Le Monde des Pyrénées

Les rencontres du col du Glandon 2016: La presse en parle

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Si la presse s’est fait l’écho des rencontres pastorales du col du Glandon, ce n’est pas toujours de manière heureuse et sérieuse. Nous reproduisons ci-dessous de plusieurs textes parus dans divers journaux avec en bas d’article des observations. Dans tous les cas, il est nettement préférable de consulter les interventions de ces trois journées d’information et d’étude des maires, des élus et des éleveurs.

Rencontres-Col-Glandon
@Terre Dauphinoise

- Ils veulent de nouvelles mesures de protection contre les loups

«Les moyens de protection contre les loups mis en place depuis 1992 sont inefficaces. Il est grand temps d’agir, sous peine de voir le pastoralisme disparaître.» Solennel, le ton du maire de Saint-Colomban-des-Villards, Pierre-Yves Bonnivard, traduit le ras-le-bol général du milieu rural envers le loup.

Éleveurs, élus et responsables syndicaux étaient venus de la France entière, vendredi et samedi, pour participer à la troisième édition de la réunion “Le territoire, le pastoralisme, l’élevage, les loups et l’Europe”. Organisée par l’USAPR (Union pour la sauvegarde des activités pastorales et rurales), cette dernière visait à présenter les mesures que l’association juge primordiales pour la sauvegarde du pastoralisme.

La première concerne l’instauration de chiens créancés dans les massifs. Dressés pour suivre les loups, ces derniers permettraient de faire courir les meutes, et ainsi de découvrir plus facilement leurs positions. De plus, l’association exige de l’État une nouvelle méthode de comptage des prédateurs.

Président de l’USAPR, Pierre-Yves Bonnivard explique: «On nous dit qu’il y a 300 loups en France. Rien que sur la commune de Saint-Colomban-des-Villards, nous en comptons dix. Il y a un problème.»

Réunis au sommet du col du Glandon, hier après-midi, les protagonistes sont parvenus à une conclusion commune: la lutte contre les loups est devenue une mission de sécurité publique.

Auteur: Julien Cressens
Source: Le Dauphiné Libéré du 21/08/2016

Observations: Un article d'une étonnante médiocrité ne reflétant pas la réalité de l'ensemble des débats. Il est à la limite du hors sujet. Il y a mieux à faire que de lire ce torchon de journaliste amateur en allant voir directement les différentes interventions de ces journées.

- Le loup fait l'unanimité contre lui aux rencontres pastorales, en Savoie

Ce samedi 20 août, le Col du Glandon, en Savoie, accueillaient les rencontres pastorales se tiennent. Lors de ces rencontres: éleveurs, juristes, syndicats, acteurs du tourisme et élus, ont débattu et échangé ensemble autour de la problématique de la présence du loup dans la montagne.

"Il faut attendre d'avoir tout raté pour espérer réussir. Les victimes d'attaques étaient dans des troupeaux protégés en Savoie!" Le ton est donné, ce samedi, aux rencontres pastorales de la Savoie. La colère gronde quand il est question du loup. Le constat est unanime: les solutions proposées par les services de l'Etat pour lutter contre les attaques de loup dans les alpages ne sont pas satisfaisantes.

Selon les bergers, il n'y a qu'une solution: "limiter le nombre de loups par des prélèvements conséquents." René Tavan, éleveur transhuman espère une réaction des élus avant que les dérives ne commencent: "Je crains l'empoisonnement du loup par les personnes excédées. Ce ne serait pas une solution, puisqu'elle serait aussi risquée pour les humains."

De leur côté, les élus se trouvent également démunis face à cette question. "Aujourd'hui, nous, les maires, ne savons plus comment assurer la sécurité des biens et des personnes avec les lois contradictoires", affirme André Baret, maire-éleveur de Hures-la-Parade, en Lozère. Car pour préserver les troupeaux, "l'arme" utilisée contre le loup par les bergers, c'est le patou. Et ce chien des montagnes des Pyrénées ne fait pas l'unanimité. Selon les élus, il ne permettrait pas l'exercice de certaines activités physiques de montagne aussi librement que les élus le souhaiteraient. Car la présence du loup ne compromet pas seulement le pastoralisme dans les montagnes, mais, aussi le tourisme.

Regroupés en association inter-massifs, les élus de 7 départements ont exprimé leur inquiétude auprès de représentants des services de l'État venus assister aux rencontres, de ce week-end. agriculture environnement économie Savoie société

Auteur: Aurore Trespeux
Source: France 3 Alpes du 21 août 2016

Observations:
Il ne s'agit pas que de la Savoie mais de toute la France. Les maires de sept départements impactés par le loup étaient présents. Dommage que ce repartage soit aussi restrictif. Ce reporter aux diverses interventions pour en savoir beaucoup plus

- Le citoyen, victime collatérale du loup

Pour la troisième année consécutive, les maires de sept départements (1) concernés par le problème du loup se sont réunis le 20 août 2016 avec les éleveurs, les bergers et les chercheurs au sommet du col du Glandon (Savoie). Objectif: avancer des solutions pour ne plus subir la prédation.

«Il faut sortir du fantasme de la compatibilité du loup avec l’élevage», s’est exclamé Pierre-Yves Bonnivard, maire de Saint-Colomban-les-Villards, et président de l’Usapr (Union pour la sauvegarde des activités pastorales et rurales), au sommet du col du Glandon (Savoie). Depuis trois ans, les élus ont décidé de faire le point sur la pression de la prédation et formulent des propositions pour «ne plus subir», dans le cadre de la fête du pastoralisme.

- Une femme «dévorée» par des chiens de protection

Le drame qui s’est déroulé sur la commune de Chichilianne (Isère) a renforcé l’exaspération des élus. Une habitante de la commune «a été dévorée» par des chiens de protection quelques jours plus tôt sur un chemin de randonnée. «J’ai mis des panneaux pour recommander aux touristes de ne plus aller sur les alpages, a indiqué Yann Souriau, le maire de la commune. Résultat, beaucoup ont décommandé leur séjour. Cette situation est totalement inacceptable. Il faut que cessent ces catastrophes.»

Ce n’est pas la première fois qu’un tel accident se produit. «Qu’est-ce qu’on attend pour réagir? Qu’un enfant se fasse tuer par des chiens patous? interroge la présidente du syndicat des éleveurs de la Haute-Savoie. C’est la vie des gens qui est en cause. Ce sont des vies brisées. J’ai peur qu’un enfant s’approche trop près des chiens parce que ses parents ne l’auront pas vu. Ce jour-là, on aura tous une responsabilité parce que l’on n’aura pas fait ce qu’il faut. Aujourd’hui, je ne sais pas ce qu’il faut faire pour que cela s’arrête.»

- «Bousculer les choses»

Les intervenants semblent bien désarmés face à cette situation. «Il faut quand même qu’on arrive à sortir de cette désespérance», a déclaré Jacqueline Dupenloup, maire de Saint-Alban-des-Villards, soulignant que les représentants de l’État réunis autour d’eux la veille avaient été attentifs à l’exposé des problèmes. «Nous voulons fédérer des solidarités intermassifs pour bousculer les choses», s’est-elle exclamée.

Dans leurs conclusions, les maires ont rappelé l’échec des mesures de protection. «Depuis vingt ans, le loup fait ce qu’il veut, a constaté Pierre-Yves Bonnivard. Il faut lui mettre des limites.» L’élu a aussi insisté sur le besoin de transparence sur les chiffres. «Le développement des installations ne doit plus être ralenti par la pression de la prédation. Le travail d’éleveur demande une présence importante auprès des animaux. Avec les attaques, la situation est ingérable.»

- «L’élevage est essentiel» en montagne

Pour l’Usapr, l’élevage et le pastoralisme, sont synonymes de biodiversité. «L’élevage est essentiel à toutes les autres activités économiques de montagne», a insisté Pierre-Yves Bonnivard, réclamant un assouplissement des mesures de prélèvement et une limitation des contraintes de leur mise en œuvre. Il a rappelé que des meutes entières posaient parfois des problèmes. Le piégeage ou l’utilisation de chiens créancés sur le loup pour les prélèvements font partie des propositions que formulent les élus pour limiter la pression de la prédation.

Auteur: Marie-France Malterre
Source: La France Agricole du 22 août 2016

- Observation:

Nous aurions espérer mieux mais surtout plus de la part de La France Agricole. Voir les différentes interventions.

- Ere de retournement

Les dégâts provoqués par le loup sur les animaux et dorénavant indirectement sur les hommes provoquent une prise de conscience politique de la part de nombreux élus. Le col du Glandon en a été témoin.

Il y aura sûrement un avant et un après 20 août 2016. Car au col du Glandon, samedi dernier, les discours des maires, bergers, éleveurs, scientifiques, n'étaient plus à l'aune des simples constats quant aux dégâts de loup, mais à une vraie offensive. Un vent de résistance a soufflé sur les alpages.

- Les germes de l'échec

Nicolas-Lescureux
Nicolas Lecureux

«L'USAPR (1) porte les messages des territoires et des éleveurs», assène en introduction Pierre-Yves Bonnivard, président de l'association et maire de Saint-Colomban-les-Villard. Après 25 ans de présence du loup, nous constatons 25 ans d'échec. Oui, la convention de Berne porte en elle l'échec du retour du grand prédateur». La parole est sûre, le ton ferme, le regard noir. Et pour étayer ses positions et celles de l'ensemble des participants à ce rendez-vous annuel, désormais à vocation européenne, les organisateurs se sont appuyés sur des scientifiques. D'abord Nicolas Lescureux du CNRS (2) qui a mené une étude sur la relation entre les populations rurales et le loup au Kirghizistan et en république de Macédoine.

Dans le premier pays, la chasse était systématique, avec des chasseurs professionnels lors de l'ère soviétique. La relation était alors équilibrée, le prédateur se tenant loin des troupeaux, les hommes et le loup s'observant à distance dans les plaines. Lorsque le Kirghizistan est devenu indépendant, cette structuration a disparu. Plus de chasseurs professionnels, retrait des fusils et donc nette diminution de la pression sur le grand canidé. Aujourd'hui, les troupeaux sont resserrés autour des villages et continuent quand même à se faire attaquer. «Le loup est devenu incontrôlable car la relation dynamique qui existait entre l'homme et la bête a disparu, constate le scientifique. Une incursion du loup ne provoque plus de réaction. Il gagne du terrain.»

- Régulation et cohabitation

Constat identique en Macédoine, où la population se frotte aux ours, loups et autres lynx. «L'ours est identifié à un territoire. Il est chassé s'il pose un problème. Il y a une bonne cohabitation», décrit Nicolas Lescureux. Le lynx est lui invisible et pose peu de problème parce qu'il vit éloigné de l'homme. Reste le loup qui en Macédoine est difficilement chassable d'un point de vue réglementaire. «Les dégâts sont importants sur les troupeaux et il attaque les chiens», commente le scientifique. Autre caution scientifique, celle de Michel Meuret de l'Inra.

Michel-Meuret
Michel Meuret

«Dès la réintroduction du loup en 1996 dans le parc de Yellowstone aux Etats-Unis, des mesures de gestion ont été mises en place. Dès qu'un loup pose problème (il tue un ovin, un bovin...), il est régulé. 15 % sont tirés chaque année pour cette raison. La moyenne des dégâts est donc de 180 bovins et 330 ovins attaqués par an (!) entre 2006 et 2014. L'année record 2009 a connu la mort de 721 ovins: 25 meutes sur 267 ont alors été abattues.» Pourtant aujourd'hui, la zone comprend 1780 loups, bien au-delà des 300 prévus à l'origine. «Quand les conditions d'un équilibre ne sont pas respectées, il y a de gros conflits», concluent les deux scientifiques. Et quand il y a régulation, il y a cohabitation.

- Dévorée vivante

Les situations catastrophiques, Yann Souriau, maire de Chichilianne, les vit de près. L'attaque d'une habitante du village par deux chiens de protection ont marqué l'élu: «Elle a été dévorée vivante, explique-t-il, elle a vu des morceaux de sa propre chair mangés par les chiens devant elle.» Le traumatisme gagne tout le monde: les touristes ont décommandé leur réservation, le maire a lui-même signé un arrêté dans lequel il déconseille formellement aux personnes d'emprunter les sentiers locaux. «On a mobilisé depuis le début de l'été 70 personnes dont 30 louvetiers, nous vivons au milieu des cadavres des charniers, nous achevons à la main des bêtes presque tous les jours.» «Qu'on laisse les louvetiers faire réellement leur travail et le problème sera résolu», clame M. de Montal, ancien louvetier. «On (la préfecture, ndlr) nous empêche de faire le travail.» Yann Souriau, lui, ne veut plus laisser «le territoire s'effondrer, d'autant plus que cette situation de dangerosité avérée n'est pas unique. Il va y avoir une réaction ferme pour arrêter cette catastrophe.»

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Yann Souriau
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Antoibe Le Gal


Des mots qui viendront peut-être réchauffer le moral des bergers, dont deux d'entre eux sont venus témoigner. «L'avenir de notre métier est en jeu, plaide Antoine Le Gal, berger transhumant. Au lieu de nous occuper des moutons, de les soigner, de les faire engraisser, d'entretenir le pâturage, nous comptons les cadavres, recherchons les brebis, achevons certains blessés...», décrit-il submergé par l'émotion.

Pour Stéphane Marie, président de Pâtre des Alpes du Nord (Pan), «nous vivons quatre mois de galère à la fin desquels on nous demande combien nous avons eu de disparus, avec un doute et une suspicion sur notre attitude face à ce fléau de la société moderne». Et parce qu'il veut combattre «les perverses stratégies intellectuelles des pro-loup qui conduisent à programmer la fin du pastoralisme», il annonce que la Cour des comptes sera saisie afin de demander une enquête «sur la gabegie financière constatée dans ce dossier».

(1) Union pour la sauvegarde des activités pastorales et rurales
(2) Centre national de recherche scientifique

Auteur: Jean-Marc Emprin
Source: Terre Dauphinoise du 22 août 2016

- Observations

En dehors du titre difficile à comprendre..... il faut noter que:

Critique par Nicolas Lescureux (Cnrs) suite à l’article de 'Terre Dauphinoise’ daté du 22/08 au sujet de son intervention à la réunion publique au col du Glandon (Savoie)

"Malgré les efforts de synthèse du journaliste, il me semble que l’article souffre de raccourcis et d’incompréhensions qui peuvent induire en erreur le lecteur, ce qui n’est pas souhaitable sur un sujet aussi délicat. La partie sur le Kirghizstan est peu claire et je n’y retrouve pas les éléments que j’ai pu donner dans la présentation. Le journaliste par le même de plaines alors que le Kirghizstan est un pays de montagnes. Les loups y sont plus facilement observables car le paysage est ouvert, pas parce que le pays est plat. Les troupeaux ne sont pas non plus resserrés autour des villages, même si les distances entre hivernage et estivage ont diminué. De plus, le journaliste met entre guillemets des phrases que je n’ai pas dites mais qui sont ses interprétations. Ceci est proprement inacceptable. Concernant la partie sur la Macédoine, le journaliste emploie de nouveaux les guillemets alors que les phrases qu’il met ne sont pas sorties de ma bouche. Notamment le terme cohabitation n’a été employé ni par M. Meuret ni par moi-même, encore moins pour dire qu’il y avait une bonne cohabitation avec les ours. Il n’a été question dans cette partie de la présentation que de possibilité de réciprocité, aucunement de bonne ou de mauvaise cohabitation. Autre erreur grossière, ce n'est pas d'un point de vue réglementaire que le loup est difficilement chassable en Macédoine, puisque j'ai dit qu'il était classé nuisible et primé. C'est d'un point de vue pratique qu'il est difficilement chassable. Dans la présentation, j’ai parlé des attaques occasionnelles de chiens en hiver surtout pour préciser que le loup s’introduisait dans les villages, ce qui montrait que certaines frontières n’étaient pas respectées. Rien de tout cela dans l’article. Enfin, il me semble que l’un des points importants de la conclusion, qui est que le retour du loup peut poser un problème de justice sociale et environnementale dans la mesure où une partie de la population s’en trouve fortement affectée, a été occulté par le journaliste, alors que ce point fait particulièrement sens dans le contexte de la réunion de l’USAPR."

Nicolas Lescureux
Chargé de Recherche CNRS-Cefe, Montpellier

Pour en savoir plus, consulter les différentes interventions