L'Ecobuage, mal conduit, peut présenter certains dangers. Même bien conduit, il peut déborder ses acteurs. Et puis, il y a le banal feu de broussaille qui peut dégénérer ou l'incendie volontaire pour des motifs divers. Dans tous les cas, l'extension anormale est liée à un défaut d'entretien du milieu essentiellement dû à un abandon par l'homme. La présence raisonnée de l'homme dans le milieu naturel est souvent plus bénéfique que l'ensauvagement de la nature qui est alors livrée à tous les excès naturels y compris sa destruction.
Les incendies de broussailles ou écobuages sauvages se multiplient ces jours-ci en Béarn comme en Pays Basque.
Après les secteurs de Jatxou et Ustaritz en début de semaine, la commune d'Ascain a été touchée à plusieurs reprises hier (voir par ailleurs les feux circonscrits sur le
territoire communal d'Urrugne).
Sur notre photo prise en début de soirée, les flammes commencent à attaquer une parcelle situé au dessus de la carrièresd'Ascain.
Ce type d'incendie, dans des secteurs inaccessibles aux camions-citernes, mobilise de nombreux pompiers qui éteignent les flammes à l'aide de pelles.
Source: Sud-Ouest du 27 mars 2009
La période légale des écobuages s'arrête le 31. Grâce aux efforts des dernières années, très peu ont débordé, même si des améliorations
peuvent encore être apportées
Mardi au petit matin, un écobuage dégénérait en incendie à Gourette, malgré un encadrement rigoureux autour de l'opération. Ce type d'incident, qui survient en fin de période
légale des écobuages, est devenu rare.
"De mois en moins d'écobuages déclarés débordent. En cinq ans, des améliorations sensibles ont été apportées", constate le commandant Pierre Lamarche du Service Départementale
d'Incendie et de Secours (Sdis). De fait, les pompiers constatent que le bilan s'améliore année après année depuis un cru 2002 marqué par un grand nombre d'incendies.
Phénomène pyrénéen par excellence, l'écobuage, ou débroussaillement par le feu, est l'objet d'un contrôle de plus en plus serré. "Si la situation s'est améliorée,
c'est grâce à la campagne de sensibilisation menée par le Chambre d'Agriculture, et par la mise en place d'une cellule écobuage à la préfecture, sous l'égide de la Direction
Départementale de l'Equipement et de l'agriculture", explique le commandant Lamarche.
Ces écobuages nécessitent une demande d'autorisation auprès de la mairie concernée. Au niveau local, les pompiers insistent sur l'importance de mise en place de commissions
d'écobuages (communales ou syndicales) afin d'encadrer au mieux les opérations. "L'important, c'est de bien évaluer les enjeux: la proximité d'habitations, de forêt, de chemin de
randonnée...", indique le commandant.
La signalétique (pose de panneaux sur les sentiers de randonnée), le fait de prévoir un nombre suffisant de participants, de rester jusqu'à l'extinction des feux; ou encore
l'interdiction de brûler la nuit. Et, bien sûr, l'obligation de prévenir les pompiers dès le matin, afin qu'ils ne se déplacent pas pour rien.
L'an passé, on recensait 1 500 demandes, pour à peu près 7 000 hectares concernés. Cette année, les chiffres s'annoncent légèrement supérieurs. Pourtant, le nombre de débordements
continue de refluer: "Quatre écobuages ont dégénéré en février 2008 et deux seulement en février 2009", note le commandant.
Depuis l'an dernier, les commissions locales les plus "performantes" ont la possibilité de se faire agréer par la cellule préfectorale. Ce qui leur permet de continuer à opérer en
dehors de la période légale d'écobuage, laquelle court du 15 octobre au 31 mars, avec des possibilités de dérogation
dans les zones enneigées tardivement.
La tendance est positive, mais le Sdis est toujours en quête d'améliorations. Ne serait-ce qu'en matière de prévision météo: "Parfois, le temps est très favorable dans une vallée,
mais très défavorable dans une autre", déplorent les pompiers.
Mais c'est sur les règles et les financements que les pompiers entrevoient des améliorations possibles. "Grâce à l'action efficace qui a été menée, on a pu négocier au niveau du
plan régional de lutte contre les feux de forêts. "Le but de ces négociations est de faire valoir les spécificités de la montagne dans des instances qui ont pour référence des zones
qui n'ont rien à voir. La forêt des Landes par exemple.". L'un des problèmes qui se posent c'est que, pour être subventionnée, une piste de protection doit faire six mètres de
large, en montagne, c'est impossible", plaide le colonel Henri Lavallée, chef du groupement gestion des risques au Sdis.
L'autre bataille à mener est celle des mentalités. "Beaucoup de gens pensent encore qu'il est contre-nature de mettre le feu, alors que cela ne fait que pallier la perte
d'exploitation des éleveurs", expose le colonel. L'écobuage pour remplacer les brebis et éviter les grands embrasements de 2002.
"Les études montrent que les écobuages n'ont pas d'effet négatif sur la faune ni la flore", poursuit le commandant Lamarque. Et la pratique ne date pas d'aujourd'hui.
Certains prétendent même que les Pyrénées tirent leur nom du grec "Montagnes en feu".
Auteur: Gwenaël Badets
Source: Sud-Ouest du 28 mars 2009