On ne lésine pas avec la sécurité dans le tunnel. Des moyens d'évacuation vers le tunnel de chemin de fer, l'aspiration des fumées, les moyens de secours ont fait l'objet de testes grandeur nature.
Les problèmes de transmission ont été résolus
Au PC. Le chargé de mission Philippe Dehecq, maître d'oeuvre côté français des exercices de sécurité
A 13 h 52, la dernière "ambulancia" rejoint l'entrée espagnole du tunnel du Somport (Canfranc), sous les yeux de "bomberos" (1) qui se désharnachent en reprenant leur souffle:
c'est la fin de l'exercice sans histoires commencé trois heures et quarante minutes plus tôt, au PK (point kilométrique) 4,8, côté espagnol. Selon le scénario suivant: le chauffeur
d'un trente-huit tonnes est pris d'un malaise au volant et son semi-remorque, circulant dans le sens France-Espagne, percute un autocar de touristes survenant en sens inverse.
Un incendie se déclare aussitôt. Le tunnel s'enfume et il s'ensuit parce qu'ils ne respectent pas les interdistances qu'un autre poids lourd, un autre autocar et trois voitures
particulières sont impliqués à leur tour dans cette catastrophe.
Premier bilan: neuf morts, douze blessés "graves" et dix blessés plus légèrement atteints. En outre, trente-cinq personnes, indemnes, sont à évacuer du tunnel; elles doivent être
prises en charge sans délai par la cellule de soutien psychologique de la Croix-Rouge.
Le 5 décembre dernier, un accident avait été simulé dans la section française du tunnel (2) et la direction des secours avait donc échu au sous-préfet d'Oloron. Cette fois, c'est
l'adjoint au subdélégué de Huesca, M. Ayala, qui, du poste de commandement opérationnel installé dans les locaux d'exploitation, à l'entrée espagnole (Canfranc) de l'ouvrage, avait
la haute main sur le dispositif de pompiers, ambulanciers, secouristes et autres médecins.
En tout 500 personnes auront été mobilisées (environ 200 côté français) dans ce vaste ballet d'ambulances, de camions de pompiers et d'hélicoptères. Dont soixante-cinq figurants,
parmi lesquels quarante-cinq élèves infirmier(e)s de Pau qui ont joué les victimes, blessées soignées et "conditionnées" sur place, ou bien passagers indemnes de l'autocar et des
voitures.
Transmissions: des leçons tirées. On sera allé crescendo dans ces exercices de sécurité préalables à l'ouverture du tunnel, le 17 janvier prochain. Jusqu'à mettre "en cause" deux
poids lourds, deux autobus et trois voitures dans un contexte d'incendie, hier. "On se met dans une situation extrême, résumait un officier observateur du SDIS des
Pyrénées-Atlantiques. On doit tester en particulier les liaisons entre le PC opérationnel et les secours sur le site".
Chargé de mission auprès du préfet et à ce titre en charge de ces exercices, Philippe Dehecq a en effet révélé hier à Canfranc que de sérieux dysfonctionnements étaient apparus dans
les transmissions, le 5 décembre dernier. "Mais en douze jours, a-t-il expliqué, les problèmes ont été réglés en grande partie". En sorte que M. Dehecq considérait dès midi, qu'il
n'y avait plus d'obstacle à l'ouverture du tunnel routier du Somport.
Quant à la simulation du jour, Philippe Dehecq en jugeait les résultats "dans l'ensemble extrêmement corrects". En fait, expliquait-il, tout se joue dans la première demi-heure.
C'est le temps, en gros, qu'il a fallu aux secours venus de Jaca pour se porter sur place. Ce qui, au passage, souligne le rôle décisif que peuvent avoir à jouer dans les tout
premiers instants les trente agents d'intervention de la société d'exploitation du tunnel, tous titulaires du permis poids lourds et à même de prodiguer les premiers soins dans
l'attente de l'armada.
(1) Pompiers espagnols
(2) Elle mesure 2 848 mètres pour un longueur totale de 8,6 km.
Source: Sud Ouest