La naissance de la première expérience de rewilding dans le Vercors sur le domaine du Grand Barry se fait dans l’incohérence écologique la plus parfaite. Son initiateur, le Présidentd e l’ASPAS exoplique aux journalistes qui le rapporte que: "La propriété se situe au cœur d’un vaste massif boisé à «la biodiversité exceptionnelle»". Qui a fait cette biodiversité exceptionnelle si ce n’est l’homme et ses animaux par son travail permanent? L’ASPAS et les ONG écologistes n’y sont pour rien. Le risque à laisser faire la nature comme préconisé par ces idéologues du tout sauvage et de voir la biodiversité se dégrader et ne plus être exeptionnelle sauf dans des esprits étroits.
Dans la Drôme, des terres rendues à la vie sauvage
A perte de vue, des falaises de calcaire s’élèvent, majestueuses, tapissées d’un dense couvert forestier. En contrebas, un ruisseau, le Riousset, s’étire longuement, bordant quelques rares bâtisses de pierres du hameau de Véronne. C’est dans ce lieu majestueux, au coeur de la Drôme et aux portes du Vercors, que l’ Association pour la protection des animaux sauvages (Aspas) va inaugurer, mardi 22 avril, la première réserve privée de vie sauvage, celle du Grand Barry. Objectif de ce lieu inédit en France: laisser la nature s’exprimer sans la moindre intervention humaine. Et prendre le relais d’une gestion publique des aires protégées jugée «déficiente».
«Alors que les parcs et réserves naturelles ne protègent plus autant la biodiversité, en autorisant fréquemment la chasse et l’exploitation forestière, nous avons développé un nouvel outil pour assurer une protection pérenne des milieux naturels: l’acquisition foncière, explique Pierre Athanaze, le président de l’Aspas, reconnue d’utilité publique. Depuis 2010, nous rachetons des terrains avec comme seul mode de gestion la libre évolution.»
Pour financer ses espaces, l’association, qui refuse d’être subventionnée par l’Etat, ne recourt qu’à des fonds privés: ce sont les cotisations de ses 11.0000 adhérents, ainsi que des dons, legs et un coup de pouce de la Fondation pour une Terre humaine, qui ont permis de réunir les 150.000 euros nécessaires à l’acquisition des 110 hectares de terrains du Grand Barry, achetés à des particuliers.
Des opérations similaires menées dans les Côtes-d’Armor et dans la Haute-Loire permettent aujourd’hui à l’association de totaliser 300 hectares «sauvages». Pour l’instant, seule la zone du Grand Barry a été labellisée «réserve de vie sauvage», une marque déposée par l’Aspas. Elle a par ailleurs intégré en février le réseau européen Rewilding Europe, qui regroupe 27 réserves et vise à atteindre, d’ici à 2020, un million d’hectares.
Le cahier des charges de ces «îlots de naturalité» est des plus exigeants. Sont interdits la chasse et la pêche, l’exploitation forestière et agricole, l’élevage, les feux,
les dépôts de déchets, le passage de chiens non tenus en laisse et même la cueillette. Seule la promenade non motorisée, sur les sentiers, est autorisée.
Ce niveau de protection très élevé et unique en France correspond à la catégorie 1b (zone de nature sauvage) du classement des aires protégées, réalisé par l’Union internationale
de conservation de la nature, qui mesure, sur une échelle de 6, l’intervention humaine sur la nature. Une demi-douzaine d’agents assermentés – bénévoles – seront bientôt formés
pour faire respecter la charte dans cet espace en libre accès, et des panneaux d’information seront installés.
«Depuis près de deux ans que les terrains sont interdits à la chasse, nous avons observé un retour des grands ongulés», s’enthousiasment Roger Mathieu et Françoise Savasta, administrateurs de l’Aspas dans la Drôme, en faisant découvrir la réserve. Lors de la visite, on n’apercevra aucun des nombreux chamois, chevreuils, biches ou cerfs qui arpentent les sentiers et rochers de la zone, en raison de la chaleur et des fortes bourrasques de vent. Mais les multiples traces et crottes, ainsi que les pièges photo installés sur des arbres, attestent des fréquents passages des herbivores.
«La biodiversité est exceptionnelle ici. On procède à un inventaire de la faune et la flore», indique Roger Mathieu, en suivant avec ses jumelles des aigles royaux, circaètes, éperviers et vautours fauves qui paradent dans le ciel. A hauteur de sol, ce sont des hépatiques, colchiques ou encore gesses de Hongrie qui fleurissent au pied des chênes pubescents et pins sylvestres. «En France, c’est inimaginable que l’on achète et privatise des terrains pour ne rien en faire, si ce n’est regarder la nature évoluer», regrette Françoise Savasta, passionnée de botanique. Mais les effets véritables de cette renaturalisation ne seront visibles que dans plusieurs générations.
La protection française des espaces naturels a pris son envol au début des années 1960, avec la création progressive d’une vingtaine d’outils et de statuts, tels que les parcs nationaux (au nombre de dix), les parcs régionaux (48), les réserves naturelles (166 nationales, 129 régionales et 6 corses), les sites Natura 2000 ou encore les arrêtés de biotopes.
Malgré tout, seulement 1 % du territoire métropolitain est aujourd’hui «sous protection forte» – un chiffre qui est censé doubler d’ici à 2019 en vertu des engagements du Grenelle de l’environnement. «Nous avons des lacunes en termes de protection par rapport à nos voisins européens, regrette Daniel Vallauri, chargé de la biodiversité et des forêts pour WWF France. En France, l’homme a toujours façonné l’ensemble de ses paysages, notamment par l’agriculture, l’exploitation forestière et l’urbanisation. Et nous avons des propriétaires et des usages privés partout, qu’il faut satisfaire.»
La loi de 2006, qui réforme le statut des parcs nationaux, a accru l’empreinte humaine sur ces espaces naturels. En ouvrant les conseils d’administration des parcs aux élus locaux, et en renégociant leur charte avec les communes, elle les a davantage soumis aux pressions économiques et touristiques. «L’objectif était de concilier impératif de protection et développement économique, afin de favoriser l’acceptabilité de l’ensemble du parc par les élus et citoyens», explique Alby Schmitt, directeur adjoint de l’eau et de la biodiversité au ministère de l’écologie.
«La loi a abaissé les exigences de protection du coeur des parcs, ceux-là mêmes qui devraient être des sanctuaires», rétorque Anthony Turpaud, secrétaire de la branche espèces protégées au Syndicat national de l’environnement et agent technique au parc du Mercantour. «Nous avons moins de temps à consacrer aux zones centrales car nous avons des nouvelles missions de développement local dans les zones périphériques, poursuit-il. Surtout, le lobbying des différents groupes d’intérêts est devenu plus fort.» Ainsi la chasse a-t-elle été autorisée dans le cœur du dernier-né des parcs nationaux, celui des Calanques – de même que dans 70 % des réserves naturelles. Le parc national des Cévennes, de son côté, a demandé à être une zone d’exclusion pour le loup. A l’inverse du Grand Barry, où les animaux sauvages sont désormais maîtres de leur territoire.
Auteur: Audrey Garric
Source: Le Monde / Planete du 19 avril 2014
À moins de 48 heures du grand jour, Pierre Athanaze, le président de l’Aspas (Association de protection des animaux sauvages), se rappelle deux autres «grands moments». Celui où il s’est présenté chez le notaire avec un chèque de 150 000 euros pour acheter les 110 hectares de terrain du Grand Barry. Et celui où les adhérents de l’Aspas ont posé les panneaux signalant “la réserve de vie sauvage du Grand Barry”.
Demain, mardi 22 avril, l’espace sera officiellement inauguré. Et c’est un événement national puisque la réserve sauvage du Grand Barry est la première réserve sauvage privée de France. Et elle est dans la Drôme, là où l’Aspas a son siège social. Sur les contreforts du Vercors plus précisément, sur le territoire de Véronne.
Estimant que les mesures réglementaires (parcs nationaux, réserves naturelles, arrêté de biotope, réserve naturelle régionale, Natura 2000…) «s’essoufflaient», l’Aspas crée son conservatoire Espace pour se doter du «meilleur» outil de protection des milieux naturels. À savoir l’acquisition foncière.
En 2010, l’association achète, uniquement sur fonds privés, une dizaine d’hectares en Auvergne. En 2011, la Fondation pour une Terre humaine lui fait don de 6 ha de forêts, toujours en Auvergne. En 2012, l’Aspas poursuit ses acquisitions dans le Massif Central et fait l’acquisition dans la Drôme de 105 hectares de forêt supra méditerranéenne sur la commune de Véronne. La propriété se situe au cœur d’un vaste massif boisé à «la biodiversité exceptionnelle». La réserve sauvage du Grand Barry se profile.
En 2013, l’Aspas achète quatre hectares et reçoit en don 3,6 hectares d’éboulis à Eygluy-Escoulin. «Une fabuleuse zone à chamois au milieu d’une propriété privée déjà interdite à la chasse.» Lui sont aussi offerts 4,5 ha de forêt à Barsac. L’année est faste puisque l’Aspas se retrouve par ailleurs propriétaire de 60 ha de zone humide au bord du Rhône, grâce à un don de la Frapna Drôme.
Une autre Réserve de vie sauvage des Deux Lacs est en cours de constitution à Châteauneuf-du-Rhône. D’autres acquisitions sont réalisées en Auvergne toujours et en Bretagne. À ce jour, le conservatoire Espace compte un peu plus de 300 hectares de nature préservée «durablement», puisque sans aucune intervention humaine. En d’autres termes, l’Aspas rend à la vie sauvage des espaces pour que la nature y retrouve tous ses droits.
Labellisée “Réserve de vie sauvage”, la zone du Grand Barry a intégré en février dernier le réseau européen Rewilding Europe. Elle en est le 24e site européen et le premier français. L’histoire ne fait que commencer.
Auteur: Marie-Noëlle Cacherat
Source:
Le Dauphiné Libéré du 21/04/2014
Véronne (France) - Entre Diois et Vercors, 130 hectares boisés abritent une réserve de vie sauvage d'un nouveau genre, créée par une association de défense des animaux et de la nature qui promeut des écrins plus protecteurs que les parcs existants.
Inaugurée cette semaine par le réalisateur Jacques Perrin, la réserve du Grand Barry, du nom de la crête de calcaire dominant l'endroit, est située sur la commune de Véronne, au coeur d'un massif forestier culminant à 1.100 mètres, délaissé par l'homme et la route, et bordé par un torrent riche en écrevisses.
La biodiversité y est "exceptionnelle", selon l'Association de protection des animaux sauvages (Aspas): une vingtaine d'espèces d'orchidées poussent au milieu des chênes pubescents, des buis et des pins sylvestres; trois plantes remarquables des milieux rocailleux chauds y ont été identifiées: la bufonie paniculée, la joubarbe du calcaire et le millepertuis à feuille d'hysope.
Papillons et cigales volètent au-dessus des lézards et serpents; sangliers, cerfs, chevreuils et chamois y croisent renards, blaireaux, fouines, belettes et hermines. Et il n'est pas exclu que lynx et loups du Vercors et du Diois parcourent aussi le Grand Barry, que survolent bécasses, passereaux, aigles, faucons et vautours.
Pour acheter le terrain et préserver un tel écosystème, 140.000 euros ont été nécessaires en septembre 2012, financés aux deux-tiers par trois fondations - Pour une Terre Humaine, Brigitte Bardot et Bourdon. Le reste a été donné par environ 400 adhérents de l'Aspas.
L'ambition de l'association est de pallier le manque de contraintes qui caractérise les parcs et réserves existants. "On aurait besoin que l'Etat renforce sa politique d'aires protégées. Manifestement, il ne veut pas le faire, alors on prend nos responsabilités et on agit à travers une initiative citoyenne", explique son président, Pierre Athanaze.
Il dénonce principalement des règles qui se sont progressivement adoucies: "on chasse dans l'intégralité des réserves biologiques, dans 70% des réserves naturelles et dans deux parcs nationaux, dont le dernier créé, celui des Calanques", aux portes de Marseille.
La réserve du Grand Barry est le premier site en France où la chasse, la pêche, l'exploitation forestière et toute cueillette sont interdites. "On a vraiment besoin d'espaces où l'on va protéger la nature à tous les stades de son évolution, de façon à entretenir tout un cortège de vie, champignons, insectes, etc.", observe Pierre Athanaze.
L'Aspas est également propriétaire de 60 hectares près de Châteauneuf-du-Rhône (Drôme), d'une cinquantaine d'autres dans le Massif Central et de 60 hectares de forêts dans les Côtes-d'Armor. Soit au total environ "300 hectares de nature préservée durablement", que l'on peut découvrir seulement à pied, et en tenant son chien en laisse.
"Ce sont de belles initiatives, qui existent dans d'autres pays, et c'est bien que la France commence à le faire", souligne Jacques Perrin. Le producteur et réalisateur à l'origine des films "Microcosmos", "Le peuple migrateur" ou encore "Océans" est le parrain de ces réserves.
Celle du Barry est le premier site en France à avoir intégré le réseau international "Rewilding Europe", visant à rassembler sur le Vieux Continent, d'ici à 2020, un million d'hectares libérés par l'homme et retournés à la nature.
Auteur: afp.com/Philippe Desmazes
Source:
L'express du 24 avril 2014
Mardi 22 avril, l’Association pour la protection des animaux sauvages (Aspas) a inauguré la première réserve privée de vie sauvage, celle du Grand Barry, au coeur de la Drôme et du Vercors. Inédit en France, ce lieu a pour but de laisser la nature s’exprimer sans la moindre intervention humaine et prendre le relais d’une gestion publique des zones protégées jugée «déficiente».
«Alors que les parcs et réserves naturelles ne protègent plus autant la biodiversité, en autorisant fréquemment la chasse et l’exploitation forestière, nous avons développé un nouvel outil pour assurer une protection pérenne des milieux naturels: l’acquisition foncière, explique Pierre Athanaze, le président de l’Aspas, reconnue d’utilité publique. Depuis 2010, nous rachetons des terrains avec comme seul mode de gestion la libre évolution.»
L’association refuse logiquement d’être subventionnée par l’Etat et recourt uniquement à des fonds privés pour racheter ces espaces. Pour acquérir les 110 hectares du Grand Barry auprès de particuliers, elle a pu compter sur les dons de ses 11 000 adhérents, des legs et une aide de la Fondation pour une Terre humaine. Elle a déjà mené des expériences similaires dans les Côtes-d’Armor et en Haute-Loire, et possède donc près de 300 hectares «sauvages», mais seule la réserve du Grand Barry est labellisée «réserve de vie sauvage», marque déposée par l’Apsas. Depuis février 2014, elle fait partie du réseau européen Rewilding Europe, qui regroupe 27 réserves et compte atteindre un million d’hectares d’ici 2020.
Dans ces réserves, les règles sont très strictes: chasse et pêche interdites, aucune exploitation forestière ni agricole, pas d’élevage, évidemment pas de feux, de dépôt de déchets, pas de cueillette, et même les chiens doivent être tenus en laisse. La promenade à pied est seule autorisée, sur les sentiers. C’est un niveau de protection très élevé et unique en France, qui correspond à la catégorie 1b (zone de nature sauvage) du classement des aires protégées réalisé par l’UICN (Union internationale de conservation de la nature), qui mesure, sur une échelle de 6, le degré d’intervention humaine sur la nature. Au Grand Barry, 6 agents assermentés et bénévoles seront bientôt formés pour faire respecter la charte et des panneaux d’information seront installés.
Même si cela peut prendre quelques générations, très vite les réserves dépourvues d’intervention humaine redeviennent le royaume des animaux et des plantes. «Depuis près de deux ans que les terrains sont interdits à la chasse, nous avons observé un retour des grands ongulés», s’enthousiasment Roger Mathieu et Françoise Savasta, administrateurs de l’Aspas dans la Drôme, interviewés par le Monde.fr lors d’une visite de la réserve.
Malgré les multiples outils existants en France depuis les années 60 pour protéger les espaces naturels (parcs nationaux, parcs régionaux, réserves naturelles nationales, régionales et corses, etc.), seul 1% du territoire métropolitain est sous «protection forte», mais en vertu des engagements du Grenelle de l’environnement, ce chiffre doit doubler d’ici 2019. «Nous avons des lacunes en termes de protection par rapport à nos voisins européens, regrette Daniel Vallauri, chargé de la biodiversité et des forêts pour WWF France. En France, l’homme a toujours façonné l’ensemble de ses paysages, notamment par l’agriculture, l’exploitation forestière et l’urbanisation. Et nous avons des propriétaires et des usages privés partout, qu’il faut satisfaire.»
Par ailleurs la loi de 2006 qui réforme le statut des parcs nationaux a accru l’implication humaine sur les espaces naturels, en ouvrant les conseils d’administration des parcs aux élus locaux et en renégociant leur charte avec les communes. Les parcs se sont donc retrouvés soumis aux pressions économiques et touristiques. Cela entraîne des décisions parfois surprenantes: dans 70% des réserves naturelles françaises, la chasse est autorisée, et notamment dans le tout dernier, celui des Calanques. Le parc national des Cévènnes a même demandé à être une zone d’exclusion pour le loup. Au Grand Barry, au moins, les animaux seront les seuls maîtres de leur territoire.
Source: Le Monde.fr / Pet in the city du 25 avril 2014