Le titre pourrait faire penser à une volonté de repli identitaire. En fait, il n'en est rien. Il s'agit le plus souvent d'une réaction à un sentiment d'abandon ou de frustration
et encore plus d'humiliation. Qui aurait l'idée de demander aux Pyrénéens et montagnards en général, leur avis sur le métro toulousain ou le tram bordelais? Personne.
Les pyrénéens ont-ils eu leur mot à dire sur le classement à l'inventaire de l'UNESCO des bords de la Garonne à Bordeaux ou de ceux du Canal du Midi? Jamais!
Par contre nous voyons une multitude d'associations venir prodiguer des conseils sur les pratiques d'élevage, sur le classement de Gavarnie, sur le Parc National des Pyrénées, sur
les équipements routiers et les aménagements des villages, etc... sans parler des grands prédateurs, notamment de l'ours. Et le pire, c'est que lorsque les citoyens et leurs élus
prennent des initiatives de développement, ces mêmes conseilleurs qui ne sont jamais les payeurs engagent des procédures judiciaires pour entraver toute évolution.
Est-ce normal?
Le droit de recours des associations écologistes doit s'arrêter là où commence le droit des populations à disposer d'elles-mêmes. Autrement dit, les excès d'organismes environnementaux décidant de tout en petit comité et sans légitimité démocratique ne pouvaient que déboucher sur une limitation - et non une suppression - de leur capacité à torpiller ou tout au moins à bloquer durablement et onéreusement des projets souvent nécessaires au développement durable et viable des régions alpines. A moins de vouloir, comme l'Office fédéral du développement territorial, centraliser l'habitat dans des pôles urbains, fussent-ils régionaux, afin de ne laisser qu'une activité résiduelle dans les zones périphériques.
Lorsqu'une population ou son Parlement ont décidé d'un projet, il doit pouvoir se réaliser. Etant entendu que le devoir de surveillance est d'abord et constitutionnellement exercé par le canton et autres instances étatiques d'ailleurs sévères quant à l'application du droit environnemental. Mais la jurisprudence touchant les paysages a évolué dans un sens tellement restrictif et idéologisé (sensibilité urbaine) que le droit s'est de facto déconnecté des réalités du terrain dans les régions touristiques. Et comme la dernière révision législative n'a pas corrigé les effets pervers du système, il faut désormais rendre un peu de la montagne aux montagnards. Sinon le droit de recours continuera à être utilisé d'abord comme un instrument de pression au bénéfice d'organismes idéologiques trop souvent désireux d'obtenir des concessions majeures.
Auteur: Vincent Pellegrini, Rédacteur en Chef adjoint du Nouvelliste.
Source: Le Nouvelliste du 4 novembre 2008
C'est l'alliance du rouge, André Chassaigne, Député (PC) du Puy de Dôme et de l'orange, Jean Lassalle, Député (MODEM) des Pyrénées-Atlantiques. Mais c'est aussi l'alliance de deux élus de terrain qui pourraient décliner "campagne" par "montagne" pour un cri du coeur commun: "Faisons des Campagnes de France une grande cause nationale!"
Les deux parlementaires partent d'un constat évident: "Depuis plus de trente ans, l'Etat, avec la dégradation de ses services publics (l'école, la poste, la maternité, les transports...), abandonne les campagnes françaises. Aujourd'hui, certains penseurs bucoliques et les adeptes de la rentabilité les transforment en réserves d'indiens. L'Etat ne porte plus une véritable politique d'aménagement du territoire et des espaces ruraux. Les agriculteurs, ruinés par des prix agricoles qui n'ont jamais été aussi bas, partent en faillite sans repreneurs, suivis par les commerçants et artisans qui ne trouvent personne à qui transmettre leur fonds de commerce ou leur savoir-faire. Les entrepreneurs désertent faute de soutien bancaire et d'infrastructures de transport dignes de ce nom. Les élus assistent impuissants à l'empilement de normes et de lois qui les paralysent et souvent au surendettement de leur commune qui bloque toute vision d'avenir."
Avec un tel catalogue, nous pouvons nous demander comment des villages parviennent à résister et à exister. Il n'y a pas si longtemps encore, nos campagnes comme nos villages de montagne "ont joué chez nous, et depuis toujours, un rôle incomparable." Pour les deux parlementaires, " Face à la situation actuelle, nous devons prendre conscience du drame des campagnes françaises, comme la nation commence à le faire avec ses banlieues malades. Il faut réinventer un pacte territorial qui redynamise nos territoires et restaure l'égalité républicaine dans notre pays. Il faut parvenir collectivement à remettre nos campagnes au premier plan et leur assigner une nouvelle mission historique, comme celle qu'on leur assigna au lendemain de la guerre, lorsque l'on dit à nos pères qu'il leur revenait de nourrir le pays et de préparer l'Europe. L'utilité des acteurs et habitants de ces territoires doit à nouveau être reconnue par la communauté nationale. Les mots et expressions d'aujourd'hui les figent, glacent l'inspiration vitale qui les animerait pourtant encore. En tout cas, les discours et les politiques publiques actuels ne parviennent plus à définir la relation de l'homme à son territoire. Il faut donc changer et de discours et de pratiques"
Tout un programme pour faire face, souvent, à un sentiment de dépossession de la part des acteurs des territoires de montagne ou de campagne. Cette mentalité qui pousse parfois les citadins, rurbain et administration à estimer que tout leur appartient, qu'ils ont droit à toutes décisions, tout pouvoir aux lieux et places de ses habitants et de leurs élus. C'est le cas en matière d'environnement, d'équipements, aménagements, etc... sans parler de la paperasserie administrative à laquelle des élus des villages ne sont pas préparés. D'où cet "appel à toutes les bonnes volontés" des deux députés "pour la rédaction collective d'une proposition de loi sur le thème: "les Campagnes de France, grande cause nationale".
Jean Lassalle et André Chassaigne considèrent " que la situation de nos campagnes devient de plus en plus désespérée et que la crise financière doit permettre une remise à plat de notre système de valeurs. "pour eux, le moment leurs semble "enfin venu, après tant d'années de silence, de porter la question de notre réalité au coeur de l'actualité et de contribuer avec nos revendications et propositions à la refondation d'une société plus humaine."
Seront-ils entendus par les autres parlementaires?
Louis Dollo, le 6 novembre 2008
Un quarteron de juristes-politiciens à la retraite prêtent leurs noms à une publicité chapeautée par le Centre Nature de la Sauge à Cudrefin. Cette publicité prône le non à la suppression du droit de recours. En passant, ces éminents juristes ne devraient pas ignorer qu'il ne s'agit pas de la suppression mais de la limitation du droit de recours.
Suspecter les parlements, ou le peuple consulté en votation populaire, de ne pas respecter les lois témoigne d'un sentiment de défiance envers nos institutions et de mépris pour les citoyens. Ce mépris ne se confine pas au seul débat d'idées. Il tient pour insignifiant, marginal l'aspect anti-économique d'un droit de recours illimité des associations de protection de l'environnement.
Ces juristes-politiciens, largement rétribués par l'Etat, ont certainement moins de soucis pour leur avenir financier et pour la sécurité de l'emploi que l'ensemble des populations de montagne. Populations périphériques soumises aux pressions de plus en plus contraignantes, égoïstes et méprisantes de tous ceux qui jugent des projets illégaux parce que décidés par de petites entités politiques, au demeurant respectueuses du droit.
Le Valais aime et aimera toujours recevoir ses hôtes dans une nature accueillante et accessible, dotée toutefois d'équipements à même de leur donner satisfaction.
Bien sûr tout loisir est laissé à ces écolos de salons de se donner bonne conscience en répondant à l'invitation de Caritas à souscrire un legs (LT du 20 octobre). Je ne résiste pas à vous livrer l'argumentation de cette publicité: "Après ma mort, je vais rénover l'étable d'un paysan de montagne valaisan." (sic) L'on aimerait tellement pouvoir blanchir à la chaux nos écuries, sans recours à la charité!
Auteur: Jean Philippoz, président du groupe radical au Grand Conseil valaisan, Leytron (VS)
Source: Le Temps du Mardi 18 novembre 2008