L'Association Nationale des Elus de la Montagne (ANEM) a toujours eu la même ligne d'opposition à la présence de grands prédateurs dans les montagnes françaises. Nous pouvons simplement nous étonner que depuis plus de 10 ans, les parlementaires continuent à valider un arsenal juridique en faveur des loups, des ours et des lynx au motif, un peu facile, mais aussi mensonger, de respect d'engagements internationaux qu'ils valident par ailleurs.
Dans une note du 5 février 2003 à l'attention de la commission d'enquête sur le loup, les élus s'interrogent sur l'implication des maires auquel on retire le pouvoir de police sur leur commune. En 2006, trois ans plus tard, les élus n'ont pas, majoritairement, eu d'état d'âme pour retirer ces mêmes pouvoirs dans le cadre de la loi sur les Parcs Nationaux. Où est la cohérence?
Ils posent également le problème sur le parcage illusoire des loups, l'usurpation du statut de protection, la nature nuisible du loup, l'enjeu du pastoralisme primordial pour la montagne, les limites des moyens de protection, les ambiguïtés et insuffisances de l'Etat, l'incompatibilité entre pastoralisme et grands prédateurs, le droit de tir et la nécessaire appropriation du territoire, etc...
Huit ans après, nous en sommes toujours au même point
Mieux encore. Nous trouvons en annexe à cette note un communiqué du 6 octobre 1999 (1) dans lequel l'ANEM demande au gouvernement "qu'il tire les conséquences de l'incompatibilité des grands prédateurs avec le pastoralisme et le tourisme". Il y est notamment mentionné: "concernant l'ours, la politique de réintroduction menée dans les Pyrénées est un échec. Les élus de la montagne considèrent que le comportement incontrôlable des animaux réintroduits qui menace l'économie pastorale de vallées entières démontre qu'elle n'a pas fait l'objet d'une étude préalable de faisabilité suffisante comme l'exige la Convention de Berne. En conséquence, ils réclament, que les ours fauteurs de troubles, du fait de leur inadaptation manifeste au milieu dans lequel ils ont été réintroduits, soient retirés des territoires oùrave; ils provoquent ces perturbations".
La commission environnement de l'ANEM du 22 septembre 1999, précisait au sujet du loup: "Le statut d'espèce strictement protégée dont bénéficie le loup au regard de la Convention de Berne est usurpé. Il ne présente pas en effet les caractères d'une espèce menacée compte tenu de sa résistance et du nombre de spécimens présents en Europe. Il doit donc être relégué de l'annexe II à l'annexe I de la Convention de Berne".
Voilà une proposition intéressante des élus. Il est dommage que cela ne soit resté qu'un voeu pieu, de belles paroles, jamais suivies d'effets. Ni même ayant fait l'objet d'un suivi.
Et les élus de la montagne poursuivent: "La présence du loup des Abruzzes dans les Pyrénées est inepte et ne saurait être considéré comme le résultat d'un retour naturel. Elle marque la volonté d'écologistes intégristes de remettre en cause la présence de l'homme et des activités pastorales dans les territoires et la "complicité" du gouvernement ou à tout le moins sa rentabilité".
Il est stupéfiant qu'après 11 ans nous en soyons toujours au même discours sans que rien n'ait été fait aussi bien du côté des élus de la montagne que du côté des gouvernements successifs. Il est tout aussi stupéfiant que l'Etat continue à croire des bonimenteurs comme les associations ADET-Pays de l'ours, FERUS et FIEP ou l'ONG très controversée au passé et au présent très inquiétants qu'est le WWF qui ont su infiltrer tous les rouages du Ministère de l'Ecologie pour imposer son point de vue et son idéologie au détriment de l'expression démocratique des territoires. Il est également stupéfiant que les élus restent majoritairement sans réaction depuis 11 ans.
Faudra-t-il que les populations locales reviennent aux préceptes l'article 35 de la déclaration des droits de l'homme du 24 juin 1795: "Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est pour le peuple, et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs."
Louis Dollo, le 30 janvier 2011
(1) Avant la fin (2000) du programme de financement européen LIFE de la première introduction d'ours dans les Pyrénées (1996-2000)