Les contraintes administratives des tirs de prélévement de loups rendent la procédure stupide et inefficace
Ce genre de décision est le comble de la stupidité administrative, certes légale, qui n'honore guère ceux qui appliquent ces règles. Pourquoi?
1/ La décision est prise plusieurs jours, voir plusieurs semaines après les méfaits d'une meute et très rarement d'un seul loup.
2/ La décision étant prise tardivement, il est assez peu probable que le ou les coupables soient ceux visés par l'autorisation de prélèvement.
3/ Le loup est capable de faire plusieurs dizaines voir centaines de kilomètres en quelques jours, si la décision de tir n'est pas prise dans les heurs de la découverte de
la prédation, l'autorisation de prélèvement est sans effet sur la meute concernée.
4/ L'autorisation donnée sur le territoire de quelques communes caractérise l'imbécillité (et le terme est faible) de la décision prise. Comme si le loup connaissait les
limites administratives
5/ Seule l'ONCFS est autorisée à faire ou organiser les tirs. Sachant les liens étroits qui existent entre cet établissement public et les associations environnementalistes,
il est assez peu probable que les tirs soient efficaces d'autant qu'il est régulièrement signalé que des militantsécologistes organisent leurs propres battues avant les
opérations de tir afin de faire fuir les loups du secteurs de battue.
Tous ces éléments nous amènent à constater que de touts les tirs de prélèvement qui ont été autorisés, aucun n'a abouti en 2010. Ce genre de décision administrative n'a pour but que de tenter de calmer les éleveurs. Ce genre de comportement a ses limites qui pourraient bien avoir été dépassées si on en croit les initiatives de la fédération Nationale Ovine de décembre 2010.
Les mesures de protection s'avèrent totalement inefficaces. Bien souvent inadaptées au milieu. En 15 ans de présence du loup, un éleveur des
Alpes-Maritimes a renouvelé 5 fois son troupeau régulièrement décimé par les loups. Difficile d'accepter la poursuite
d'une telle situation.
Un troupeau est un outil de travail. Tout éleveur devrait avoir le droit de défendre librement son outil de travail par tous moyens y compris au sein des parcs nationaux. Les
bêtes d'élevage ont autant le droit de vivre que les bêtes sauvages. Si ces bêtes sauvages s'attaquent trop souvent à des troupeaux gardés c'est probablement que le milieu dans
lequel elles se trouvent est inadapté pour trouver de la nourriture dite "sauvage". Une régulation s'impose donc mais ne peut être efficace qu'en dehors de toutes procédures
administratives longues, inadaptées et au final prises par des personnes incompétentes (principe de Peter). De ce fait, l'éleveur, le berger, doit pouvoir être en mesure de tirer
sur les loups à chaque fois que cela s'avère nécessaire sans avoir à attendre une autorisation administrative. Il devrait même être indemnisé du temps passé à cette protection
indispensable de son outil de travail imposée par les exigences de l'Etat.
Face autant à l'inertie qu'à l'inefficacité et la stupidité du système, le risque est fort que des éleveurs finissent par ne plus rien dire et prendre eux-mêmes des dispositions
efficaces pour se protéger des loups. Aux tirs discrets mais bruyants, le poison risque de faire son retour. Et il sera difficile de le trouver. Malheureusement, toute la faune
sauvage risque d'en profiter. Et dans ce cas, la protection d'une seule espèce emblématique devient une erreur pour la protection de l'ensemble des espèces et la biodiversité.
Au lieu de réagir de manière purement environnementaliste, ne vaudrait-il pas mieux avoir une démarche de développement durable autour de ses trois piliers: environnement, social
et économique? Et dans ce cas, doit-on ou peut-on associer au dialogue, pour trouver des solutions, des organisations écologistes sectaires? Les solutions ne doivent-elles pas se
trouver entre l'Etat et les acteurs locaux directement concernés?
Une chose est certaine, la méthode consistant à accorder des autorisations de tir totalement bidon et stupide aura ses limites qui sont très probablement déjà dépassées.
Louis Dollo, le 15 décembre 2010