Marc Vincent, homme de terrain, est zootechnicien à l'Inra, au département de recherche Sciences pour l'action et le développement, à Avignon. Il est l'auteur du livre "Les alpages à l'épreuve des loups" paru en mars 2011 et édité par la Maison des Sciences de l'Homme avec le soutien de la Région PACA. Qui n'a pas entendu parler du retour des loups dans les Alpes françaises et de leur difficile cohabitation avec les moutons qui pâturent l'été en montagne sous la garde de leur berger?
Auteur: Marc Vincent
Editeur: Quae (17 mars 2011)
Collection: Natures sociales Langue: Français
ISBN-10: 2735113957
ISBN-13: 978-2735113958
Marc Vincent, spécialiste des systèmes agraires pastoraux à l'Unité Ecodéveloppement - Inra, Avignon
"Ce livre se fait l'écho du conflit très médiatisé qui oppose depuis 1992, le monde du pastoralisme aux protecteurs de ces prédateurs. Sur la base d'une documentation très détaillée, résultat de plusieurs années d'enquêtes auprès d'éleveurs, de bergers et de nombreux acteurs des territoires montagnards, l'auteur montre toute la complexité de la proximité entre les troupeaux domestiques et les loups, ces animaux sauvages intégralement protégés par la convention de Berne. Ce texte ratifié, alors qu'ils avaient disparu du territoire national, engage les pouvoirs publics à leur sauvegarde. Mais dans le même temps, l'État reconnaît officiellement le rôle du pastoralisme sur l'environnement: entretien de l'espace, prévention des risques d'avalanche ou d'incendie, protection d'espèces emblématiques...
"Autrement dit, les loups comme les moutons ont leur place. Or les attaques de loups affectent considérablement le pastoralisme au quotidien et les mesures de protection proposées par l'État remettent en cause ce qui jusque-là était considéré comme «les bonnes pratiques» des bergers. L'auteur est convaincu de la nécessité de mettre en œuvre une politique de gestion active de ces prédateurs pour une coexistence pacifiée entre pastoralistes et protecteurs des loups. Il définit les bases de ce qu'il appelle la «lupotechnie», et nous emmène sur les chemins de la transhumance provençale qui conduisent bergers et brebis de la plaine de Crau au parc naturel régional du Queyras. Loin de tout folklore archaïsant, il rend compte de la singularité de cette phase d'élevage à la fois difficile et indispensable en présentant le métier de berger d'alpage, dont les conditions de travail et de vie sont finalement assez méconnues. Il s'adresse à des spécialistes de la question: chercheurs en sociologie de l'environnement ou en gestion de l'élevage et institutions chargées de ce dossier sensible. Mais son ouvrage intéressera aussi des lecteurs curieux de mieux comprendre les enjeux environnementaux de l'agriculture".
"Dans la préface de l’ouvrage Marie-Angèle Hermitte, Directeur de recherche au CNRS, nous rappelle qu’il y eut la France des paysans vivant sous la menace du loup: nourrissons arrachés à leurs mères, petits bergers dévorés, mille ans de lutte du corps des lieutenants de louveterie et la mort de ce "dernier" loup, qui au milieu du XXè siècle, vint couronner l’avènement des temps modernes et ouvrir la porte à la nostalgie. Le vieux rêve d’éradication de l’ennemi du berger ne durera donc pas. De son refuge des Abruzzes, il est revenu. Le loup est de retour mais il n’est pas encore entré dans Paris. Et cependant qui n’a pas entendu parler du retour des loups dans les Alpes françaises et de leur difficile cohabitation avec les moutons qui pâturent l’été en montagne sous la garde de leur berger? Un thème qui renvoie à la question du rapport de l’homme et de l’animal, très souvent observée par la Mission Agrobiosciences".
A partir d'enquêtes et d'analyses, ce livre explore -de l'intérieur- les contradictions entre la présence des loups dans les Alpes françaises et l'exercice du pastoralisme. Il propose des pistes pour améliorer la cohabitation qui passent, selon l'auteur, par une politique de gestion des populations de loups, leur expansion se confirmant.
La confrontation entre protecteurs du loup et éleveurs pastoraux dure depuis presque vingt ans, les uns et les autres n'étant pas parvenus à trouver des terrains d'entente. Pourtant, l'élevage ovin transhumant, et plus largement pastoral, est reconnu pour entretenir des espaces ruraux: ici, protégeant contre la propagation des incendies sans avoir à utiliser des machines ou des désherbants ; là, valorisant l'herbe où le tourisme a besoin de chemins ou craint les avalanches. Il maintient des activités, du lien social dans des endroits où la désertification menaçait. La législation récente a permis de redéployer le pacage d'animaux sur des espaces délaissés.
La compétence du berger, la potentialité à reconduire ce métier sont mises quotidiennement à rude épreuve. Malgré les aides matérielles, financières ou humaines, les contraintes amenées par la prédation sont devenues très fortes pour l'exercice d'une profession à haute technicité. Ce livre explicite les multiples volets des protections proposées par l'Etat: les aides-bergers, les enclos, le matériel, les cabanes d'alpage, les chiens "patou"...ainsi que leur coût. Il expose la pression et l'augmentation des heures de garde imposées au berger, évaluées à travers des enquêtes. Il envisage les modes de gestion que les institutions ou les communes doivent adapter pour faire cohabiter les activités sur un même lieu. Avec un rappel des sommes engagées pour contenir le loup ou indemniser les éleveurs, l'auteur propose l'acheminement vers une nouvelle forme de louveterie.
Cet ouvrage permet de découvrir ce qu'est le métier du berger d'alpage, très éloigné de tout archaïsme et folklore: probablement parce qu'il travaille habituellement seul pendant les mois d'été, ses conditions de vie sont assez méconnues. Ce livre invite à comprendre l'univers de la transhumance, vue de l'intérieur, sur l'un de ses parcours traditionnels: de la Crau au Queyras. Il était nécessaire d'en effectuer une approche précise à un moment où les loups colonisent peu à peu les massifs montagneux ou forestiers, car des décisions doivent être prises pour éviter les confrontations.
L'ouvrage intéresse d'abord un public de spécialistes: les chercheurs en sociologie de l'environnement, les gestionnaires pastoraux et les institutions chargées de ce dossier sensible. Par son accessibilité et la progression de ses chapitres, il est également destiné à l'enseignement ou à tout lecteur curieux de comprendre les enjeux environnementaux liés à l'agriculture.
Source: INRA