L'idée de disposer d'un gardien 24 h/24 et 7 jours/7 qui ne pose pas de problème de logement, rémunération, revendications sociales, etc... traverse l'esprit de nombreux chefs d'entreprises. L'élevage n'échappe pas à cette réflexion y compris pour la surveillance des troupeaux en estive. En janvier 2010, des chercheurs se sont penchés sur ce sujet et nous librent quelques éléments de réflexion essentiellement théorique.
La gestion du pâturage sur de vastes espaces ouverts nécessite un gardiennage ou la pose de clôtures, solutions coûteuses en temps et en main d’œuvre. Les avancées technologiques et l’électronique embarquée sur l’animal laissent aujourd’hui entrevoir une alternative séduisante: la clôture virtuelle (CVir). La CVir est une barrière sensorielle délimitant une zone interdite à l’approche de laquelle les animaux équipés d’un collier avertisseur et punisseur reçoivent un stimulus auditif suivi d’une brève décharge électrique qui les incitent à faire demi-tour.
De récents essais ont montré que les bovins étaient capables de répondre aux stimuli de la CVir, et apprenaient assez rapidement à faire demi-tour. L’objectif de cette étude était de tester l’applicabilité d’une CVir aux ovins, dans des groupes où tout ou partie des animaux seraient équipés de collier. Nous avons entraîné des groupes de 5 brebis, et nous les avons soumis à des tests de 30 minutes dans une parcelle en couloir divisée virtuellement en son milieu par une zone d’avertissement et de punition (ZP) de 4 m de large. Nous avons introduit les animaux d’un côté de la ZP, l’autre côté étant rendu attractif par de l’herbe haute (attracteur alimentaire), par la présence de congénères (attracteur social), ou ne comportant pas d’attracteur (herbe rase dans tout le couloir).
Nous avons observé les déplacements. Nos résultats pour des groupes de 5 individus équipés de colliers montrent que la CVir est capable de contrôler efficacement les animaux (> 10% traversent), avec une excellente rémanence de l’apprentissage (> 30 jours). Les tentatives de traversée avortées (demi-tours) ont été plus nombreuses les 5 premières minutes des tests, et différentes selon les attracteurs: social alimentaire nul. Les comportements ont varié entre groupes et entre individus au sein d’un groupe. Les groupes mixtes testés incluaient 32 individus dont 0, 50, 75 ou 100 % de brebis équipées (avec collier et entraînement) et des brebis naïves (sans collier, sans entraînement), et étaient soumis à un attracteur alimentaire. Les brebis naïves qui pouvaient traverser ont entraîné une partie des brebis équipées. En conclusion, il semble possible de contrôler des groupes d’ovins à l’aide d’une CVir dans un espace précisément délimité lorsque tous les individus sont équipés d’un collier. Lorsque seuls quelques animaux sont équipés, la CVir peut devenir un moyen de restreindre le pâturage de certains animaux au sein d’une groupe mixte, mais difficilement un outil de contrôle de l’ensemble du groupe.