Lorsqu'on parle de montagne et d'accidents en montagne, on ne pense que randonneurs et alpinistes et on conseille de ne jamais partir seul. Les refuges sont tous équipés de moyens de communication pour assurer les secours. Il y a toujours un gardien. On oublie que les vrais professionnels de la montagne sont les bergers et qu'ils travaillent en solo avec tous les risques que cela comporte. Pas toujours avec des moyens de communication et personne pour assurer leur sécurité et donner l'alerte en cas de blessure. Ils ne disposent pas, non plus, de temps de repos et ne travaillent pas que les jours de beau temps contrairement aux pratiquants sportifs et de loisir de la montagne.
Le corps d'une bergère qui gardait les troupeaux en estives dans le secteur de Seix, en Ariège, a été retrouvé sans vie, vendredi. La jeune femme a été victime d'une chute
accidentelle. Un drame qui souligne les dangers méconnus de cette profession.
Tous les bergers le savent. Il y a l'image que le grand public se fait de leur métier. Et sa réalité quotidienne. Avec le danger permanent d'une chute sans secours immédiat
possible dans la montagne. «Le moindre faux pas, le moindre malaise peut s'avérer fatal», résument les professionnels.
Vendredi, il faisait beau et une amie randonneuse est montée rendre visite à Marion Taréry, bergère dans la vallée d'Ustou sur les estives de la commune de Seix, en Ariège, secteur où elle gardait plusieurs centaines de brebis. Et c'est à environ 500 mètres de la cabane pastorale de Soulas, située à 1 500 mètres d'altitude, qu'elle a découvert le corps sans vie de la jeune femme. Les constatations des gendarmes du PGHM et du technicien de l'identification criminelle de Foix ont établi que cette dernière n'avait pas survécu à une chute accidentelle.
«Discrète mais passionnée», ainsi que la décrit David Gardelle, directeur du Centre de formation professionnelle et de promotion agricole Ariège Comminges, Marion Tartéry aurait eu 31 ans en septembre prochain. Née à La Rochelle, elle s'était dédiée au pastoralisme, à la montagne. Et elle n'était pas une débutante puisqu'elle effectuait là sa troisième estive. «Elle était venue en Ariège pour passer son brevet professionnel de responsable d'exploitation agricole qu'elle venait de finir en juin dernier et elle avait un projet d'installation en élevage ovin», précise le directeur du CFPPA, rappelant, «berger, éleveur, ce ne sont pas des métiers anodins. Souvent le public l'oublie, mais c'est une pratique difficile, avec beaucoup d'aléas, en milieu montagnard.»
Berger? «C'est une inquiétude permanente. Car si aux beaux jours il y a la tranquillité, il y a aussi le brouillard en montagne, éprouvant, et là personne ne nous voit dans le combat pour ne pas perdre les bêtes», confiait ainsi l'an passé le président de l'association des bergers des Pyrénées Jean-Bernard Castéran à La Dépêche, parlant d'une vocation qui ne peut s'exercer sans passion. à Seix, la disparition de Marion Taréry a jeté la consternation.
Auteur: P.C.
Source: La Dépêche du Midi du 15 juillet 2012