La sécurité est indispensable dans ce tunnel dont la construction a débuté avant la catastrophe du tunnel du Mont-Blanc. Des travaux supplémentaires ont été engagés pour assurer l'ouverture cette année avec plusieurs années de retard.
Huit ans après l'ouverture du chantier si controversé, la date d'ouverture du tunnel routier du Somport doit "tomber" aujourd'hui du sommet franco-espagnol de Malaga. L'annonce en
avait été faite le 28 octobre dernier à Pau par le ministre des transports, Gilles de Robien. Qui avait alors précisé que la mise en service de l'ouvrage interviendrait dans les
trois mois. Les rumeurs portées par la balaguère (vent d'Espagne) le confirment; on parle même du lundi 27 janvier...
L'ouverture du tunnel de 8,6 km (1) aux véhicules particuliers et aux poids lourds, à l'exception de ceux transportant des matières dangereuses, reste subordonnée aux tests de
sécurité. Ces derniers auront lieu courant décembre, sous l'égide de la commission technique mixte, émanation des directions des routes française et espagnole.
Les camions transportant des matières à risque devront attendre 2004, voire 2005, et l'achèvement de galeries complémentaires de secours. En cours côté espagnol, ces aménagements
ne peuvent être réalisés simultanément côté français pour des questions de ventilation.
Les améliorations apportées à la sécurité, suite à la catastrophe du tunnel du Mont-Blanc (mars 1999), ont ajouté au retard pris, alors même que le percement du tunnel du Somport
était achevé. Aux neuf abris piétons espacés de 800 mètres, reliés au tunnel ferroviaire (2) par des galeries de sécurité, s'ajouteront dix autres; en cas d'incendie, notamment,
neuf galeries permettent aux véhicules, y compris aux camions, de faire demi-tour.
La ventilation, assurée par trois unités de 2.900 kW de puissance totale, divise l'ouvrage en sept cantons d'aération dont le régime peut être adapté selon les besoins. Le
dispositif se complète de trappes télécommandées tous les 100 mètres. Enfin, on attend la livraison d'un camion anti-incendie Titan à double cabine de pilotage. Conçu spécialement
pour pouvoir intervenir en atmosphère viciée, il sera en permanence disponible sur le site.
Soumise au droit espagnol, la société de gestion du tunnel est une union temporaire d'entreprises (UTE) constituée de deux entités: API et Vidal. Elles allient leurs compétences
respectives en matière de gestion, de maintenance et de sécurité. Ses cinquante employés (dont dix français) ont tous reçu une formation à la sécurité.
Une sacro-sainte sécurité qui aura aussi fait grimper la facture: 88 millions d'euros pour la seule partie française. Ce, indépendamment des aménagements de la route d'accès en
vallée d'Aspe. Or, côté français, contrastant avec le "billard" de bitume se déroulant en trois voies à travers tout le Haut Aragon, l'étroitesse de la route empêche par endroits
deux camions de se croiser, comme au virage dit du Marbre, à Cette-Eygun.
L'ouverture du tunnel du Somport renvoie à toute une décennie d'opposition entre partisans et opposants à l'ouvrage. Manifestations monstres et obstructions contre les engins de
travaux, sur les divers chantiers de la RN 134, se seront succédé, mettant plus qu'à son tour à la une de l'actualité un militant écologiste nommé Eric Pétetin, guide de montagne
bordelais, qui a définitivement quitté la vallée d'Aspe en 2000.
(1) Dont 2.848km en territoire français.
(2) Cet ouvrage reste inutilisé depuis la suspension de la ligne Pau-Oloron-Canfranc-Saragosse, en 1970.
Auteurs: Thomas Longué et Thomas Mèneret
Source: Sud Ouest du 26 novembre 2002