Enfin une vraie démarche scientifique, avec des chercheurs du CNRS, pour connaître le véritable impact du loup sur la faune sauvage d'ongulés dans les Alpes. Fini les approximations des associations écologistes sectaires. Laissons la place aux vrais chercheurs.
La louve du Mercantour porteuse d'une balise
L'arrivée naturelle du loup en France dans le Parc national du Mercantour dès 1992 et sa colonisation progressive dans tout l'arc alpin puis au-delà, pose de nombreuses questions aux acteurs en charge de la gestion des espaces naturels et de leurs écosystèmes. Mieux connaître l'impact quantitatif, mais aussi qualitatif de cette prédation "lupine" sur les Ongulés sauvages s'avère nécessaire pour ajuster au mieux les stratégies de gestion des espèces et des espaces dans la mesure où la présence d'un grand prédateur peut changer le fonctionnement de l'écosystème
Débuté en 2004 pour une durée indéterminée, ce programme scientifique a pour ambition de comprendre et d'estimer l'impact de la prédation par le loup sur la survie, le succès de reproduction et le comportement des populations d'ongulés sauvages dont quatre espèces: cerfs, chevreuils, chamois, mouflons. Ces espèces sont en effet les plus représentatives du régime alimentaire du loup dans les alpes françaises.
Il s'agit d'une part, grâce à des techniques de marquage et de suivi individuel des animaux, d'estimer directement les paramètres démographiques de chaque espèce, et d'autre part, d'appréhender la sélectivité éventuelle du loup vis-à-vis de ses proies: le loup privilégie t-il une espèce par rapport à une autre? Sélectionne t-il des animaux selon leur condition physique? En effet, ces questions sont importantes dans la mesure où la prédation n'aura pas, à terme, le même impact sur le devenir des populations de grands ongulés. Par exemple, si le prédateur sélectionne très fortement des animaux affaiblis, qui de toutes façons seraient morts naturellement, l'impact de la prédation peut être négligeable. A l'inverse, si celui-ci sélectionne des femelles adultes, l'impact de la prédation pourra avoir une influence significative sur la démographie de la population.
Deux sites d'étude à comparer: la Haute-Tinée dans le massif du Mercantour, et le massif des Bauges
Le principe de cette étude est la comparaison du fonctionnement d'une même communauté d'ongulés dans des situations avec et sans loup. Deux sites distincts ont été retenus:
Le choix de ces deux sites s'explique par:
Suivi des populations d'ongulés: étudier leurs comportements et leur taux de survie avec et sans loup
Pour suivre les populations d'ongulés dans les deux sites, cerfs, chevreuils, chamois et mouflons sont capturés à l'aide de pièges adaptés à chaque espèce. Ils sont ensuite équipés d'un système de marquage: collier émetteur VHF doté d'un détecteur de mortalité ou marque visuelle permettant de les identifier à distance. Grâce à cet outil, il est possible de les suivre au plus près. Ces techniques dites de "capture-marquage et recapture" permettent d'estimer notamment les taux de survie et les effectifs de chaque espèce en présence.
Quelques chiffres
Source: Parc National du Mercantour
Le Protocole Prédateur-Proies
"L'impact du loup sur les populations d'Ongulés sauvages dans les Alpes françaises"
Ce programme de recherche "Prédateur-Proies" a été lancé en 2004 par l'Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage, le CNRS, la fédération départementale des chasseurs des Alpes-Maritimes et le Parc national du Mercantour. Son objectif est d'étudier l'incidence de la prédation du loup sur la dynamique, le comportement et la répartition spatiale des populations de quatre espèces d'ongulés sauvages connues pour être des proies du prédateur: cerf, chevreuil, chamois et mouflon.
Cette étude est une première en France et même unique en Europe du fait de son approche focalisée sur les proies, et non sur les prédateurs.
Outre la prédation, les ongulés sauvages sont aussi soumis à diverses autres pressions dans la nature comme la chasse, les maladies, la météo, le relief... qui influence leur répartition, leur dynamique et leur comportement. Mais quelle part occupe la prédation au regard des autres pressions? Evaluer son impact est d'une importance particulière pour la gestion pratique des écosystèmes et des animaux qui y vivent.
Le principe de cette étude repose sur la comparaison de deux situations avec et sans loup. Elle est réalisée en parallèle dans deux sites distincts présentant la même diversité d'espèces en ongulés: entre un site où le loup est installé en meute depuis 13 ans (Secteur Haute-Tinée, Massif du Mercantour, Alpes-Maritimes), et un site témoin où le loup commence à arriver (Massif des Bauges, Savoie) et où l'ONCFS étudie ces mêmes populations d'ongulés depuis 1985.
Pour mener cette étude, des captures et marquages de cerfs, chevreuils, chamois et mouflons sont nécessaires ainsi que la récolte sur le terrain de carcasses de ces ongulés sauvages tués par le loup. En la matière, il s'avère difficile de trouver ces carcasses en raison de l'arrivée rapide des charognards consommateurs des "restes". Les mesures et études sont alors impossibles ou trop peu fiables.
Ainsi, il est apparu nécessaire de recourir à la capture et au marquage de loups pour pallier à ce problème.
Dans ce cadre, en 2008, le Ministère de l'Ecologie, de l'Energie, du Développement durable et de la Mer a octroyé l'autorisation de capturer 3 loups en Haute
Tinée dans le Parc national du Mercantour. Les loups capturés sont équipés d'un GPS pour suivre leurs déplacements et détecter ainsi rapidement leurs proies afin
de pouvoir les retrouver et mesurer tous les paramètres utiles à l'étude.
Pour aller plus loin, téléchargez le PDF produit par l'ONCFS sur "l'impact de la prédation par le loup sur les ongulés sauvages dans les Alpes françaises".
Source: Parc National du Mercantour le 10-12-2009