Après avoir été critiqués, montrés du doigt, humiliés, voici que les paysans, éleveurs et agriculteurs sont adulés pour leur bonnes pratiques écologiques. Nous pouvons douter qu'il en soit de même lorsqu'il s'agit des grands prédateurs ours et loups
Un texte clair, en rouge, sur une affiche: "Un pays sans agriculture est un pays en danger. Pour que demain, nos enfants continuent à manger, protégeons notre agriculture".
Ce message, les Jeunes agriculteurs (JA) de la Corrèze, l'ont dévoilé, hier matin, en marge du comice agricole du canton de Vigeois, à Saint-Bonnet l'enfantier.
L'objectif: sensibiliser "les consommateurs-citoyens" aux nombreuses problématiques que rencontre actuellement le secteur agricole. Difficultés d'installations pour les nouveaux exploitants ; prix élevé du foncier ; "baisse de 30 %" des revenus ; "prix très très bas" ; et surtout, concurrence de produits issus de pays en voie de développement non-soumis aux mêmes critères de qualité et de traçabilité que les producteurs locaux.
Autant de données qui, à l'heure des discussions autour de la loi de modernisation de l'agriculture (LMA), sont en train de dessiner le paysage économique local et national. "Sans agriculture, il n'y a plus de tissu rural. Et sans ce tissu rural, il n'y a plus de département de la Corrèze, explique Guillaume Joie, secrétaire général JA. C'est l'agriculture qui façonne et qui fait vivre le territoire. Ce qu'on demande aux consommateurs, c'est de reconsommer local et d'être cohérent avec leurs revendications citoyennes de qualité".
Dans ce cadre-là, les 300 affiches disposées, ce week-end à Brive, Tulle et Ussel, devraient permettre "une prise de conscience", en partenariat avec les élus locaux. François Hollande, président du Conseil général, et Claude Trémouille, vice-président du Conseil régional étaient d'ailleurs présents, hier, à Saint-Bonnet, pour ce qui s'annonce comme le lancement d'une opération de communication de grande ampleur.
Après l'autonomie alimentaire, thème de cette première affiche, l'écologie et l'aménagement du territoire feront l'objet de deux autres campagnes d'affichage, au cours de l'été. Ce dispositif se conclura par un débat, le 27 août, jour de l'ouverture du festival de l'élevage de Brive. "L'agriculture traverse la crise la plus grave depuis longtemps, a conclu François Hollande. [...] Mais les consommateurs sont vos alliés, à condition, bien sûr, de les informer". Tout l'objet de cette campagne de sensibilisation.
Auteur: Sébastien Dubois
Source: La Montagne du dimanche 18 juillet 2010
Devant la secrétaire d'Etat à l'Ecologie, la Fédération nationale bovine a défendu les atouts de l'élevage à l'herbe en matière d'environnement.
Chemcha Rabhi "Une secrétaire d'Etat à l'Ecologie à la rencontre des éleveurs: chiche!", lui ont lancé les dirigeants de la Fédération nationale bovine (FNB). Chantal Jouanno les a pris au mot et a accepté leur invitation. Les premiers avaient à coeur de lui démontrer que l'élevage à l'herbe, dans le Massif central, contribue à l'équilibre de l'environnement. La deuxième ne demandait qu'à voir.
Hier, Patrick Bénézit et Pierre Chevalier, respectivement secrétaire général adjoint et président de la FNB, ainsi que les acteurs locaux agricoles ont conduit Chantal Jouanno, accompagnée d'Alain Marleix, secrétaire d'Etat à l'Intérieur et aux Collectivités territoriales, dans la vallée de Brezons, sur les estives du puy Gerbel (1.640m d'altitude), au-dessus du buron de la Combe de la Saure. Egalement accompagnés d'élus locaux et départementaux, ils se sont rendus sur l'exploitation agricole d'Isabelle et René Delcher.
Au travers de ces exemples, les acteurs de la filière viande voulaient vanter l'élevage en système herbager. "Il représente 3millions d'hectares dans le Massif central, et 11 millions en France", souligne Patrick Bénézit. Le prétexte de cette visite n'était pas neutre. Ayant le sentiment que l'amalgame fait avec les élevages bovins intensifs américains et brésiliens nuit à leur réputation, sensibles aux critiques dont ils font l'objet, les producteurs de viande voulaient rétablir leur vérité. Habitués à mettre en avant des raisons économiques pour défendre leur activité, les éleveurs ont changé de registre. Ils ont avancé, hier, des arguments environnementaux face à la ministre. Ainsi, l'élevage à l'herbe joue un rôle essentiel dans la préservation de la biodiversité, l'entretien de paysages ouverts et le maintien de prairies naturelles. "Sans les éleveurs et leurs animaux, il n'y aurait plus ces prairies", clame Patrick Escure, responsable de la FDSEA Cantal.
Quant à ceux qui encouragent à consommer moins de viande "parce que les vaches polluent", les professionnels rétorquent que la critique est sans fondement. "Ce qui est intéressant dans le système herbager, c'est que le méthane produit par les ruminants est compensé par le fait que les prairies permanentes stockent autant de carbone que le sol des forêts", explique Caroline Guinot, du Centre d'information des viandes.
Peser sur les négociations En faisant venir la ministre sur leur terre, les éleveurs avaient également une autre idée en tête. A l'heure des négociations sur la réforme de la Politique agricole commune, et des pourparlers en vue d'un accord commercial avec les pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Uruguay et Paraguay), ils recherchent des soutiens pour défendre les spécificités de l'élevage français auprès de Bruxelles.
En obtenant la voix de Chantal Jouanno, ils espèrent aussi rallier à leur cause "des consommateurs européens attentifs aux préoccupations environnementales". La secrétaire d'Etat s'est dite sensible à leur position.
Source: La Montagne du 24 juillet 2010