En octobre 2011, un troupeau de brebis avait été attaqué à Monieux par un loup. Des éleveurs ont déjà vu, disent-ils, l'animal dans les forêts du Mont Ventoux. Mais officiellement, l'administration a quelques difficultés à reconnaître les faits. C'est un comportement assez constant à l'ONCFS de nier l'évidence. Pour eux rien n'est évident, pas même une prédation. Ceci dit, même chose pour nous et surtout pas les propos de l'ONCFS. En effet, selon nos informations, ce n'est pas un chasseur qui a retrouvé le cadavre mais un accompagnateur nature bien connu d'une grande association de protection du loup, curieusement suivi d'un agent de l'ONCFS. Le cadavre était, selon nos sources, encore chaud. Curieuses coincidences et parfaite situation pour accuser les chasseurs ou les éleveurs.
C'est un chasseur qui aurait découvert, hier matin à Bedoin, la dépouille criblée de deux balles d'arme de chasse.
Il y a quelques mois, un éleveur était formel: il avait bien vu le loup dans le Mont-Ventoux. Hier, la découverte du cadavre d'un animal, dont tout laisse penser qu'il s'agit bien d'un loup, pourrait lui donner raison.
Vers 8 h 30, hier matin, un chasseur qui s'adonnait à son activité dans le secteur du Pavillon de Roland, dans le Ventoux, commune de Bedoin, aurait découvert les restes de l'animal. La dépouille de la bête présentait deux trous pouvant correspondre à l'entrée de deux balles de chasse. D'après nos informations, les enquêteurs de la gendarmerie mais aussi les responsables vauclusiens de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) ont aussitôt été alertés. Selon la procédure en vigueur, les agents de l'ONCFS auraient saisi l'animal dont le corps aurait été conduit dans un laboratoire des services vétérinaires en vue d'une autopsie.
Contactée, la délégation régionale de l'ONCFS, installée à Graveson (13) ne semblait pas au courant de cette découverte. Tout juste, se bornait-elle à confirmer la marche à
suivre en pareil cas. "Nous procédons à des constats sur le terrain, sur la scène de crime. Une fois que le constat est établi, nous sommes chargés de transporter l'animal
auprès des services vétérinaires pour l'analyser et pour déterminer à quelle espèce il appartient. Si la bête a été abattue, c'est forcément un acte de délinquance passible
d'une sanction pénale et la procédure est transmise au parquet", expliquait Charles Gaudin, délégué régional adjoint de l'ONCFS dont l'une des missions est d'exercer la
police de la chasse et de l'environnement.
Tout comme l'ONCFS, les institutions et les gendarmes étaient peu diserts après cette découverte qui, évidemment, risque de faire grand bruit dans le milieu des éleveurs
ovins. Depuis des mois, ces derniers ne cessent de dire leur inquiétude après deux attaques dont leur troupeau a été victime. À Bedoin et à Monieux, plusieurs brebis avaient
été retrouvées mortes en fin d'année dernière et les analyses pratiquées par la Préfecture avaient conclu que "la responsabilité du loup ne pouvait être totalement exclue".
Il faudra bien évidemment attendre encore un peu avant les résultats des analyses et les conclusions des services de la Préfecture, mais hier déjà, certaines sources semblaient très enclines à penser qu'il s'agit du cadavre d'un loup.
Luc Reynard, le maire de Bedoin: "Ca ne m'étonne pas, certains l'ont déjà vu"
Interrogé après la découverte de ce cadavre de loup sur le territoire de sa commune, le maire de Bedoin, Luc Reynard, indiquait "ne pas avoir été informé" mais ne semblait pas étonné. "C'est la preuve qu'il y en a. Jusqu'alors, il n'y avait pas de preuve. Ça ne m'étonne pas du tout compte tenu du fait que certains l'ont déjà vu! Des chasseurs et des éleveurs l'ont aperçu", dit celui qui s'est déjà prononcé contre la réintroduction du loup dans le Ventoux. "C'est donc à ma connaissance le premier loup qu'on aura retrouvé abattu dans le Mont-Ventoux. Ce qui m'étonne, en revanche, c'est la proximité avec les zones d'habitation. Il est descendu très bas".
Lionel Kmiec, technicien forestier: "Cela ne veut pas dire que le loup est présent de façon permanente"
"Technicien forestier depuis trente-cinq ans, représentant de l'Office national des forêts en cas de risque incendie pour le Vaucluse, Lionel Kmiec connaît bien le massif du
Ventoux. Plus sa flore que sa faune, d'ailleurs. Mais ce spécialiste n'est pas non plus surpris. "Ce n'est pas parce qu'on a trouvé un cadavre de loup qu'il est présent en
permanence. C'est vrai que le triangle montagne de Lure-Mont-Ventoux-Monts de Vaucluse c'est un endroit idéal dans lequel le loup pourrait s'installer. Il n'y a pas lieu
d'affoler tant qu'il n'est pas là de façon permanente. Selon moi, le loup ne fait que passer. Si le loup ou plutôt une meute s'était installée, nous aurions noté des chutes
de population dans les grands cervidés (chamois, mouflons). Or, ce n'est pas le cas d'après les comptages réguliers que nous effectuons."
Auteur: Mélanie Férhallad
Source:
La Provence du 31 janvier 2012
La découverte d'un loup mort, en janvier près du Mont-Ventoux, ne laissait planer aucun doute pour les éleveurs. Et si on attend toujours les résultats de l'enquête conduite pour tenter d'identifier et l'animal et son tueur, le préfet du Vaucluse lui, a acté la présence de l'animal, déjà signalé après la découverte de brebis égorgées. Et c'est tardivement que François Burdeyron a fait savoir que depuis le 23 janvier, un arrêté acte les mesures de protection des éleveurs contre les attaques potentielles des loups: soit des aides de l'Etat pour financer les chiens, les filets de protection... Ainsi, le loup dont la présence est déjà reconnue dans le Sud-Est de la France, dans les Hautes-Alpes, le Var, et les Alpes de Haute-Provence, a "officiellement" franchi le Mont-Ventoux et les Monts de Vaucluse.
Source: La Provence du 22 mars 2012
Le "plan loup" est désormais activé dans le département sur 21 communes
Le langage administratif est un bonheur: à la suite des attaques de 16 brebis en octobre 2011, "les expertises avaient permis de conclure que la responsabilité du loup ne
pouvait être écartée" . De quoi faire doucement rigoler (jaune) les éleveurs ovins des Monts de Vaucluse et du Mont-Ventoux, dont certains ont appris, comme la presse hier, que
sur la base de ces considérations, le préfet de Vaucluse François Burdeyron avait pris un arrêté... le 23 janvier dernier. Celui-ci met en application le "Plan National Loup"
au niveau départemental et, donc, atteste que l'animal est désormais présent dans cinq départements du Sud-Est de la France: Var, Alpes-Maritimes, Hautes-Alpes, Alpes de
Haute-Provence et donc, Vaucluse.
L'arrêté ouvre droit à des aides pour la protection des élevages (filets, financement des chiens, et éventuellement aides à l'emploi) et, surtout, à des indemnisations pour
les bêtes tuées par le prédateur.
Les éleveurs, nombreux sur les communes concernées (21 au total, et en priorité celles d'Aurel, Bédoin, Monieux, Saint-Trinit et Sault), hésitent eux, entre rire et larmes. Le rire, c'est parce qu'il y a belle lurette qu'ils savent eux, que l'animal, prédateur de moutons, chamois et autres chevreuils est arrivé dans le cadre superbe du Ventoux. Pour preuve: la découverte en janvier dernier d'un loup mort. Et là aussi, le langage préfectoral est suave: "Il y a enquête en cours puisque tuer un animal protégé est un délit. Nous ne pouvons nous substituer au procureur, mais on peut dire que c'est sans doute un loup".
En revanche, les bergers grondent pour deux raisons. "Nous sommes déjà victimes de ce prédateur lors des estives dans les Alpes. Et c'est dur. Maintenant, c'est chez nous!", explique un peu lasse, Emilie, éleveuse à Lioux. Car même si les aides sont là (300 € pour un chien type patou, et 200 € de croquettes!), si les indemnisations sont prévues, "c'est une astreinte considérable, jour et nuit", souligne la jeune femme. La deuxième raison, c'est Marc Giardini (Lagarde-d'Apt), qui reprend la polémique de la réintroduction du canidé, en s'indignant: "Au moment où les aides régressent, il vaudrait mieux dépenser de l'argent pour des hôpitaux. Pour l'heure, ici, le loup, c'est le dahu. Dans cinq ans, il sera un fléau".
Auteur: Silvie Aries
Source: La Provence du 23 mars 2012