La spécificité de l’UNESCO est de se comporter comme de vulgaires «Yaka» - «Fauquon», ce qui ne valorise guère l’institution. Les aspects sociaux, sociologiques, économiques ne semblent pas être sa préoccupation. En quelque sorte, l’aspect développement durable n’est pas un objectif. De temps en temps le mot «durable» apparait dans le langage «unescosien» lorsqu’il arrange pour ne rien dire. Mais cela ne va pas au-delà.
Il est stupéfiant que l’institution internationale ne fasse aucunement référence aux principes fondamentaux de la démocratie locale. Imaginons un seul instant que dans le cadre d’une consultation publique que les collectivités locales et la majorité des habitants des communes concernées soient hostiles aux exigences de l’UNESCO? Imaginons également, que dans le cadre de cette même démocratie inscrite dans notre constitution et le Code de l’Environnement, les collectivités locales de Gèdre, Gavarnie et Aragnouet d’adhèrent pas à la Charte du Parc National? Quels arguments pourraient avoir l’UNESCO? Le retrait de l’inventaire du patrimoine mondial? Ce serait peut-être l’occasion de faire la balance entre ce que cela apporte et ce que cela coûte. Nous pourrions bien avoir des surprises.
Louis Dollo, le 10 octobre 2012
Décisions 36COM
Pyrénées – Mont Perdu (France - Espagne) (C/N 773 bis)
Le Centre du patrimoine mondial et les Organisations consultatives notent que le 3 avril 2012, l’Etat partie de la France a transmis au Centre du patrimoine mondial une lettre conjointe du Préfet des Hautes-Pyrénées et du Président du Conseil général des HautesPyrénées concernant le statut des requêtes faites par le Comité du patrimoine mondial dans sa décision 34 COM 7B.39, dont le déplacement du Festival de Gavarnie et l’amélioration de la gestion transfrontalière.
a - Dispositions prises pour la gestion transfrontalière
Les Etats parties signalent que le Comité transfrontalier de suivi et de gestion en 2011 est devenu un Comité directeur conjoint, constitué de représentants des deux Etats concernés ainsi que des gouvernements locaux et du côté espagnol, des éleveurs. Une charte de coopération (2010-2020) a été signée entre les deux parcs en décembre 2010, pour encadrer la gestion et la coopération transfrontalières. Elle s'ouvre à la valorisation du site inscrit au patrimoine mondial, et à la mise en œuvre d'un réseau d'espaces naturels. La charte de coopération indique qu'une réunion conjointe par an sera consacrée à la formation des personnels de terrain. Un programme transfrontalier de conservation et de valorisation du site a été établi (2012-2014), et celui-ci est fourni en annexe au rapport conjoint des Etats parties. En outre, dans ce rapport, les Etats parties précisent que des membres des deux parcs siègent dans leurs instances respectives.
Le Centre du patrimoine mondial et les Organisations consultatives accueillent favorablement la représentation des éleveurs espagnols au sein du Comité directeur conjoint, mais, compte tenu de l'importance de la question pastorale, s'étonnent de leur absence côté français. Ils considèrent que l'agropastoralisme devrait faire partie des sujets majeurs abordés par le programme transfrontalier de conservation et de valorisation du site (2012-2014). Le Centre du patrimoine mondial et les Organisations consultatives notent que les actions concernant la connaissance scientifique et la conservation des attributs de la valeur universelle exceptionnelle du bien sont très peu développées dans la charte de coopération. En outre, ils relèvent que les niveaux d'association des membres des deux parcs siégeant dans leurs instances respectives ne sont pas équivalents: dans un cas, il s'agit du conseil scientifique, dans l'autre du Patronat.
b - Activités agro-pastorales
Les Etats parties signalent que des aides financières importantes ont été allouées pour les activités agro-pastorales. Le Centre du patrimoine mondial et les Organisations consultatives relèvent toutefois que les éléments fournis par l’Etat partie de l'Espagne sur le patrimoine bâti et sur le paysage restent trop généralistes. Ils notent que le plan d'action 2012-2014 n'insiste pas assez sur le pastoralisme dans sa démarche de développement durable.
c - Impacts du Festival de Gavarnie
L’Etat partie de la France rappelle qu'aucune solution acceptable de délocalisation n'a été trouvée jusqu'à ce jour. Il souligne les efforts faits pour supprimer les impacts, considérant même que l'impact environnemental est quasiment nul. Le Centre du patrimoine mondial et les Organisations consultatives notent que cette affirmation n’est accompagnée d'aucun élément objectif permettant de la valider. L'association du Théâtre Fébus pour le Festival de Gavarnie fait état, sans le détailler, d'un projet culturel. Pour sa part, le plan d'action 2012-2014 mentionne l'élaboration d'un guide méthodologique et de bonnes pratiques. Le Centre du patrimoine mondial et les Organisations consultatives constatent qu'il ne s'agit pas d'un projet culturel mais d'un guide pratique. Enfin, l'association, tout comme l'Etat partie, cite la création d'un cahier des charges pour encadrer toutes les actions techniques et logistiques du Festival, sans toutefois en donner le contenu. Le Centre du patrimoine mondial et les Organisations consultatives notent que la lettre transmise le 3 avril 2012 par l’Etat partie de la France indique que toute tentative de relocalisation du Festival de Gavarnie a échoué, souligne les actions menées pour atténuer les impacts négatifs du Festival et indique que, selon les autorités locales, l’impact du Festival sur le bien est nul. En outre, cette lettre rappelle l’opposition ferme du Préfet des Hautes-Pyrénées et du Président du Conseil général des Hautes-Pyrénées, ainsi que de la députée et du Maire de Gavarnie, au déplacement du Festival.
Toutefois, le Centre du patrimoine mondial et les Organisations consultative notent que la lettre ne fournit aucun détail précis sur les mesures prises pour atténuer les impacts négatifs du Festival. Ils considèrent que la menace principale sur la valeur universelle exceptionnelle du bien persiste. Par ailleurs, ils confirment que la localisation du Festival dans l’endroit le plus scénique du bien du patrimoine mondial reste incompatible avec les valeurs esthétiques de son paysage naturel pour lesquelles le bien a été explicitement inscrit.
d - Fermeture de la route de Troumouse
L’Etat partie de la France indique que l'étude sur les solutions envisageables pour la route de Troumouse, qui devait être engagée en 2010, est en cours de finition et devrait être examinée par un comité de pilotage durant l'hiver 2011-2012. Le Centre du patrimoine mondial et les Organisations consultatives s'inquiètent du retard pris dans cette étude et souligne que de ce fait, le Comité du patrimoine mondial ne pourra statuer sur cette question en 2012.
e - Autres problèmes de conservation
Le rapport des Etats parties sur l'état de conservation du bien répond longuement aux demandes du Comité, mais aucune information n'est donnée sur l'évolution des valeurs patrimoniales pour lesquelles le bien a été inscrit. Le Centre du patrimoine mondial et les Organisations consultatives considèrent que le rapport devrait aussi faire mention des observations et analyses sur l'état de conservation général du bien et sur les tendances.
Par ailleurs, un projet commun de déclaration rétrospective de valeur universelle exceptionnelle concernant le bien a été soumis le 1er février 2011, comme demandé par le Comité, et est en cours de révision par les Organisations consultatives.
Conclusion
Le Centre du patrimoine mondial et les Organisations consultatives considèrent qu’il y a eu un certain progrès: l’élaboration d'un plan de gestion et d’actions conjointes, la rédaction conjointe d’un rapport commun sur l'état de conservation du bien par les deux Etats parties, et le renforcement de la coopération transfrontalière.
Cependant, ils considèrent qu'il faut consolider davantage la collaboration transfrontalière, ainsi que la gestion du bien par un travail beaucoup plus détaillé sur l'agro-pastoralisme, qui a façonné le paysage inscrit sur la Liste du patrimoine mondial, et qu’il faut aussi intégrer ce travail dans une perspective de développement durable. Il est essentiel que les représentants des éleveurs français soient représentés au sein du Comité directeur conjoint.
Le Centre du patrimoine mondial et les Organisations consultatives recommandent que le Comité du patrimoine mondial regrette qu'aucun progrès concret n’ait été accompli concernant le déplacement du Festival de Gavarnie et la fermeture de la route de Troumouse. Ils considèrent que la principale menace sur la valeur universelle exceptionnelle du bien persiste.