux” lancés par les maires des vallées des Villards, de l’Arvan et de l’Eau-d’Olle.
Pierre-Yves Bonnivard, maire de Saint-Colomban-des-Villards, pose l’alternative: une montagne avec une vie rurale, ou une montagne “ensauvagée” dont la seule valeur ajoutée serait celle de la nature sans l’homme. Ce que Luc Etellin, président du Syndicat ovin de Savoie, résume autrement: «On ne peut plus vivre avec les loups».
Les éleveurs concèdent, avec les politiques, que l’image du loup a un peu changé. «Maintenant qu’il atteint les zones de plaine», constate le président du conseil général Hervé Gaymard, il est moins politiquement incorrect d’en souligner les inconvénients. De Paris, l’État accorde des autorisations de prélèvement plus étendues.
Mais sur le terrain, ça ne suit pas. Yves Durbet, président du Syndicat du pays de Maurienne, se déclare «stupéfait qu’on soit incapable de prélever les 36 loups autorisés» au plan national. Pour les acteurs de terrain, les décisions arrivent trop tard, sont enserrées dans un «carcan administratif» pour Franck Dieny, éleveur haut-alpin vice-président de la Fédération nationale ovine, et les opérations sont encadrées par des fonctionnaires «dont on sait bien qu’ils sont à fond pour le loup», estime Hubert Covarel, ancien président du Syndicat ovin de Savoie.
Élus et éleveurs sont d’accord sur les besoins d’urgence: obtenir le droit d’effectuer des battues, comme pour le gibier, et abattre les loups dans les zones où le pastoralisme a besoin de l’espace. A minima. Les chasseurs y sont prêts: «Nous savons gérer les espèces sauvages», estime Éric Grange, vice-président de la Fédération de chasse de Savoie, «si nous avons les mêmes moyens et droits que pour les autres gibiers. Que les élus s’occupent des textes de loi, nous nous occuperons du loup».
Marie-Noëlle Battistel, député de l’Isère, n’est pas certaine que cela soit aussi simple. Elle est en revanche bien consciente de la souffrance des éleveurs. Sa collègue de Savoie, Béatrice Santais, soutient la ministre Ségolène Royal, qui vient d’augmenter les autorisations de prélèvement, mais concède que le combat sur le long terme, celui du déclassement du niveau de protection du loup, sera difficile. En face, les milieux écologistes ont d’excellents communicants…
Une motion devait être rédigée, hier soir, à l’issue de ces États généraux.
Auteur: Frédéric Thiers
Source: Dauphiné Libéré du 19/08/2014