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Chantal Delsol ou Chantal Millon-Delsol, est une philosophe, historienne des idées politiques, et romancière française. En 1993, elle fonde l’Institut de recherche Hannah. En 2007, elle devient membre de l'Académie des Sciences morales et politiques. C’est une "libérale-conservatrice". Elle est éditorialiste au Figaro, à Valeurs actuelles, et directeur de collection aux éditions de La Table Ronde. Dans Valeurs Actuelles, elle relève que l’on parle de l’"assassin" du lion Cecil en usant à dessein du mot servant pour les humains".

Chantal Delsol parle ici du lion Cécil tué par un riche chasseur américain. Malheureusement, ce lion faisait l’objet d’une certaine vénération de la part des animalistes. Ce qui a fait beaucoup de bruit dans me microcosme naturaliste notamment aux Etats-Unis au point de qualifier le chasseur de criminel.

En France, nous avons exactement la même chose pour ce qui concerne l’ours, notamment dans les Pyrénées, les vautours et le loup. C’est ce qui fait que l’intervention de cette intellectuelle méritait d’être mentionnée. Ce type d’intervention est si rare….

Lorsque, dans les Pyrénées, des chasseurs ont, par nécessité, tué la femelle ourse Melba et, plus tard, Cannelle, ils ont subi insultes et pressions en tout genre qui, à certains égards, ressemblaient au sort réservé aux juifs dans les années 1930 - 40. Le terme de criminel était évidemment employé. Même par le Présidentd e la République, Jacques Chirac. Frédérique Loubet-Porterie, Présidente du Tribunal de Pau dira:"En plus de vingt ans de magistrature, je n'ai jamais vu un tel déchaînement, même pour des crimes commis sur des enfants." Ce qui en dit long du comportement écologiste.

Pour le loup, la situation est la même. Lorsque Franck Michel tue un loup au Petit-Bornand, dans le village, c’est le déchaînement. Les frères Dupérier en Savoie ont connu le même traitement. Même chose en Italie pour l’ourse Daniza dans le Trentin. Et la liste serait très très longue si nous reprenions les commentaires sur les forums et Facebook.

Pour ces idéologues sectaires de la religion écologiste, certains animaux valent mieux que l’humain, ce bipède responsable de tous les maux et toute la destruction de la planète. Pour une fois, et c’est assez rare, une philosophe prend position en faveur de l’humain qui, quoique disent les écologistes, fait partie de la biodiversité. Mais depuis le 20ème siècle et les premières lois animalistes du régime nazi dont les préceptes ont été repris par les grandes centrales de l’écologie profonde mondiale est un positionnement "politiquement incorrect".

Phénomène de société? En quelque sorte. Surtout lié à une propagande jusque dans les écoles, où nous avons vu certaines associations, dans les Pyrénées, au sujet de l’ours, expliquer aux jeunes élèves, enfants d’éleveurs, que leurs parents sont des criminels. Propagande que nous retrouvons encore dans certains secteurs en faveur du loup.

Ces mêmes propagandistes, tous partis politiques confondus, cherchent à donner aux animaux les mêmes droits qu’aux humains. L’objectif est de laisser libre tous les animaux, abandonner les abattoirs et faire que tout le monde soit des végétariens. Cette idéologie d’une rare violence, extrêmement intolérant, ne s’indigne jamais de la mort, par prédateurs uniquement, des animaux d’élevage qui doit sans doute être bien plus paisible que dans un abattoir. Ces militants extrémistes et sectaires ne s’indignent pas plus de la mort de personnes ou des blessures subies par ces personnes. Pire encore, elles font pression sur les rédactions des médias pour que l’on taise la vérité.

En dénonçant ces comportements on dénonce également une forme de dictature: celle de l’écologie profonde. D’où la nécessité de résister par tous moyens.

Louis Dollo, le 1 septembre 2015

- Chantal Delsol: vers une dévalorisation de l’humain

Le lion Cecil est devenu un héros international. Cet animal magnifique, appartenant à une réserve du Zimbabwe, a été traîtreusement attiré hors de la réserve (là où la chasse est permise) par un chasseur qui l’a ensuite épuisé à la course puis tué avant de le photographier en trophée. L’affaire a fait un scandale tous azimuts. Les réseaux s’en sont emparés. L’aventure du lion Cecil, vedette et victime des méchants parmi les méchants, traduit toute une mentalité. Les remous de l’opinion publique suite à cette affaire expriment les croyances du moment plus que ne le pourraient bien des analyses…

Le chasseur en question, un dentiste américain amateur de safaris, a commis un délit puisque l’animal était protégé par la réserve. De là à le traiter comme un grand criminel, il y a une marge. L’opinion publique s’acharne sur lui avec une véhémence assez ridicule. Il a reçu des menaces de mort et a trouvé sa maison vandalisée, pendant que les réseaux sociaux le décrivent comme une sorte de Hitler contemporain, pas moins. Il faudrait se calmer!

Une évolution des mentalités plutôt bienvenue nous incite à ne plus regarder les animaux comme des biens meubles, mais comme des créatures sensibles et souffrantes, donc méritant notre attention, notre respect et notre compassion. Le dualisme cartésien, qui aboutissait aux animaux-machines, est bien loin derrière nous. Les progrès de la biologie, de l’éthologie se conjuguent pour nous faire comprendre que nous avons des devoirs envers les bêtes souffrantes.

Cette certitude n’est pas nouvelle dans la culture occidentale (il suffit de lire par exemple Hildegarde de Bingen), mais aujourd’hui elle prend un relief particulier qui la rapproche des cultures orientales — on ne dit plus “les animaux doivent être respectés comme des êtres vivants sensibles”, mais “les animaux sont aussi dignes que les humains et ont les mêmes droits”, et bientôt “les animaux sont plus respectables que les humains, car ils ne tuent que pour manger”.

Ce délire n’est étayé par aucun raisonnement ni aucune dogmatique, mais émane directement de l’indignation et du sentiment: c’est une croyance qui part dans tous les sens et donne lieu à tous les excès. Les uns érigent des théories sur le “droit des animaux”, sans bien savoir sans doute ce qu’est un droit ni sur quoi il se fonde. Beaucoup ne voient aucune différence entre la dignité des humains et celle des animaux. La plupart n’ont jamais songé à quel point le règne animal est vaste, et qu’aucune raison cohérente ne les pousse à préférer le lion Cecil au moustique qu’ils viennent d’écraser, sinon la beauté de Cecil, piètre argument… Ce que nous avons sous les yeux, c’est un lynchage par les réseaux sociaux, une vindicte aussi violente qu’irraisonnée.

Signe parmi tant d’autres de l’orientalisation de notre culture, l’égalisation croissante de la dignité humaine et de la dignité animale exprime un refus de la royauté de l’homme et de son intrinsèque grandeur — et concomitamment, une dévalorisation de la conscience proprement humaine.

Quand on voit le grabuge médiatique organisé autour du lion Cecil, on se dit que nous ne sommes pas loin de ces civilisations où l’on écraserait un homme plutôt qu’une vache. Et finalement, le refus de la royauté de l’homme engendre une anthropophobie latente. Nos contemporains s’émeuvent de voir tuer les poussins surnuméraires, mais pas les embryons humains surnuméraires. Et sacralisent les loups dont je ne peux pas m’empêcher de penser qu’ils importent moins que l’enfant du berger… À force de tout égaliser, plus rien n’a d’importance et ne surnage plus que l’émotion.

On peut regretter que le lion Cecil ait été abattu à injuste titre par un chasseur arrogant et goujat. Mais enfin, je ne parviens pas à m’en indigner autant que pour les centaines de milliers d’enfants qui chaque jour dans le monde sont vendus, violés, tués par des adultes sans scrupules. Pardon de le dire aussi crûment à nos contemporains: je crois que ces enfants ont une âme, une conscience, donc une dignité, que ce lion ne peut pas revendiquer.

Auteur: Chantal Delsol
Source: Valeurs Actuelles du 28 août 2015