Pour se faire une opinion, il est bon de comparer les programmes de chacun des candidats. Il ne faut pas perdre de vue que pour le second tour, des alliances vont se tisser.
Certaines alliances sont déjà connus comme le PS / PRG avec Europe Ecologie. Alliance étonnante où le candidat à la Présidence, François Hollande dit qu’il appliquera son programme et pas autre chose. Ce qui revient à dire à EELV : c’est tout ou rien. De là à croire qu’EELV va abandonner ses objectifs, il ne faut pas rêver. Nous le voyons déjà dans les régions où nous ne pouvons pas dire que les écolos soient des alliés fiables et crédibles pour la gauche.
A droite, les concordances sont déjà plus marquées notamment, en ce qui concerne les massifs de montagne, sur les questions de grands prédateurs, loups, ours et lynx. Ce qui n’empêche pas les divergences de quelques individus isolés relativement anecdotiques.
En fait, comme l’exprime très bien un article du Monde du 7 avril 2012, l’écologie n’intéresse plus personne sauf le PS pour des raisons purement électoralisme de ratissage de voix. Sans pour autant négliger la qualité de l’air et autres éléments de l’environnement, les français ont d’autres préoccupations sociales et économiques. Autant dire que pour les vallées et massifs de montagne le loup et l’ours passent globalement en second plan d’autant que les populations locales les rejettent majoritairement comme ils l’ont exprimé à l’égard de l’ours dans les Pyrénées en février 2011. Et puis, les règles du jeu ont changé avec la charte environnementale. Les écolos ne peuvent plus assurer leur dictature. Reste à réviser les textes européens pour les rendre compatibles avec les activités humaines et ainsi parler de développement durable comme à la conférence de Rio et pas seulement de l’écologie pour l’écologie.
Louis Dollo, le 14 avril 2012
Taxes et sanctions anti-pollution
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(1) - Ndr: Pas tout à fait exact. Le gouvernement, sous la responsabilité de Nicolas Sarkozy, a mis en place des aides et déjà développé la production d'énergie nouvelle sous toutes ses formes. Il y a également la mise en application du Grenelle. Même si certains estiment ces mesures insuffisantes, l'honnêteté impose de signaler leur existence qui sont une réalité et non des discours de voeux pieux. Il faut aussi rajouter la lettre aux chasseurs de France du 13 avril 2012 qui donne le ton en matière de chasse.
Dans une campagne dominée par la question économique et sociale, l'écologie aura été une grande absente des débats, à l'exception de la sortie du nucléaire, débat central de l'automne 2011, qui ne parait plus guère intéresser les candidats. Mais la campagne présidentielle n'aura jamais été que le révélateur d'un phénomène mesuré depuis 2009: l'écologie est de moins en moins au centre des préoccupations des Français.
Un exemple de ce désintérêt, que mesurent nombre de baromètres? Selon un sondage de l'IFOP, réalisé en avril, pour Atlantico.fr, 27 % seulement des Français jugent que la
protection de l'environnement est "tout à fait prioritaire". Contre 71 % pour le chômage. La faiblesse des intentions de vote en faveur d'Eva Joly, candidate écologiste, dans une
campagne présidentielle où les écologistes n'ont jamais obtenu de gros scores, s'explique aussi en partie par ce relatif désintérêt.
Nicolas Sarkozy, qui avait commencé son quinquennat en fanfare en lançant le Grenelle de l'environnement, et un "super ministère" de l'écologie, auquel on avait ajouté les
transports, le termine en retournant aux fondamentaux de la droite sur l'ensemble de ces dossiers.
Les déclarations selon lesquelles, l'écologie "ça commence à bien faire", les accusations de sectarisme envers les écologistes, sont autant de signaux envoyés à l'électorat paysan, tandis qu'une proposition de loi UMP votée en février faisait reconnaître le rôle des chasseurs dans la gestion de la biodiversité. Quant au ministère de l'écologie, il n'a plus de titulaire depuis que Nathalie Kosciusko-Morizet a été nommée porte-parole du candidat le 18 février. Un symbole.
"DES OUTILS POUR SORTIR DE LA CRISE"
L'intervention de François Hollande au Congrès de France Nature Environnement, le 28 janvier, a permis de mesurer l'intérêt du candidat socialiste pour l'environnement.
"L'écologie et l'environnement sont des outils pour sortir de la crise", avait estimé M. Hollande, plaidant pour la préservation de la biodiversité, une fiscalité verte,
l'interdiction des OGM en plein champ et une baisse continue des pesticides. Si le candidat socialiste a fait ce jour-là de l'écologie un "outil", il n'en a pas fait pour autant
un thème prioritaire de sa campagne et de son opposition à Nicolas Sarkozy, en dépit du partenariat stratégique noué avec les écologistes et concrétisé par la signature d'un
accord de mandature avec ces derniers en novembre 2011.
François Bayrou, présent à ce même congrès, s'en était tenu à des généralités, évoquant "l'harmonie qui doit exister entre les êtres humains et le milieu dans lequel ils vivent",
sans guère avancer de proposition concrète, en dehors de la survie des abeilles, promue "objectif politique". Le Front national, sans surprise, n'a pas davantage fait de
l'écologie un point fort de son projet, s'en tenant à des préoccupations sur la santé alimentaire, l'interdiction des OGM et la nécessité de faire décroître l'utilisation des
pesticides.
LA GAUCHE DU PS A VERDI SON DISCOURS
La surprise de la campagne vient de la gauche du PS, qui a verdi son discours. Si le Parti communiste reste très attaché au nucléaire, Jean-Luc Mélenchon est parvenu à convaincre
son allié de proposer, au nom du Front de Gauche, un référendum sur le sujet. Si Lutte ouvrière a refusé de répondre au questionnaire du Monde, il ne s'agit nullement d'un
désintérêt pour l'écologie. "Dans cette économie capitaliste mue par le seul profit, aucune mesure prise isolément ne résoudra les problèmes de pollution ou ne préservera les
ressources", écrit Mme Arthaud.
Bref, pour LO, il faut sortir du capitalisme pour faire de l'écologie socialement juste. Le cas du NPA est également intéressant. Non seulement il prône une sortie du nucléaire
en une décennie, mais il se montre plus intransigeant que les autres sur la réduction de l'usage des pesticides et sur le respect de la trame verte lors du lancement de tout
projet d'infrastructure.
Un article de la revue Vingtième siècle, signé par Philippe Buton, professeur à l'université de Reims et spécialiste du mouvement communiste, le rappelle: l'extrême gauche
n'a intégré que très tardivement la question écologique à sa réflexion. Même si la LCR consacre un chapitre entier au sujet dans son programme dès 1977, Philippe Buton explique
que "tout se passe comme si la Ligue donnait des gages à l'air du temps tout en méprisant ces revendications". Quant à LO, elle qualifie très longtemps l'écologie politique de
"réactionnaire". Une rhétorique qui tend à régresser au sein de ces deux formations.
Auteur: Anne-Sophie Mercier
Source:
Le Monde du 7 avril 2012