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Comme toujours dans ces cas-là, l’éleveur qui a subi des prédations importantes cherche à se prémunir des risques à venir. Toutes les solutions qui lui sont présentées, notamment celles qui lui sont financées comme la fourniture d’un chien de protection dit Patou, sont les bonnes. Nous pouvons le comprendre. Mais l’émotion passée, il comprendra vite que ces solutions ne sont pas spécialement efficaces et que l’efficacité n’a pas été prouvée dans les autres massifs. Mais le temps que le mensonge de l’ONCFS ne soit découvert, les mouvements écologistes se gargarisent de la réussite avant de partir à l’assaut des critiques.

La Lorraine comprendra d’ici quelques années que la Patou ne fait pas tout

- Vosges: un chien patou pour contrer le loup

Pour lutter contre les attaques à répétition des loups, un éleveur vosgien vient de se doter d’un chien de défense. C’est l’une des solutions expérimentées pour sauvegarder les troupeaux. Rencontre avec le sauveur.

Il a l’air doux comme un… agneau. Mais mieux vaut ne pas se fier aux apparences. Ce chien qui paraît si paisible quand on le voit de loin est l’arme que les Vosgiens ont trouvée pour lutter contre les loups qui sèment la terreur dans les élevages du massif depuis maintenant plus d’un an.

Dans le milieu pastoral, tout le monde connaît le patou. Ce chien de montagne des Pyrénées n’a rien à voir avec les border collie, très prisés des bergers pour guider et rassembler les troupeaux. Lui est là pour les défendre. Dans les Alpes, beaucoup d’éleveurs font appel à ses précieux services. «J’ai vu des vidéos où il repousse les assauts de trois loups», assure admiratif, son nouveau maître, Jean-Yves Poirot.

L’animal, aussi classe dans ses postures que dans ses déplacements, règne en maître sur sa parcelle de dix hectares, toute proche du col du Brabant, sur les hauteurs de La Bresse. Son pelage blanc immaculé se confond avec celui des 140 brebis et 60 agneaux que l’éleveur a placés là. Les frisettes en moins. Souvent un peu à l’écart du troupeau, il crée une zone de protection pour exercer sa vigilance, se tenant prêt à éloigner tout intrus. Passent deux randonneurs, puis deux vététistes. L’animal se lève et aboie. Mais plutôt que de se ruer vers la clôture électrique, il se rapproche instinctivement des moutons, comme pour les rassurer.

- Ne pas le défier

L’éleveur bressaud sourit. Il est le seul à pouvoir l’approcher: «Les trois premières semaines, je l’ai gardé à la maison, histoire qu’il s’habitue à moi. Mais depuis une semaine, il a rejoint le troupeau et reste avec les bêtes jour et nuit. Il est né et a grandi au milieu des moutons, n’a connu que ça, et a reçu le minimum de caresses de l’homme. C’est là qu’il est bien.» Les visiteurs sont priés de rester à distance lorsqu’il lui amène sa ration quotidienne de croquettes. En guise de remerciements, la femelle de huit mois vient lui léchouiller l’oreille. Mais quand une brebis a l’outrecuidance de s’approcher un peu trop près de la gamelle, elle montre aussitôt sa face cachée: «Il ne faut jamais le défier du regard, il prend cela comme un défi. Et si on le sent énervé, il vaut mieux bailler, cela le détend.» Incollable sur la question, Jean-Yves Poirot a posé des panneaux d’avertissements pour prévenir les promeneurs.

«Pas question de vous donner son nom. Je n’ai pas envie que tout le monde vienne l’appeler», lâche le propriétaire, qui le couve comme son bébé. «Je l’ai acheté dans une ferme sur le territoire de Belfort pour 490 €. La préfecture me le finance à hauteur de 80 % dans le cadre des mesures de protection expérimentales mises en place», confie l’éleveur. Au bout du rouleau à l’automne dernier, l’éleveur vosgien le plus touché – «45 ou 48 pertes, je ne sais plus» – retrouve le sourire: «Ce chien, c’est peut-être mon sauveur. À mon sens, c’est la seule solution valable pour préserver nos troupeaux.»

Il vient pourtant de retrouver le matin même deux de ses bêtes dévorées. Mais sur une autre parcelle, sans surveillance. Hier matin, un animal a aussi été retrouvé dépecé dans le champ voisin, où paissent les brebis esseulées du lycée agricole de Mirecourt. La semaine dernière, c’est un bélier qui a été dévoré à 2 km de là. Comme si les loups avaient déjà commencé à contourner le problème…

Auteur: Philippe Marque
Source: Le Républicain Lorrain du 08/06/2012