Yann Arthus-Bertrand sait nous montrer d’excellentes photos et prises de vue. Les films qu'il présente lors de ses amissions sont tout à fait remarquables même si les commentaires sont parfois discutables.
GoodPlanet a choisi une interview de Jean-Marie Ouary, fondateur de l’association Mille traces, pour annoncer et promouvoir la rediffusion de l’émission Yann Arthus-Bertrand traitant du loup. Compte tenu de la qualité de l’émission il est regrettable d’avoir une interview qui n’est pas vraiment à la hauteur de l’émission.
Beaucoup d’approximations et d’inexactitudes laissant croire que ce président d’association ayant pour but la défense du loup ne connait pas grand-chose du sujet. A moins que son objectif soit de provoquer? Est-ce vraiment l’objectif de Yann Arthus-Bertrand?
Si vu du ciel le loup est un héros, Jean-Marie Ouary ne nous a pas vraiment convaincu.
On peut aimer et admirer le loup. Nous n’avons pas, pour autant, le droit de dire n'importe quoi sur ce qu’il est et ses conséquences. Des organisations et des personnes publiques peuvent s’unir pour exprimer leur admiration ou défendre des objectifs communs. Ont-ils le droit de s’associer et de cautionner autant d'inexactitude et approximations qui ressemblent à une manipulation? Il n’est sans doute pas politiquement correct de dénoncer les propos et affirmations de Jean-Marie Ouary, fondateur de l’association Mille traces, mais devons-nous nous taire et laisser faire? La réponse est non, quelles qu’en soit les conséquences.
Continuer à dire que le loup "est le bouc émissaire d’une filière ovine mise à mal par la concurence interantionale" apparaît comme une véritable insulte à l'égard de toute une profession qui subit le loup et l'ours et qui ne peut plus produire normalement du fait des prédateurs plus que de celui de la concurrence. Les écologistes restent sur une position facile acquise depuis plus de 20 ans pour justifier l'injustifiable.
Dans son interview, Jean-Marie Ouary tient des propos difficilement admissibles que nous commentons. Il est regrettable que Goodplanet et Yann Arthus-Bertrand les cautionnent.
Voir également:
Au-delà de l'annonce de l'émission, le film lui-même est une montagne de contre vérités présentées par des personnes qui n'ont jamais été confrontées au loup et qui récitent une leçon idéologique.
Ce soir, le 11 novembre, RMC Découverte rediffuse «Vu du Ciel, ca continue», l’émission de Yann Arthus-Bertrand et de la fondation GoodPlanet. Cette émission aborde une question épineuse: quelle place sommes-nous capables de laisser à l’animal sauvage? Nous en discutons avec Rémy Marion, spécialiste français de l’ours polaire, et Jean-Marie Ouary, fondateur de l’association Mille traces, basée dans le Vercors. et l’un des spécialistes français du retour du loup en France. Jean-Marie est un défenseur de ce prédateur, alors que la cohabitation avec les éleveurs est de plus en plus difficile. Selon l ui, les dommages sur les troupeaux de brebis sont largement surestimés et techniquement évitables. Le grand prédateur est le bouc émissaire d’une filière ovine mise à mal par la concurence interantionale.
Aujourd’hui, quelle est la situation du loup en France?
Jean-Marie Ouary. Aujourd’hui, 20 ans après son retour naturel à partir d’Italie, on compte environ 200 loups en France. Il progresse vers l’Ouest et le Nord-Est. Et même s’il a eu du mal à traverser la vallée du Rhône, le loup est désormais bien implanté en Ardèche. Des pionniers ont été identifiés dans les Cévennes. Mais le loup est un animal social, il faut qu’il y ait des meutes installées pour qu’il puisse se reproduire. Or, celles-ci ne sont pas en excellent état et c’est surtout à moyenne altitude, dans les zones qui sont moins habitées qu’il se sent à l’aise. Dans le Vercors, nous avons 3 meutes, dont l’une n’a que 2 individus.
Parler de retour naturel sans s’interroger est déjà une lacune. Mais admettons la reprise officielle du «retour naturel en 1992». Prétendre qu’il y a environ 200 loups alors que selon l’ ONCFS la fourchette est officiellement entre 300 et 350 mais plus probablement 400, c’est déjà faire preuve de désinformation. Quant au développement des meutes…. S’il y avait de la place dans les Alpes les loups ne partiraient pas dans les Cévennes. Ou alors Jean-Marie Ouary a des informations sur des introductions clandestines. Selon l’ONCFS, le taux de développement est en moyenne de 20% par an… rien d’anormal
Si on additionne les dégâts de tous les superprédateurs présents sur le territoire, c’est-à-dire 200 loups, 150 lynx et 20 ours, on obtient entre 4000 et 5000 brebis pas an. C’est-à-dire 0,5 % de toutes les pertes recensées!
À titre de comparaison, les attaques de chiens peuvent atteindre 50 000 animaux par an minimum, soit dix fois plus. Il faut savoir qu’il y a en France 11 millions de chiens potentiellement divaguants, c’est-à-dire de chiens qui échappent à la surveillance de leur maître plus ou moins longtemps. Sur le Vercors, par exemple, ou les activités de mushing (activités sportives avec des chiens de traîneaux) sont très répandues, il y a 2000 chiens de traîneau pour 20 loups. Ces chiens (Husky et autres) sont en général plus gros que les loups. Ils mordent les moutons, les attaquent, les font fuir et parfois se précipiter dans des précipices. (Les moutons sont vraiment des animaux stupides, d’où l’expression moutons de Panurge!) Pour vous donner une idée, si un troupeau panique, il peut se jeter dans un précipice et 50 % des animaux peuvent mourir d’un coup. Alternativement, quand il pleut, les moutons se serrent les uns contre les autres. S’il y a un éclair, c’est 100 % des animaux qui sont électrocutés!
Alors, certes, le loup cause des dégâts aux troupeaux, mais les éleveurs «oublient» de dire qu’il y avait des dégâts avant son arrivée, et ils font peser sur lui tous leurs maux actuels. C’est plus facile!
Jean-Marie Ouary est manifestement fâché avec les chiffres. A moins que ce ne soit de la désinformation volontaire. Le nombre de loups, nous avons vu. Le nombre d'ours, ce sont 25 selon les français et 35 selon les catalans.... Les brebis victimes... Il suffit de voir les statistiques de la DREAL pour apprendre que nous dépassons les 6000. Dire que ces prédations ne représente que "0,5 % de toutes les pertes recensées"... Quelles pertes? Sur quelles bases? Un chiffre en l'air sans référence comme les autres....
Et puis, comparer les prédations de 9 départements à l’ensemble du cheptel national est pour le moins osé. Soyons au moins cohérent dans le raisonnement.... Désinformation?
Les attaques de chiens…. Curieusement, avant 1992, il n’y avait pas de chiens. Ils apparaissent comme les loups à partir de 1992 et c’est depuis cette date qu’il faut mettre des systèmes de protection en place. Vous ne trouvez pas ça curieux.
Accessoirement, une étude du CERPAM donne quelques précisions sur les attaques de chiens
Pendant longtemps, nous avons utilisé les chiffres communiqués par les assurances. Mais depuis que le loup est arrivé, ces chiffres ne sont plus disponibles, et surtout, on sait que désormais les déclarations sont faussées.
En effet, si un mouton est tué par un loup, l’éleveur est dédommagé par l’Etat. En revanche, si le mouton est tué par un chien, il faut que l’éleveur identifie le propriétaire de ce chien et aille en justice pour obtenir une compensation. Évidemment, mettre les pertes sur le dos du loup est bien plus simple. Et puis c’est un bouc émissaire idéal pour tous les problèmes de la profession. C’est pourquoi, désormais, pour obtenir des chiffres sur les attaques, nous utilisons la presse – et dans la région elle est très sensible à cette question – et nous nous rendons sur place pour vérifier les faits.
Jean-Marie Ouary précise que: "Pendant longtemps, nous avons utilisé les chiffres communiqués par les assurances." Affirmation non prouvée… car, en principe, pour les assureurs, ce sont des données privées servant au calcul des primes donc très protégées. Mais aujourd’hui, nous savons qu’il n’existe aucune statistique. Partant de là, quel crédit accorder aux propos de Jean-Marie Ouary?
Par contre, nous pouvons nous référer à ce document: «Loup-Elevage. S’ouvrir à la complexité… Le point sur 4 années de recherche sur les systèmes d’élevage en montagnes méditerranéennes confrontés à la prédation – Actes du séminaire technique des 15 et 16 juin 2006 Aix en Provence»
Cette communication rapporte les résultats d’une enquête conduite auprès de 195 éleveurs, dans trois Régions françaises, pour un total de 110 523 ovins. Résumé, p.30: «Les taux de prédation s’établissent en moyenne à 0,25% par an, et les fréquences d’attaques à 0,10 attaque par troupeau et par an». Nous sommes assez loin de 2 à 3% annoncés par les environnementalistes sans aucune référence.
Voir également:
Des Alpes
au Jura, attaques de chiens: les faux chiffres des associations pro-ours et pro-loups OU quand l’invention remplace la connaissance.
Auteur: B.Besche-Commenge – 19 juillet 2007
Il est regrettable de devoir en permanence rappeler que ces associations de défense du loup etd e l’ours annoncent des chiffres fantaisistes sans jamais aucune référence.
Bien sûr. Les bergers cohabitent avec les loups depuis des siècles et ont développé partout en Europe des stratégies efficaces. La principale repose sur l’utilisation de chiens dits molossoïdes: ils sont deux fois plus gros que les loups. Utilisés depuis longtemps en Turquie et dans l’ex Union soviétique, ils sont de plusieurs types: marennes des Abruzzes, mastine, kuvasz, berger d’Anatolie. Dans le Vercors, on utilise un chien appelé le montagne des Pyrénées ou Patou, qui est très efficace. Pour vous donner une idée de l’efficacité des ces chiens, les pasteurs kenyans font garder leurs troupeaux par des bergers d’Anatolie contre les lions, et ça marche!
Tous les moyens de protection ont été utilisés depuis plus de 20 ans. 100% des troupeaux attaqués dans les Alpes-Maritimes respectent les recommandations de protection. Et pourtant, c'est le département qui a le plus de prédations. Le CERPAM arrive à cette conclusion qu'il n'y a plus rien à faire. (Cf. Séminaire de Valdeblore du 4 juin 2013)
Que des non-profesionnels viennent donnder des leçons à travers des affirmations non justifiés, est pour le moins étonnant et manque d'un minimum de sérieux pour être crédible.
Le loup est arrivé sur une filière complètement sinistrée et les éleveurs ne veulent plus faire le moindre frais. Ils ne gardaient plus leurs moutons, ils n’employaient même plus de bergers et ils ne veulent pas ne serait-ce que nourrir ces chiens – qui leur sont pratiquement offerts par l’Etat. Et tout cela à cause de l’affaire du Rainbow Warrior.
De récentes études montrent que ce sont les zones de montagne soumpis aux prédateurs qui subissent le moins le sinistre de la filière. Nous notons que la production de la France ne peut répondre qu'à 40% de la demande et l'agneau de Sisteron ne produit pas assez pour répondre à cette demande. "L’agneau de Sisteron se porte bien. Tellement bien, que la progression continue, ces trois dernières années, des agneaux présentés au label, labellisés puis vendus a atteint le plafond de l’offre. L’heure est donc à la réflexion pour les coopératives qui devront trouver des solutions pour remonter l’offre d’agneaux, ce qui revient à trouver de nouveaux éleveurs." (Cf. Agneau de Sisteron) Le problème pour trouver de nouveaux éleveurs, c'est bien le loup pas la filière ni le mouton de Nouvelle-Zélande.
Quant au mouton de Nouvelle-Zélande, l'alibi du Rainbow Warrior, 28 ans après les faits alors que beaucoup d'autres événements sont apparus, il apparait un peu dépassé.
Quand les services secrets français ont coulé le navire de Greenpeace et tué un photographe portugais, puis que les faux époux Turenge se sont fait arrêter, le gouvernement a dû négocier avec la Nouvelle-Zélande pour calmer l’affaire. À titre de compensation, la France a autorisé la Nouvelle-Zélande à exporter chez nous autant de moutons vivants ou morts qu’elle voulait. Or, les moutons néo-zélandais sont trois fois moins chers que les moutons français. La filière nationale a immédiatement été sinistrée. Elle ne survit depuis que grâce aux subventions, à une hauteur moyenne de 60%. Les mineurs du nord ou les sidérurgistes auraient apprécié une telle subvention!
Est-ce cela qui explique la différence avec la situation en Italie, où semblent coexister élevages et loups?
Il y a de nombreuses différences avec la situation en Italie. La première est que les élevages transalpins sont principalement des élevages laitiers: les éleveurs doivent donc rentrer les animaux tous les soirs pour les traire. Or, le loup a beaucoup de mal à pénétrer dans les fermes. La deuxième est culturelle. En France, nous avons une image très négative de l’animal, au travers de contes comme le petit chaperon rouge. À l’inverse, Romulus et Rémus, les fondateurs de Rome, ont été nourris par une louve. Le loup y est donc mieux toléré – même s’il n’est pas toujours apprécié.
La réputation de loup tueur d’homme est par ailleurs complètement inappropriée. Jamais personne n’a pu prouver la moindre attaque de loup sauvage (non enragé) contre un homme – il y a même depuis des années une récompense au Canada pour celui qui en fournirait la preuve, et cette récompense n’a jamais pu être attribuée à quiconque.
Des propos étonnants qui font abstraction de la réalité, des images et vidéos reçues d'Italie et des nombreux témoignages et récits.
Nous pourrions faire la même observation pour le loup en Espagne où, durant tout l'été 2014 nous avons pu assister à des manifestations tous les week-ends. Mais il n'est pas politiquement correct d'en parler.
Sur l’arrivée du loup, on ne dispose pas encore de chiffre précis: les animaux qui ont été repérés sont des pionniers qui ne se sont pas encore installés et n’ont pas vraiment formé de meute. Ils sont probablement encore en train de jauger le territoire, avant de s’y installer. Et ils commencent à faire des dégâts, comme en Ardèche, par exemple.
Mais le Larzac est une région très dégagée – beaucoup plus que le Vercors – et donc plus facile à protéger par les chiens. Par ailleurs, l’essentiel des troupeaux est composés de laitières, qui sont rentrées la nuit. On aura donc encore moins de dégâts que dans les Alpes.
Pour ce qui est des déclarations de José Bové, avec qui nous avons beaucoup de combats en commun, il faut tout d’abord rappeler une chose. C’est que le loup est un animal protégé en France et que le tuer est illégal. Et il faut dire que mettre des armes dans les mains des gens, c’est dangereux.
Après, je pense que José veut glaner quelques sympathies auprès de ses amis dans la région, qui sont tous des éleveurs. Mais que dans cette déclaration, il n’y a ni réflexion écologique, ni réflexion citoyenne, et bien sûr, on en attendait davantage de sa part. Pourquoi utiliser le loup comme bouc-émissaire? Les problèmes de l’élevage ne sont vraiment pas là!
Après une leçon d'élevage et de comportement du loup, réponse embarassée par rapport à la position d'un homme qui sait de quoi il parle en matière de cohabitation loup / troupeau totalement impossible.
Contrairement à ce que peut affirmer Jean-Marie Ouary il n'existe pas un seul exemple au monde de cohabitation.
Propos recueillis par Olivier Blond
Source: GoodPlanet du 10 novembre 2014
La fondation Goodplanet nous rappelle:" Le 28 octobre, RMC Découverte diffusait un épisode de Vu du Ciel suivi de Vu du Ciel, ça continue, l’émission de Yann Arthus-Bertrand et de la Fondation GoodPlanet. Consacrée à la biodiversité, cette émission du mois d’octobre abordait une question épineuse: quelle place sommes-nous capables de laisser à l’animal sauvage?"
Mais la fondation de Yann Arthus-Bertrand ne répond pas à beaucoup d'autres questions: Disposons-nous d'un espace sauvage pour des animaux sauvages? Quelle place pour l'homme et ces activités? Que voulons-nous faire de nos territoires de montagne? Qui doit décider de l'avenir de ces territoire? L'homme présent sur ces territoires a-t-il le droit de s'exprimer et de décider de son avenir?.....
Pour ce qui concerne le loup, et plus précisément les loups dans le Vercors, le présentateur de Vue du Ciel rencontre Jean-Marie Ouary, fondateur de l’association Mille traces, basée dans le Vercors, qu'il présente comme "l’un des spécialistes français du retour du loup en France". Curieuse présentation pour un homme qui n'apparaît dans aucun document de 1992. Tout aussi curieux de voir autant d'inexactitude et approximation dans une interview pour un "spécialiste".
Mais il nous est précisé que: "Jean-Marie est un défenseur de ce prédateur, alors que la cohabitation avec les éleveurs est de plus en plus difficile. Selon lui, les dommages sur les troupeaux de brebis sont largement surestimés et techniquement évitables. Le grand prédateur est le bouc émissaire d’une filière ovine mise à mal par la concurrence internationale". Tout ceci, il nous l'avait déjà raconté dans l'interview ci-dessus. En rajouter dans le film.... Au moins nous savons quelle valeur accorder aux propos et affirmations des spécialistes / défenseurs du loup.
Avant de voir le film, pour 14 loups annoncés par le spécialiste du loup Jean-Marie Ouary, voir les prédations de ce loup en 2013 et 2014 (début d'année).... Simple information
Page réalisée le 16 novembre 2014
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