On soupçonne toujours la présence du loup dans les Ardennes alors qu’il a été vu en Champagne. En général, aux premières prédations, les «autorités» prétendent toujours que ce sont des chiens en divagation. Une occasion pour laisser s’installer une meute en annonçant la présence du loup un an plus tard. Et jamais les chiens en divagation ne sont retrouvés ou identifiés. Et durant tout ce temps, toujours cette question: "le loup est-il de retour?" Cette fois, il s’agissait bien d’un chien clairement identifié. Souhaitons qu’à l’avenir l’ONCFS s’attache à identifier les chiens perturbant ce que nous appelons «le milieu naturel» afin de justifier ses affirmations et assurer sa crédibilité.
Des loups dans les Ardennes? Il est encore trop tôt pour l'affirmer. Mais à quelques kilomètres de Hargnies, du côté de Gedinne, une équipe de télévision belge a filmé ce qui ressemble très fort à un canis lupus. Enquête des deux côtés de la frontière.
La semaine dernière, les téléspectateurs belges ont pu voir des images surprenantes filmées cet été à Gedinne, à un jet de pierre de la frontière, du côté de Hargnies. Des images prises de nuit, en infrarouge, qui permettent de distinguer un mammifère de la famille des canidés, de grande taille, qui pourrait être un loup. Une dépouille de mouton avait été utilisée pour attirer un prédateur qui a fait des dégâts dans des prairies des environs de Gedinne. Selon nos sources, quatre cadavres de moutons ont été retrouvés en juillet dernier, chaque fois à deux jours d'intervalle. La possibilité qu'il s'agisse d'un lynx a été évoquée.
Cette hypothèse était parfaitement crédible d'autant que le lynx est présent avec certitude dans l'Eifel et dans les Ardennes françaises. Très probablement aussi dans les Ardennes belges. Mais les images prises à Gedinne balayent cette piste du lynx: l'animal filmé n'est pas un félin, mais un grand canidé qui ressemble de très près à un loup. D'où pourrait provenir cet animal au comportement sauvage? Réintroduction clandestine comme ce fut le cas pour les castors? À moins que ce loup (s'il s'agit bien d'un loup) soit naturellement revenu dans nos Ardennes après un siècle d'absence.
Cette dernière hypothèse serait étonnante, mais selon les spécialistes, cet animal est capable de parcourir de grandes distances au trot, jusqu'à 60 km en une seule nuit. L'information, certes, mériterait davantage d'investigations, sachant qu'aucun test ADN n'a encore permis d'établir ce retour avec certitude. D'autant qu'en outre, depuis le tournage de juillet, aucun agneau n'a semble-t-il été mangé, ni en Belgique ni en France.
Néanmoins, un spécialiste semblait certifier que l'animal était bien un canis lupus… Est-ce à dire que, dès lors, nos forêts pourraient également être hantées par cette présence? Ce n'est pas impossible. «Si ce loup devait être avéré, je pense qu'il pourrait franchir la Meuse sans trop de difficulté, confirme François Delacre, chef de cantonnement du DNF* à Viroinval. Il la passerait à la nage, ce qui ne doit pas vraiment constituer un gros obstacle pour lui. Le plus facile serait un pont, mais je doute qu'il ose s'aventurer dans les villages»
Pour lui, les forêts de Viroinval constitueraient sans doute un biotope convenable pour cette bête: «Il s'agit de l'un des plus grands massifs forestiers de Belgique. Je pense donc qu'il s'y adapterait sans trop de problème.»
Ce gestionnaire de forêts verrait même ce retour d'un bon œil: «Nous récupérerions un prédateur du grand gibier. Il permettrait de réguler la population de cervidés et de sangliers. Les chasseurs sont là, mais je pense que le loup aurait sa place à côté d'eux. Surtout, le gibier, par sa présence apprendrait à se méfier davantage. Il deviendrait donc plus méfiant, ce qui serait intéressant. Enfin, en imaginant que, dans un terme plus long, des meutes se reconstituent, elles permettraient de disperser les populations de sangliers, ce qui serait très bénéfique.»
François Delacre relativise cependant: «S'il s'avère que c'est bien un loup, il ne s'agit encore que d'un individu. Pour assurer sa présence, il faudrait une meute. Son retour reste donc pour moi hypothétique, tout en sachant que l'on n'aurait jamais parié sur celui du castor il y a 20 ans. Or, maintenant, il est présent dans de nombreuses régions aux alentours. On l'y a aidé, certes, mais qui sait, c'est peut-être le même phénomène avec le loup…»
* Département de la nature et des forêts, l'équivalent belge de l'ONF.
Source: L'union l'Ardennais du 29 septembre 2014
L’animal, aperçu le 22 septembre entre Ménil-Lépinois et Neuflize, n’est pas un loup mais un chien. Surprise par sa stature en plus d’être intriguée par son faciès, une habitante du Rethélois s’était arrêtée sur le bas-côté de la route pour prendre l’animal en photo. Quatre clichés au total de son étonnante rencontre, transférés dès le lendemain à l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS).
Un courriel l’avait informée du transfert des photos au réseau loup-lynx du centre de recherche et d’observation sur les carnivores. Un appel téléphonique l’a notifiée de la difficulté à se prononcer sur la nature de l’animal sans que des analyses ADN ne soient faites.
Contactés durant la journée du mardi 30 septembre pour savoir ce qu’il en était, ni les services de l’ONCFS, de la direction départementale du territoire et de la préfecture des Ardennes n’ont été en mesure de nous renseigner. Sans doute bousculés par la requête, ces mêmes services nous ont apporté une réponse hier matin. «À la suite des interrogations liées à la possible présence d’un loup photographié dans le sud des Ardennes, peut-on lire dans le communiqué de la préfecture, «des investigations – notamment de l’ONCFS – ont été effectuées. Les analyses des clichés concluent au fait que l’animal n’est pas un loup, mais un chien».
«Sur les photos, l’animal a la queue dressée», commente Jean-François Laigre, directeur adjoint à la direction départementale des Territoires. «Ce n’est pas une posture habituelle chez le loup.» «Ce dernier a plus couramment la queue entre les pattes», explique Serge Pierrot, chef du service départemental des Ardennes de l’ONCFS. Quant à l’extrémité de sa queue, elle est généralement noire.»
La photographe sera probablement déçue d’apprendre la nouvelle. Sa déception est aux antipodes de l’amusement de Claudine, qui a reconnu son chien dans nos colonnes. «En regardant le journal marcredi matin, j’ai trouvé que ce loup-là m’était bien familier», déclare-t-elle en souriant. Et pour sûr, il s’agissait de sa chienne husky prénommée Yalli. «J’étais à cheval et elle me suivait, à son rythme.» Quand l’habitante du Rethélois a emprunté le chemin agricole qui relie Ménil-Lépinois à Neuflize, Claudine était déjà dans le petit bois. Mais pas Yalli, qui profitait de la nuit tombante – entre chien et loup – pour jouer des tours. Il n’en demeure pas moins que les autorités s’appliquent à mettre en place une cellule de veille dans le but d’anticiper l’arrivée du loup dans le département.
Auteur: Sophie Bracquemart
Source: L'Union l'Ardennais du 2 octobre 2014