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Une pétition a été lancée pour sauver les chèvres sauvages de l'Ariège dans les Pyrénées d’un abattage annoncé. La préfecture campe sur ses certitudes. La bêtise administrative ferait-elle son chemin?

- Surba: faut-il tuer les chèvres?

Ariège: 350 signatures pour sauver un troupeau en liberté

L'affaire qui oppose les élus de Surba, en Haute-Ariège, et les services administratifs de l'Etat s'est traduite par un échange épistolaire digne des «Liaisons dangereuses». Elle aura eu au moins le mérite de faire travailler La Poste.

Le 30 mars 1999, le vétérinaire-inspecteur en chef écrit au maire de Surba qu'il doit faire procéder à «l'élimination définitive» des caprins qui errent sur sa commune.
Le 12 mai, le maire lui répond que ces caprins n'ont causé «aucun dommage» et qu'ils jouent «un rôle bénéfique pour la montagne en nettoyant des plantations parasites».
En 2001, le 22 février, une nouvelle directive signée du Préfet de l'Ariège tombe pour éliminer les chèvres en liberté.
Le 7 avril, une nouvelle fois le maire répond en expliquant qu'un «troupeau de chèvres en liberté ne peut être considéré comme du gibier».
Le 2 mai dernier, la direction des services vétérinaires réitère son affirmation comme quoi le troupeau de chèvres errantes doit être réglé.
Le 18 mai, le maire de Surba, Firmin Hachaguer faxe au Préfet un document et une pétition contre l'abattage des chèvres dans le massif du Sédour.

Dans une autre lettre, le 2 juin, il explique: «Voilà plus de quarante ans que des chèvres vivent sur ce massif. Grâce à leur présence, elles contribuent à l'entretien de la montagne. Ces chèvres sont en contact permanent avec des moutons, des daims, et à ce jour aucun événement fâcheux ne s'est produit». La pétition contre l'abattage des chèvres atteint les 150 signatures. Le 13 juin, le maire se trouve contraint d'écrire au directeur de la fédération de chasse de l'Ariège car «trois gardes ONC (office national de la chasse) ont tiraillé dans le massif plus de vingt coups de carabine pour tuer cinq chèvres». Entre temps, la pétition qui explique que les chèvres «contribuent à l'entretien des sentiers et de la montagne» et que les habitants sont «opposés à un tel massacre» recueille de plus en plus de signatures.

- Un Abattage Imminent

Cet échange épistolaire se poursuit jusqu'au 29 novembre dernier. Firmin Hachaguer, ce jour là écrit au préfet. La SPA et la fondation Bardot ont été alertées par les habitants de Surba qui veulent ménager leurs chèvres. Il effectue une proposition de capturage et explique: «Il est évident que si ces animaux sont atteints de brucellose, de tuberculose ou de fièvre aphteuse je ferai procéder à l'abattage. Mais, pour l'heure, rien n'est prouvé. J'ai donné mon accord pour que les chèvres soient endormies par des seringues hypodermiques puis parquées sous la surveillance d'un vétérinaire. Je ne veux pas aller plus loin».

Pour toute réponse à cette missive, Firmin Hacheguer a reçu un fax du chef du service départemental de l'office national de la chasse et la faune sauvage qui dit: «Dans le cadre de l'arrêté préfectoral du 22 février 2001 relatif à l'élimination des caprins sur la commune de Surba j'ai l'honneur de vous informer que le service départemental de l'office national de la chasse en Ariège interviendra, sur votre commune, à compter du 20 décembre et jusqu'à la fin du mois d'avril à raison de une à deux journées tous les quinze jours».
Les chèvres semblent donc vouées à l'abattage de façon inéluctable. La pétition pour les préserver compte désormais 350 noms. Marie-Paul Demiguel, chef de cabinet du Préfet, a été alertée de la situation par Firmin Hacheguer. Lequel interroge: «Partout ailleurs dans la vallée il y a des chèvres en liberté. Pourquoi ne s'attaque-t'on qu'à celles de Surba?».
Dans cette affaire, dont on ignore l'issue, actuellement, chacun est en train de devenir... chèvre!

Jean-Christophe Thomas.
Extrait de la Dépêche du Midi du 21/12/01