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Les Hautes-Pyrénées étant fermées pour faire passer la THT vers l'Aragon et l'Espagne, il fallu trouver un autre passage dans les Pyrénées centrales. Il restait peut de lieux. C'est ainsi qu'entre 1997 et 2000, le problème s'est posé dans le Couserans en Ariège - Pyrénées.

- Origine du projet

Les Hautes-Pyrénées étant fermées au passage de la THT par le Val Louron comme par la vallée des Gaves, l'idée de passer par le Luchon, la vallée de la Pique et rejoindre Benasque en Aragon (Espagne) fut envisagé. Mais la présence du Parc des Posets et de la Maladeta versant sud eut vite raison de cette idée.
L'autre idée était de passer par la vallée de la Garonne et le Val d'Aran. mais pas question de toucher à la vallée royale. On ne discute pas la beauté des paysages admirés par un Roi.

En poussant un peu plus à l'Est, il restait, du côté français, entre 1997 et 2000, le Couserans (Ariège) en passant par Saint-Girons et quelques vallées "sauvages".

- Les tracés de la THT

Deux tracés sont envisagés en Ariège

C'est le second projet par le Couserans qui a les faveurs d'EDF. Il permet de rejoindre le haut Anéou (Alt Aneu) et de plonger sur Sort et la Catalogne. Tout à coup, on ne parlait plus de la nécessité d'alimenter l'Aragon mais la Catalogne.

La suite...

- Epilogue

La mobilisation de la population locale, comme dans le Val Louron, a permis de faire obstacle à ce projet une nouvelle fois. Il fallait donc partir encore plus à l'Est car à l'Ouest, les basques font peur. Mieux vaut ne pas les affronter.

- L'opposition en Couserans - Ariège-Pyrénées

Comme sur toute la chaîne des Pyrénées où un tel projet a vu le jour, l'opposition s'est organisée. Le Couserans en Ariège-Pyrénées n'échappe pas à cette règle. Une association est créée sous le nom de "Association anti-THT du Couserans". Elle a pour objet de " s'opposer à la création de toute nouvelle ligne à très haute tension dans les Pyrénées et notamment dans le Couserans, ainsi qu'à la transformation des lignes existantes en lignes THT (400.000 volts et plus)."

Siège social: La Claou, 09140 Ercé
Président: Lucien Dupont

- La situation en Ariège

Tous projets a ses défenseurs et ses opposants. Il en est ainsi dans le Couserans comme ailleurs. Il y a aussi ceux qui y voient le moyen d'en retirer des avantages. C'est le cas du maire de Saint-Girons de l'époque, Bernard Gondran, qui était parti dans une négociation assez surprenante: la THT contre le percement du tunnel de Salau. Vieux projet dont l'idée remonte à Napoléon III et prévu par la commission mixte franco-espagnole de 1904 qui n'a jamais été suivi d'effets. Par la suite, ce maire a changé d'avis pour se positionner du côté des opposants.

Il faudra attendre trois ans (1997 - 2000) et 28.000 signatures d'une pétition pour qu'à l'initiative de Lionel Jospin Premier Ministre et Dominique Voynet ministre de l'Environnement le projet soit définitivement abandonné et se déplace vers la Catalogne avec la vague idée de lui faire prendre l'itinéraire du TGV Perpignan - Barcelone mais sans le tunnel. C'était sans compter sur l'opposition des catalans mais aussi les divergences entre EDF et RTE (Réseau de Transport d'Electricité) sur le lieu exact de traversée.

Pour tout arranger, l'Union Européenne décide du principe de "la sécurité de l'alimentation électrique au niveau européen". Il faut donc passer d'une THT à 400.000 Volts à deux lignes THT 2 X 400.00 Volts. Non seulement il faut la ligne en Catalogne mais une seconde dans les Pyrénées Centrales... Et on revient tout naturellement dans le Couserans en 2006.

Face à cette situation, Lucien Dupont, Président de l'Association anti-THT du Couserans, réagit rapidement et rencontre le nouveau responsable RTE (Réseau de Transport d'Electricité), Yves Decoeur. Qui est chargé de mener à bien ce projet.
La rencontre a lieu le 8 décembre 2006 à Foix avec quelques militants dont Mas Duquesne. Yves Decoeur n'est pas en position de force. Il sort d'un remarquable échec concernant la THT au-dessus des gorges du Verdon entre Boutre et Broc-Carron pour renforcer le réseau Italien. Ce brave Decoeur a vu ses 5 années d'effort s'écrouler par une simple décision du Conseil d'Etat suite à une requête du Parc Naturel Régional du Verdon. Néanmoins, les responsables de l'association ont la conviction que "De toute évidence, il mettra tout en oeuvre pour aboutir rapidement dans les Pyrénées"

Sans rentrer dans la polémique "pro" et "anti" nucléaire qui n'a pas lieu d'exister ici, nous noterons que c'est la France qui a choisi en 1973-1974 l'option "tout nucléaire" qui doit renforcer en bouclage les réseaux des pays qui ont fait un choix différent. Si la France n'avait pas fait ce choix, que se serait-il passé?

Pire encore. Cet échec n'a pas mis à mal l'arrogance de ce fonctionnaire. Ca bloque en Catalogne! Qu'à cela ne tienne. Puisqu'il faut deux lignes, on commencera par celle du Couserans. Il n'hésite pas à dire "Je suis prêt à discuter, mais je serai aussi très ferme. Il faut passer!" La discussion sert à quoi?

En avril 2007, Alain Juppé, nouveau ministre de l'Ecologie et de l'Energie est saisi. C'est lui qui avait bloqué le projet du Val Louron. Maintenant c'est à Jean-Louis Borloo que revient la décision. Et entre temps il y a le projet de Parc Naturel régional des Pyrénées ariégeoise qui est en cours. Les mêmes motifs de décision que pour le Verdon pourraient bien apparaître pour EDF. Les menaces de ce fonctionnaire ne semblent pas très sérieuses. En tout cas particulièrement déplacées.

Pour les militants anti-THT, leur "opposition ne ressort pas d'une posture anti-nucléaire" Pour eux, "L'adversaire n'est pas le procédé de fabrication de l'électricité, mais son mode de production centralisé. Le combat sera le même si un jour EDF propose un parc d'éoliennes ou un barrage hydraulique capable de produire quelques millions de Watts" Nous voyons donc que le combat est purement environnemental dans le Couserans. C'est aussi un problème de santé publique. Ils s'appuient sur de nombreux rapports scientifiques, "non seulement ces lignes, dont les pylônes porteurs peuvent atteindre 80 mètres de haut vont défigurer les paysages, mais encore et surtout elles sont extrêmement dangereuses pour la santé, tant des hommes que des animaux, sauvages ou d'élevage"
La solution semble donc bien être l'enfouissement.
Le professeur Lambroso, du service d'études médicales d'EDF reconnaît "la possibilité d'une fréquence accrue de certains cancers chez l'enfant..."
"Ne parlons pas de l'économie touristique qui reste un pôle de développement fort dans notre département et dont le moins que l'on puisse dire est qu'elle serait mise à mal par ces balafres géantes que sont les lignes THT"

Les opposants contestent également l'utilité de cette ligne "principalement en ces temps où l'on ne parle que de Développement Durable, voire de décroissance". Sujet philosophique et polémique souvent mal accepté ou peu lisible. Et ils précisent que "d'autres solutions existent, outre l'enfouissement, faisant appel, en plus des économies d'énergie, à des sources d'énergie décentralisés tels l'éolien, le solaire, ou l'hydroélectricité". Mais ne nous voilons pas la face. Ces autres sources ont aussi leurs détracteurs et leurs opposants et, de toute manière, ne sont pas en mesure de drainer les mêmes quantités d'électricité. Il faudra donc trouver d'autres arguments plus percutants, et ils existent, pour convaincre.

L'incertitude de l'avenir existe toujours même si ce vieux démon a tendance à s'éloigner avec l'avancée de la création du PNR. Il restera peut-être à réinventer le passage par la vallée de l'Ariège et le Vicdessos pour parvenir en Catalogne car les espaces non protégés se font de plus en plus rares sur la frontière franco-espagnole.

Le 10 septembre 2007