Les animaux comme les humains sont sensibles au stress. Qu'il s'agisse d'un animal de compagnie, un animal d'élevage ou un animal sauvage. Tout le monde sait qu'un animal d'élevage exposé au stress de manière aigue ou chronique peut notamment avoir des conséquences immunitaires. Partant de là, il n'est pas difficile d'imaginer des conséquences similaires pour les animaux sauvages notamment les ours importés de Slovénie dans les Pyrénées.
Les biologistes de la faune causent parfois du tort aux animaux qu'ils étudient, à cause de méthodes communément utilisées par les chercheurs, selon une étude qui suscite déjà la polémique au sein des milieux scientifiques.
Des ours capturés, examinés puis relâchés montrent des dommages persistants aux muscles et une diminution de poids qui vont s'aggravant avec la multiplication du nombre de captures, soutient Marc Cattet, un biologiste vétérinaire de l'Université de Saskatchewan, et principal auteur du rapport publié dans le dernier numéro du "Journal of Mammology".
On croit généralement, à tort, que la capture et la manipulation d'animaux ont des effets à court terme, mais peu d'effets à long terme, a affirmé l'universitaire, mardi.
A l'aide des données de deux différents projets d'étude sur les grizzlys et les ours noirs, en Alberta et en Caroline du Nord, M. Cattet a analysé le sang des bêtes pour y évaluer les enzymes qui sont libérés à la suite de dommages musculaires causés par des efforts intenses, le combat ou le stress. Il a notamment constaté qu'environ 70 pour cent des grizzlys capturés par des collets montraient des taux d'enzymes plus élevés que la normale, et que le même phénomène se répétait, à des degrés variables, chez les bêtes capturées par d'autres moyens.
Endoloris et ankylosés, les ours se déplacent moins. Cette perturbation semble avoir des conséquences à long terme. Leur poids diminue sous la normale, un effet encore plus marqué chez les bêtes capturées à plusieurs reprises.
Les captures multiples sont une méthode courante de recherche.
Selon M. Cattet, il est probable que les conclusions de son étude s'appliquent à d'autres mammifères fréquemment étudiés au moyen de captures et de remises en liberté, comme le caribou.
M. Cattet a déclaré avoir déjà dû faire face à de la résistance vis-à-vis de ses conclusions - même pour faire publier son étude.
Source: La presse canadienne du 18 août 2008